Écrit par Catherine Léhé
Originaires de Narbonne, Perpignan, Béziers, Montpellier ou encore Toulouse, des intérimaires recrutés par une entreprise spécialisée dans les catastrophes climatiques sont arrivés à Valence en Espagne pour dégager une zone commerciale. L’appel à candidatures a suscité un grand nombre de réponses. Ziad témoigne de l’étendue des dégâts.
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“On ne se sent pas comme des soldats contre toute cette boue, toute cette eau !”dit Ziad Allaya. Cela fait cinq jours qu’il est arrivé à Valence en Espagne, ville dévastée par des inondations fin octobre, qui ont causé la mort de 217 personnes selon un bilan encore provisoire.
Ce Narbonnais (Aude) fait partie de la quarantaine d’intérimaires embauchés suite à la publication de plusieurs annonces d’agences d’intérim dans les départements de l’ancienne région Languedoc-Roussillon et même en Haute-Garonne. Recruté comme conducteur d’engin de chantier pour nettoyer un centre commercial situé à Alfafar, Ziad est impressionné par ce qu’il découvre.
« Lorsque nous sommes arrivés mardi soir (NDLR : 12 novembre 2024) au centre de Valence, nous n’avons rien vu des dégâts. Ensuite, ils nous ont emmenés dans la zone sinistrée, il décrit. J’ai regardé beaucoup d’actualités et de vidéos avant de partir. C’est bien plus impressionnant que ce qu’on voit à la télé !
On voit que par endroits l’eau et la boue ont atteint 1,80 m de hauteur, tout le monde est concerné, même les concessionnaires automobiles. On dirait une zone de guerre !
Ziad, de Narbonne, parti en mission temporaire pour faire le ménage à Valence
Bien qu’il n’ait pas encore conduit d’engin, Ziad et ses collègues de Montpellier, Nîmes, Perpignan, Béziers et Toulouse, travaillent à nettoyer tant bien que mal 8 heures par jour. “Avec des pelles, des raclettes, on désencombre, on remplit la brouette.” Payé 12 euros brut de l’heure, Ziad ne voulait pas rester les bras croisés.
C’est un pays que je connais et où je viens en vacances depuis toute petite, j’y suis attaché et j’adore l’Espagnol. Je ne pouvais pas rester les bras croisés.
Ziad Allaya, de Narbonne parti en mission temporaire pour faire le ménage à Valence
Le Narbonnais n’en est pas à sa première expérience post-catastrophe. Enfant, il se souvient avoir porté secours à son père aux victimes des inondations qui ont touché l’Aude en 1999. Ce père de trois enfants, âgés de 36 ans, va séjourner un mois à Valence. Et plus encore si la mission est prolongée. «Chaque jour, ça s’améliore. Il y a au moins 200 personnes dans la zone commerciale où nous travaillons, il y a des gens qui viennent de toute la France, mais aussi d’Allemagne, embauchés par d’autres entreprises. Ce samedi matin, nous avons vu arriver de gros bus avec des Espagnols encadrés par la police, qui étaient venus en renfort.
Hébergés par l’entreprise qui les emploie, les intérimaires français ne passent pas inaperçus auprès de la population. « Les Espagnols semblent assez fiers et heureux que les Français viennent les aider. Mais les gens sont dévastés. » dit Ziad.
Egalement touchée au cœur par le drame vécu par les Espagnols, Pilar Baris, 50 ans, n’a pas été choisie pour partir. Et pour cause, seuls des hommes ont été recrutés cette fois-ci. Ce Perpignanais, ancien agriculteur en reconversion, a de la famille juste de l’autre côté de la frontière. « Nous aimerions qu’il fasse la même chose pour nous si cela nous arrivait. Si nous pouvons leur donner un peu d’énergie… »
Pilar sera peut-être l’une des prochaines convoquées. Interim Nation, qui a diffusé la publicité début novembre, a été inondée d’appels et de candidatures. “On a vraiment été inondés d’appels de toute la France, et c’est vraiment par solidarité”assure Delphine Gard, directrice du secteur Occitanie au sein du groupe Belvedia.
Le recrutement intérimaire pour une entreprise spécialisée dans la gestion des catastrophes climatiques s’est déroulé en une journée, vendredi 8 novembre. Il a donc été rapidement bouclé comme l’a posté l’agence sur son compte Linkedin.
Si une quarantaine de personnes ont été embauchées, les autres candidatures sont conservées. “Nous listons le nombre de personnes intéressées en cas de besoins supplémentaires.” Car de nouveaux intérimaires pourraient arriver en Espagne d’ici quelques jours.
Ces inondations intenses, conséquence du changement climatique, font aussi réfléchir Ziad et Pilar à l’arrivée d’un tel chaos en France. « Je ne suis pas inquiet car il y a déjà eu des inondations à Perpignan il y a trois ou quatre ans, des gens passaient en barque devant mon immeuble ! Pilar se souvient. Mais nous avons plus de terres. Avec ce nouvel épisode en Espagne, je me suis demandé ce que je pouvais sauver ? On peut tout perdre, surtout les souvenirs, les photos auxquelles nous sommes si attachés ! « Je sentais que nous allions devoir faire face à des changements sans précédent. Nous sommes tellement habitués à notre confort que nous n’oublions pas que cela peut aussi nous arriver », conclut Ziad.
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