Moins d’un an après un mouvement de colère sans précédent dans les campagnes, les principaux syndicats agricoles ont appelé leurs troupes à manifester à nouveau à partir de ce lundi. En cause : la potentielle signature lors du G20 au Brésil de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur.
Alors que les premiers rassemblements ont eu lieu dimanche, ce lundi marquera le véritable début de la mobilisation du secteur agricole. Frappés par de mauvaises récoltes et l’émergence de maladies animales, les agriculteurs déplorent le retard dans la mise en œuvre de certains des 70 engagements pris l’hiver dernier par le précédent gouvernement pour apaiser leur colère. Ils se mobilisent également contre l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, que la Commission européenne souhaite signer avant la fin de l’année.
Les syndicats agricoles français sont catégoriquement opposés à ce texte négocié depuis des décennies entre l’UE et cinq pays d’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie). Ils craignent de payer le prix d’une concurrence qu’ils jugent déloyale, au détriment de la souveraineté alimentaire européenne. Pour s’y opposer, « près de 82 actions ont été identifiées et prendront forme dès cet après-midi et se poursuivront demain, et jusqu’à mardi », a déclaré dimanche le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. Voici les mesures annoncées par les Fédérations.
Des barrages filtrants mis en place
Si les premiers tracteurs se sont déplacés vers les Yvelines au niveau de la base aérienne de Vélizy-Villacoublay, non sans perturber la circulation sur la RN 118, la plupart des mouvements auront lieu à partir de ce lundi sur l’ensemble du territoire. Les routes seront ainsi bloquées dès 8 heures du matin dans le Vaucluse ou dans les Landes, mais les emplacements précis n’ont pas été communiqués pour préserver l’effet de surprise. Les agriculteurs varois se retrouveront également ce lundi matin dès 8 heures dans différents lieux du département, pour converger vers le rond-point autoroutier du Cannet-des-Maures qu’ils comptent bloquer.
Dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, la FDSEA et la JA ont rencontré les agriculteurs à 18 heures au rond-point étoile de Digne-les-Bains. En Haute-Garonne, les agriculteurs comptent bloquer les camions étrangers sur les axes stratégiques. Des barrages filtrants sont attendus lundi dans plusieurs communes de l’Isère entre 15 heures et 22 heures. Dans les Pyrénées-Orientales, comme lors de la mobilisation de l’hiver dernier, la Coordination rurale appelle à des blocages sur l’autoroute A9 mardi au péage du Boulou, à la frontière espagnole. .
Dans les Ardennes, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs prévoient d’installer dès 10 heures des barrages filtrants à la frontière avec la Belgique. Ils prévoient de contrôler les camions entrant en France pour débusquer d’éventuels produits non conformes aux normes européennes. La Coordination rurale du Lot-et-Garonne, à l’origine du convoi de dizaines de tracteurs du sud-ouest vers le marché de Rungis fin janvier, menace de bloquer le fret ferroviaire à partir du mercredi 20 novembre, s’il n’y a pas d’intervention « forte et décision immédiate de l’État » d’ici là.
En Dordogne, les tracteurs convergeront vers Périgueux, devant la préfecture du département. Dans la Loire, plusieurs convois sont au programme : à Roanne à la sous-préfecture lundi, à Montbrison à la sous-préfecture le lendemain et à Saint-Étienne à la préfecture mercredi. En Saône-et-Loire, une mobilisation aura lieu à Mâcon, sur le rond-point de l’Europe, à partir de 19 heures. Dans l’Aube, une action de blocage aura lieu à Troyes, sur le rond-point de l’Europe, ce lundi à 18h30. Dans la Marne , les tracteurs convergeront vers Châlons-en-Champagne, et les premiers ralentissements routiers sont attendus à 14 heures ce lundi.
La FDSEA de Seine-Maritime a annoncé une manifestation d’ampleur ce lundi au Havre, où les tensions avaient déjà été nombreuses lors du mouvement agricole l’hiver dernier. Dans les Deux-Sèvres, les agriculteurs mobilisés prévoient des rassemblements ce lundi à Niort et Echiré et une opération escargot mardi, selon la Nouvelle République. Dans le Tarn, deux grands ronds-points à Castres et Albi sont déjà visés ce lundi et mardi. Dans le Lot, des rassemblements devant la préfecture et les sous-préfectures sont prévus ce lundi à Figeac, Gourdon et Cahors.
En Mayenne, des agriculteurs bloqueront le pont de l’Europe à Laval à partir de 15h30. « Un feu de colère s’allumera le soir », annoncent-ils également. Des actions sont également prévues ce lundi au Mans, dans la Sarthe. Pour l’instant, les organisateurs n’envisagent pas de bloquer les routes. Côté marseillais, les syndicats estiment “ne pas avoir été entendus, ne pas avoir eu les réponses aux questions posées” et annoncent une mobilisation en fin d’année pour “faire bouger le gouvernement”, a déclaré Laurent Israélian, secrétaire général du syndicat. FNSEA des Bouches-du-Rhône.
Des mobilisations « surprises »
Dans les autres départements, les agriculteurs ne veulent pas dévoiler quelle forme prendra leur mobilisation ce lundi. Dans le Doubs et le Territoire de Belfort, les syndicats restent très évasifs. D’autres organisations mènent leurs propres actions, sans s’aligner totalement sur le calendrier FNSEA/JA, alors que se tiennent les élections professionnelles agricoles en janvier.
La Coordination rurale, deuxième syndicat représentatif, promet « une révolte agricole » à partir du 19 novembre. Le syndicat minoritaire Confédération paysanne, de son côté, a déjà participé mercredi dernier à plusieurs manifestations anti-Mercosur, seul ou avec d’autres organisations : dans le quartier européen de Bruxelles, devant le ministère français de l’Économie à Paris et en Aveyron. .
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