Dans les fermes françaises, son nom fait trembler. Encore en négociation dans les bureaux de la Commission européenne, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) n’est pas adopté. Déjà durement touchée par les crises à répétition, la profession agricole française n’en veut pas.
La bonne nouvelle, c’est qu’elle n’est pas seule dans son combat. Après le Premier ministre Michel Barnier, qui a estimé mercredi que l’accord n’était « pas acceptable », c’est au tour de son ministre de l’Agriculture de procéder à une ingénierie inverse du traité commercial très critiqué. « Nous verrions arriver ici une quantité de production qui concurrence la nôtre même si elle ne respecte pas les règles imposées à nos propres agriculteurs. Et certainement à moindre prix car les conditions de production sont infiniment moins contraignantes. C’est une concurrence déloyale», a déclaré le ministre dans une interview à Télégramme.
Manifestations à partir de lundi
Depuis sa nomination en septembre par Michel Barnier, Annie Genevard s’emploie à tenter de rassurer les agriculteurs, qui ont appelé à manifester à partir de lundi. Le projet était déjà vaste avant que l’accord avec le Mercosur n’arrive sur la table. Négocié depuis plus de vingt ans, ce projet d’accord prévoit des quotas d’importation dans l’Union européenne sans droits de douane ou à taux réduits pour le bœuf, la volaille, le sucre, le maïs et même l’éthanol (qui peut être dérivé du sucre et du maïs).
Ces secteurs seraient « en grande difficulté » si le traité était approuvé par l’Union européenne. « Ce que je reproche aux accords de libre-échange, c’est qu’ils font trop souvent de l’agriculture une variable d’ajustement. Ce sont souvent les mêmes filières qui sont concernées : la viande bovine, la viande plus généralement. Ce sont toujours les mêmes qui paient le prix du libre-échange. Ce n’est pas possible”, a dénoncé l’ancien député LR du Doubs.
“La position de la France n’est pas partagée par la majorité”
La question qui se pose est plutôt de savoir quel impact peut avoir la voix de la France au sein de l’UE. Car en s’opposant à l’accord avec le Mercosur, c’est avant tout son agriculture que notre pays veut protéger, pas celle de l’Europe. « Il est vrai que la position de la France n’est pas partagée par la majorité au niveau de l’Union européenne. Mais cela n’est pas aussi évident dans un certain nombre de pays, qui pourraient rejoindre la position française et constituer une force de veto supplémentaire. Rien n’est sûr mais nous y travaillons avec beaucoup d’énergie”, a promis le ministre. Télégramme.
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Pour tenter d’apaiser la profession, le ministre a également promis des prêts pour consolider la trésorerie des exploitations les plus fragiles. Annie Genevard a également indiqué que le projet de loi agricole annoncé en 2022 serait « le premier à être examiné en janvier » au Sénat. De quoi s’agira-t-il ? Sans doute un allègement des restrictions d’utilisation des produits phytosanitaires. Une option réclamée par le principal syndicat FNSEA mais qui fait hurler la filière bio. « Il ne faut pas être radical dans nos attitudes et imaginer des combinaisons de solutions, sans fermer la porte à des expérimentations effectivement mises en œuvre chez nos voisins européens », a rappelé le ministre.
Le projet de loi prévoit notamment « des dispositions visant à dépénaliser les dommages involontaires à l’environnement ». Ce qui ne manquera pas de provoquer une réaction.
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