Le tapis rouge sera-t-il sorti ? Emmanuel Macron est attendu ce samedi 16 novembre en Argentine pour rencontrer le président ultralibéral Javier Milei, admirateur de Donald Trump. Le président français espère « rattacher » son homologue au « consensus international » à la veille du G20 au Brésil. Son arrivée est prévue en fin de journée à Buenos Aires, où il sera reçu pour un dîner en tête-à-tête avec Javier Milei. Ils reprendront la parole dimanche.
Le moment n’est pas choisi au hasard. Javier Milei revient tout juste de Mar-a-Lago, en Floride, où il a rencontré le président élu des États-Unis. Les deux hommes ont en commun une politique de coupes nettes dans les dépenses publiques, que Donald Trump veut mettre en œuvre dès son retour à la Maison Blanche en janvier, et que l’Argentin, qui se décrit comme un « anarcho-capitaliste », pratique depuis qu’il est arrivé au pouvoir il y a onze mois. Tous deux nourrissent également l’idée de tourner le dos aux grands accords et objectifs multilatéraux sur le climat. “Macron demandera à Milei de ne pas adopter la vision du monde de Trump”, écrit le quotidien anglophone Horaires de Buenos Aires.
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Dans ce contexte, Emmanuel Macron se présente comme un émissaire de l’Europe, espérant « surmonter » les « divergences », notamment environnementales, pour « convaincre l’Argentine de continuer à participer au consensus international », souligne l’Elysée. Et donc « relier le président Milei aux priorités du G20 », auquel ils participeront lundi et mardi à Rio de Janeiro, avant qu’il ne soit trop tard… Car l’Argentine vient de retirer sa délégation des négociations sur le climat de la COP29, Bakou (Azerbaïdjan) , et les spéculations vont bon train sur sa possible sortie de l’Accord de Paris sur le climat. Un geste que Donald Trump lui-même a fait lors de son premier mandat. “Aucune décision n’a encore été prise”, a assuré jeudi le ministre des Affaires étrangères de Milei, Gerardo Werthein, au quotidien américain. New York Times.
Un test pour l’influence d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron est l’un des seuls dirigeants étrangers reçus à Buenos Aires depuis l’élection de son homologue. Saura-t-il, grâce à son expérience des milieux internationaux, exercer une influence sur Javier Milei, dont ce sera le premier sommet du G20 ? Ce déplacement est en tout cas l’occasion pour le président français d’afficher sa capacité à dialoguer avec des interlocuteurs controversés, voire ostracisés. Et d’oublier quelques revers diplomatiques et succès mitigés. “Ce sera un test du poids et de l’influence de Macron en Amérique latine”, a déclaré à l’AFP Oscar Soria, militant argentin et vétéran des négociations climatiques. “S’il ne parvient pas à convaincre Milei de rester dans l’Accord de Paris, cela montrera qu’il a perdu son aura dans la région”, ajoute-t-il, craignant que cela n’ouvre la voie à d’autres retraits “en cascade” des pays d’Amérique du Sud.
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La visite du président français passe quasiment inaperçue dans les médias locaux. À commencer par la vie quotidienne argentine Claironqui préfère parler de la rencontre entre Javier Milei et l’acteur américain Sylvester Stallone lors d’un gala organisé par Donald Trump. Même indifférence dans les pages de La Nation. Dans un article dédié, le journal conservateur évoque « un agenda potentiellement conflictuel » entre les deux chefs d’Etat, mentionnant l’opposition d’Emmanuel Macron à la signature d’un accord de libre-échange entre le Mercosur, dont le Brésil et l’Argentine, et l’Union européenne. Les médias argentins rappellent aussi le climat tendu en France, marqué par la colère des agriculteurs.
Mais dans le domaine commercial, les deux chefs d’État devraient parler le même langage. Si les réformes forcées pour ramener Buenos Aires vers l’équilibre budgétaire et tenter de sortir d’une profonde crise économique sont très controversées, la France se montre plutôt élogieuse, jugeant qu’elles « vont dans la bonne direction ». De son côté, Paris souhaite intensifier ses relations avec l’Argentine dans le domaine des métaux critiques, alors qu’Eramet vient d’inaugurer une mine de lithium en Argentine.
Des contrats juteux en perspective
Selon Ariel González Levaggi, du Conseil argentin des relations internationales, Emmanuel Macron devrait également profiter de sa visite pour avancer sur l’éventuelle vente des sous-marins français Scorpène, même si la présidence française relativise l’avancée des négociations. “L’Argentine ne dispose actuellement d’aucun sous-marin opérationnel et pour la marine argentine, c’est une priorité”, explique-t-il à l’AFP, tout en soulignant que Buenos Aires doit “surmonter un problème de financement”.
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Dimanche, Emmanuel Macron rendra également hommage à la vingtaine de Français disparus et assassinés sous la dictature militaire argentine entre 1976 et 1979, tandis que Javier Milei est régulièrement accusé par ses détracteurs de révisionnisme sur cette page sombre de l’histoire de l’Argentine. son pays.
Après l’Argentine, puis le G20, Emmanuel Macron se rendra au Chili, où il prononcera jeudi devant le Congrès de Valparaíso un discours majeur sur sa politique à l’égard de l’Amérique latine, 60 ans après la visite du général Charles de Gaulle. « Celui qui fut le premier président de la Ve République – qu’il a lui-même fondée en 1958 – a ensuite passé trois semaines à parcourir pratiquement tout le sous-continent », se souvient avec nostalgie. La Nation.
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