Nathalie Bajos, sociologue (Inserm-EHESS), et Armelle Andro, démographe (Université Paris-1), font partie de l’équipe de recherche qui a rendu public, mercredi 13 novembre, les premiers résultats de l’enquête sur « contexte des sexualités en France » (Inserm, ANRS-Maladies Infectieuses). C’est la quatrième du genre, après les éditions de 1970, 1992 et 2006. Fruit de cinq années de travail, elle s’appuie sur les réponses de plus de 31 500 personnes âgées de 15 à 89 ans, interrogées, entre novembre 2022 et décembre 2023. , sur leurs pratiques, leurs représentations et leurs trajectoires sexuelles – entre autres. Parmi les milliers de réponses recueillies, les deux experts livrent leurs premières analyses sur les mutations de « paysage sexuel »qui s’oriente vers un « une plus grande égalité entre les sexes et les sexualités »même si, tempèrent-ils, « inégalités, violences et discriminations » persister.
Près de vingt ans nous séparent de la précédente enquête sur les sexualités en France. Qu’est-ce qui caractérise celui-ci ?
Nathalie Bajos : L’un des résultats les plus frappants est ce que l’on pourrait décrire comme « paradoxe contemporain de la sexualité ». Elle se caractérise par une diversité croissante des pratiques sexuelles et des partenaires, en même temps qu’une moindre intensité de l’activité sexuelle. On a par exemple, d’une part l’extension des répertoires sexuels (comme le recours plus fréquent à la masturbation, à la pénétration orale, anale), un nombre croissant de partenaires, des pratiques qui s’étendent dans les espaces numériques et, d’autre part, une certaine nombre d’indicateurs en baisse, comme la fréquence des rapports sexuels – moins marquée chez les personnes en couple. Pour résumer : plus de diversité mais moins d’intensité.
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Armelle Andro : La fréquence des rapports sexuels a diminué au fil du temps pour les deux sexes et dans toutes les tranches d’âge : les personnes ayant eu des rapports sexuels au cours de l’année déclarent en moyenne 6 rapports au cours des quatre dernières semaines. pour les femmes, 6,7 pour les hommes – contre respectivement 8,6 et 8,7 en 2006. Et pourtant, la satisfaction sexuelle ne diminue pas ; au contraire, il est en légère augmentation. Et les femmes se disent toujours un peu plus satisfaites que les hommes. En 2023, 45,3% des femmes et 39% des hommes déclarent « très satisfait » de leur vie sexuelle.
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