Le président du RPPRAC a été arrêté mardi 12 novembre pour avoir pénétré dans l’enceinte de la résidence du préfet de l’île afin de rencontrer le ministre de l’Outre-mer. Dans la foulée, des tensions ont éclaté autour du commissariat de Fort-de-France et dans plusieurs quartiers.
Comme souvent en Martinique, tout est parti d’une vidéo, tournée au téléphone, mardi 12 novembre, dans un quartier de Fort-de-France. On y voit Rodrigue Petitot, le leader du RPPRAC, l’organisation à l’origine du mouvement contre la vie chère, bob rouge sur la tête et t-shirt de la même couleur dans le dos, escorté par cinq policiers avec visages cagoulés. . Dans une autre, on le voit ensuite placé de force à l’arrière d’une voiture banalisée, le tout sous les invectives d’une dizaine de personnes. Les vidéos se sont répandues comme une traînée de poudre, largement partagées dans les boucles WhatsApp et sur les réseaux sociaux. Et avec elle, une information, vécue comme un choc sur l’île : le « R », comme tout le monde l’appelle en Martinique, a été interpellé.
Dans l’après-midi, le parquet de Fort-de-France a confirmé l’arrestation et le placement en garde à vue de Rodrigue Petitot après une plainte pour violation de domicile et faits d’intimidation contre des personnes exerçant la fonction publique. Concrètement, il lui est reproché d’être entré la veille avec plusieurs membres du RPPRAC dans la résidence préfectorale du quartier huppé Didier de Fort-de-France. Une intrusion dont le but était d’obtenir un entretien avec le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, actuellement en visite en Martinique.
Sur des extraits d’un live TikTok diffusé lundi soir, on voit d’abord Rodrigue Petitot discuter avec les policiers qui bloquent l’accès à la résidence, puis finalement être apparemment autorisé à passer avec quelques personnes. Sur d’autres, on le voit discuter de manière très véhémente avec le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier. La conversation tourne à la cacophonie, à celui qui crie le plus fort, et les membres du RPPRAC sont finalement escortés vers la sortie.
Le préfet Jean-Christophe Bouvier a jugé l’attitude du collectif « inacceptable, inimaginable, intolérable ». Mardi matin, en marge d’un point avec les différentes parties ayant négocié l’accord pour baisser les prix d’une partie des denrées alimentaires (le RPPRAC avait quitté les négociations en cours de route), François-Noël Buffet en a remis une couche. “La situation et le comportement de la nuit dernière ont mis fin à cette possibilité” une rencontre avec le RPPRAC “au moins temporairement”a déclaré le ministre à une poignée de journalistes. « Je n’ai aucune difficulté à être l’interlocuteur d’un certain nombre de personnes, même s’il y a une condition à cela, la première c’est qu’on se respecte. Et que nous ne commettons pas de délits pour forcer des décisions et, dans les circonstances, pour forcer le passage.»
Barrage et rassemblement
Après l’arrestation de Rodrigue Petitot, la secrétaire du RPPRAC, Aude Goussard, a fait part de sa crainte au micro de la radio locale RCI “une nouvelle nuit de perturbations qui relèvera de la responsabilité du préfet et du ministre”. Dans la soirée, une centaine de personnes se sont rassemblées devant le commissariat de Fort-de-France pour réclamer sa libération. Plusieurs gendarmes, placés autour du commissariat, ont essuyé des tirs de grenades, de mortiers et d’armes à feu. Trois d’entre eux ont été blessés lors des affrontements.
D’autres incidents ont eu lieu dans la nuit. Un barrage routier a été érigé dans le quartier Sainte-Thérèse où Rodrigue Petitot dit habiter. Plusieurs arbres ont également été brûlés dans le centre de Fort-de-France. Sur WhatsApp, une liste d’endroits à bloquer “demain et dans les jours à venir” circule et appelle à “soutenir” ou à «pour honorer le R» multiplier.
Après deux mois de manifestations et de blocages visant notamment les différentes grandes enseignes de la distribution en Martinique, le RPPRAC s’est envolé il y a une dizaine de jours pour la France pour exporter le mouvement à Paris. Après deux manifestations dans la capitale, les 3 et 10 novembre, Rodrigue Petitot et d’autres figures du mouvement sont rentrés lundi en Martinique pour accompagner la visite du ministre. Il leur reste encore deux jours pour rencontrer François-Noël Buffet qui doit quitter l’île jeudi en fin de journée.
Pour tenter d’éteindre l’incendie, le ministre a également rappelé mardi que l’accord négocié entre la grande distribution et les élus, qui doit permettre une réduction de 20 % du prix d’environ 6 000 produits en Martinique et en Guadeloupe, entrera en vigueur à partir de janvier. 1er 2025.
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