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« Si les pays arabes et musulmans étaient sur la même longueur d’onde, ils auraient pu réagir depuis longtemps »

Commentaires recueillis par Richard Godin

Publié le 12 novembre 2024 à 17h50

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Devant, de gauche à droite : le prince héritier du Koweït, Sabah al-Ahmed al-Sabah, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Bin Salman, le vice-premier ministre des Émirats arabes unis, Mansour bin Zayed Al Nahyan, l’émir du Qatar Tamim Bin Hamad al -Thani et le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan lors d’un sommet à Riyad, en Arabie Saoudite, le 11 novembre 2024. ABDULLA AL-NEYADI / AFP

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Entretien Réunis lundi en Arabie Saoudite, les dirigeants des pays arabes et musulmans ont appelé Israël à se retirer des territoires occupés pour parvenir à une paix « globale » au Moyen-Orient. Des déclarations sans grande portée, juge le politologue Antoine Basbous.

Après l’échec d’un premier sommet en 2023, Riyad a réuni lundi 11 novembre les dirigeants des pays arabes et musulmans. Dans une déclaration commune, ils ont non seulement appelé à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban, mais ont également appelé Israël à complètement se retirer des territoires arabes qu’il occupe afin de parvenir à la paix. “mondial” au Moyen-Orient.

Ce sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique, organisé par l’Arabie saoudite, poids lourd de la région, représenterait une opportunité pour ses participants de définir leurs attentes à l’égard de la future administration du président élu américain Donald Trump. Cela pourrait-il avoir un impact sur l’avenir de la région ? Réponse d’Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes et partenaire de Forward Global.

En plus d’appeler à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban, les dirigeants arabes ont appelé Israël à se retirer des territoires occupés (Cisjordanie, Jérusalem-Est et Golan syrien) et ont appelé à la création d’un État palestinien pour parvenir à un accord « global ». la paix au Moyen-Orient. Ce poste est-il nouveau ? Est-ce que cela peut avoir un impact ?

Cette rencontre, qui a lieu un an jour pour jour après la précédente, n’a pas beaucoup de portée. Les participants se contentent de faire des déclarations afin de ne pas pouvoir être blâmés pour leur inaction. La référence est toujours le sommet arabe de Beyrouth en 2002, où un plan de paix arabe a été présenté. Peuvent-ils dire moins que demander à Israël de se retirer des territoires occupés ? Non. N’auraient-ils pas pu évoquer la création d’un État palestinien ? Non, c’est une litanie. La preuve : il y a deux mois, l’Arabie saoudite avait déjà annoncé une coalition pour œuvrer à la création d’un État palestinien…

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Il n’y a pas vraiment de changement. Ce sont des éléments de langage qui ne sont pas coercitifs. En 1973, pendant la guerre du Kippour, les pays arabes exportateurs de pétrole ont réduit leur production en signe de protestation. Là-bas, il n’y a aucune menace et les États-Unis sont devenus exportateurs d’hydrocarbures. Entre le sommet de 2023 et celui de lundi, le nombre de morts à Gaza est passé d’environ 4 000 à 43 000. Si les pays arabes et musulmans étaient vraiment sur la même longueur d’onde et voulaient faire quelque chose pour remédier à la situation actuelle, ils auraient pu réagir beaucoup plus tôt.

Quels sont les désaccords entre pays arabes et musulmans ?

Après l’échec majeur du retrait américain d’Afghanistan, qui a marqué leur désintérêt pour la région, les alliés arabes des États-Unis ont eu peur de l’insécurité et se sont divisés en deux groupes. Certains Arabes ont cherché à entretenir une relation multipolaire en se rapprochant notamment de la Chine, qui s’approvisionne principalement en pétrole dans le Golfe. L’espoir était alors que les Chinois garantiraient la paix dans la région grâce à des intérêts économiques communs. Une autre partie des Arabes considérait Israël comme un remplaçant aux États-Unis, d’où les accords d’Abraham. Mais ils ont pris une douche froide le 7 octobre 2023 lorsqu’ils ont constaté que l’État juif n’était pas capable de se défendre dans son propre sanctuaire – alors comment défendre ses alliés à plus de mille kilomètres de distance ?

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Autre désaccord : contrairement à l’Iran et à ses alliés, aucun des deux partis n’a soutenu ou ne soutiendra le Hamas ou le Hezbollah. C’est pourquoi, au début de la guerre à Gaza, ils ont fait le service minimum en termes de soutien pour que leur opinion publique ne se retourne pas complètement contre eux, mais sans jamais manifester de soutien aux milices islamistes. Par ailleurs, il y a aussi le Qatar qui a financé et hébergé le Hamas, souvent à la demande de Washington et de Tel-Aviv. Il n’y a donc pas de « point de vue arabe », mais des points de vue à géométrie variable, selon les pays.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a qualifié l’Iran de « République sœur ». Pourquoi l’Arabie saoudite se rapproche-t-elle de la République islamique ? Quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur la région ?

L’un des enseignements de cette séquence diplomatique est que l’Iran est épargné. On a eu la visite du chef d’état-major de l’armée saoudienne à Téhéran, la réception du vice-président de la République iranienne par Mohammed ben Salmane… Il y a des gestes d’apaisement envers l’Iran, tout en critiquant ce pays en raison de son soutien au Hamas. , le Hezbollah ainsi que les milices irakiennes et les Houthis qui harcèlent régulièrement l’Arabie saoudite.

Dans la mesure où Riyad ne veut pas s’aligner sur les adversaires de Téhéran pour ne pas subir ses réactions violentes, le royaume joue à l’apaisement. L’Arabie saoudite a un programme qui peut se résumer en un mot : modernisation et investissements étrangers. Mais cela ne peut se faire qu’en cas de paix. Cela nécessite une pacification régionale, alors que les sanctions des États-Unis et les menaces d’Israël n’ont toujours pas porté leurs fruits. L’Arabie saoudite ne va pas sacrifier ses relations de voisinage pour des chimères.

Commentaires recueillis par Richard Godin

 
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