Il s’agit d’un dernier baroud d’honneur contre les dernières conséquences de la loi « pour un nouveau pacte ferroviaire » votée en 2018, au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, et surtout contre l’ouverture du ferroviaire à la concurrence. Les quatre syndicats de la SNCF appellent à la grève jeudi 21 novembre et envisagent de reconduire le mouvement à partir du 11 décembre au soir.
La loi de 2018 a certes réduit la dette de la SNCF de 35 milliards d’euros, mais elle a aussi transformé l’établissement public industriel et commercial de la SNCF en société anonyme (SA). Cette « SA », détenue à 100 % par l’État, est elle-même actionnaire d’une multitude de sociétés, dont Fret SNCF, toutes gérées de manière indépendante.
Pour la CGT, l’UNSA, SUD Rail et la CFDT, ce «balkanisation» d’un groupe autrefois fort et unifié affaiblit sa cohésion et son engagement sur le terrain. “Nous nous mobilisons pour l’intérêt collectif”assure Thomas Cavel, secrétaire général de la CFDT Cheminots.
Pourtant, ils savent qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Le mouvement de libéralisation s’accélère : le 15 décembre, les cheminots travaillant pour les premières lignes TER ouvertes à la concurrence seront transférés dans de nouvelles filiales, créées pour l’occasion, y compris lorsque la SNCF a remporté le marché. Le 1est Janvier 2025, les salariés de Fret SNCF seront transférés dans deux nouvelles entités.
Aides d’État illégales
Cette entreprise de 5 000 cheminots, leader du transport ferroviaire de marchandises en France, est contrainte de se transformer, non pas à cause de la loi de 2018, mais à cause de la direction de la concurrence de la Commission européenne. Elle l’accuse d’avoir reçu 5,3 milliards d’euros d’aides d’État illégales entre 2007 et 2019 et peut l’obliger à les rembourser. Pour éviter cela, l’État et la direction du groupe ont décidé de réduire Fret SNCF de 20 % de son chiffre d’affaires, laissé à ses concurrents, et de la diviser en deux entités au 1est Janvier 2025 : Hexafret, 4 000 personnes, qui reprendra les activités fret, et Technis, 500 personnes, qui proposera un service de maintenance des locomotives. Leur capital pourrait être ouvert à un actionnaire privé, la SNCF restant majoritaire.
« Les 500 personnes qui n’ont été reprises ni par Hexafret ni par Technis se sont toutes vu proposer une solution au sein du groupe »insiste la direction de Fret SNCF. Il assure également qu’à partir de 2025, Hexafret aura retrouvé, par croissance interne, le chiffre d’affaires de Fret SNCF. Et qu’elle aura moins de dépenses à payer puisque c’est la société tête de groupe SNCF qui financera la cotisation complémentaire au régime spécial de retraite des cheminots, soit 12% de la masse salariale (18 millions à 20 millions d’euros chaque année). . Hexafret bénéficiera ainsi des mêmes conditions que ses concurrents privés.
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