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Françoise d’Eaubonne, pioneer of ecofeminism

Avec plus de 80 romans et essais publiés tout au long de sa vie, Françoise d’Eaubonne a marqué son époque par une écriture abondante et des idées aussi radicales qu’avant-gardistes. Mais elle, qui a participé à tous les combats de son temps et qui a devancé ceux du nôtre, ne s’est pas contentée d’écrire ! Françoise d’Eaubonne était aussi une fervente militante qui combattit beaucoup auprès de différents mouvements (MLF, FHAR entre autres), le plus souvent clandestins.

« C’est une force de la nature, une sorte de chaos primordial qui devient extraordinairement fécond mais qui ne s’ordonne pas. Elle a toujours été à la fois radicale et profondément pacifiste, humaniste. Marie-Jo Bonnet about Françoise d’Eaubonne

Développement de l’écoféminisme et débuts de l’écologie politique

Dans un contexte de crise pétrolière et de prise de conscience autour de la destruction de la planète et de l’exploitation des ressources, Françoise d’Eaubonne a su catalyser de nouvelles idées sur l’écologie pour faire naître l’écoféminisme. Son « trait de génie » selon Marie-Jo Bonnet est d’avoir fait le lien entre domination de la nature et domination des femmes.

Lors d’une réunion du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), elle entend son camarade Alain Fleig expliquer que « Le problème de la révolution passe au second plan derrière l’urgence écologique» et confie à son amie Marie-Jo Bonnet qu’il lui a fallu un an pour comprendre cette formule et saisir l’urgence écologique !

La pensée de Françoise d’Eaubonne se concrétise en 1974 lorsqu’elle publie Le féminisme ou la mort et lancé le mouvement écoféministe dont l’appel paraîtra la même année dans Charlie Hebdo (n°199). Marie-Jo Bonnet se souvient qu’« à cette époque-là, elle était vraiment toute seule, c’était une visionnaire ».

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Croyances et luttes antinucléaires

La menace nucléaire était également un enjeu très important pour Françoise d’Eaubonne. Elle s’est ainsi inspirée du positionnement des femmes contre l’atome en Allemagne en prenant l’exemple de groupes bénéficiant d’une moindre réticence à faire campagne dans le domaine identitaire, c’est-à-dire en tant que mère ou résidente de la région touchée par les projets nucléaires – comme le camp des femmes à Commune de Greenham en 1981 en Angleterre ou des modèles que l’on retrouve aujourd’hui dans les ZAD en .

En 1975, elle participe au dynamitage de la pompe du circuit hydraulique de la centrale de Fessenheim en construction, retardant ainsi son démarrage de plusieurs mois. Même si l’action était anonyme, le texte de la réclamation rappelait — de manière très “d’eaubonnien”« que les femmes sont aux avant-postes du refus du nucléaire qui n’est autre que le dernier mot de cette société construite sans elles et contre elles »
Françoise d’Eaubonne est restée discrète sur ce qui a été qualifié d’attentat à Fessenheim : “C’était l’apogée de ma vie mais je ne veux pas en parler.”

Pourquoi une reconnaissance si tardive ?

Selon Marie-Jo Bonnet, Françoise d’Eaubonne n’était ni connue ni reconnue de son vivant pour plusieurs raisons. D’une part, elle restait en dehors des institutions et n’était soutenue ni par un mari ni par un parti. Et d’un autre côté, elle n’a pas cherché à obtenir le pouvoir ; au contraire, elle l’a combattu. Elle ne voulait pas du tout être sous les projecteurs et n’était pas du tout intéressée par une carrière politique. C’était une intellectuelle pour qui tout mouvement révolutionnaire doit viser non pas le pouvoir mais sa destruction car le pouvoir pourrit l’imaginaire, mais elle revendiquait la nécessité d’engager nos imaginaires dans la lutte contre le système masculin.

Marie-Jo Bonnet dit : « Françoise était inaudible. Elle était marginalisée et incomprise, je ne réalisais pas à quel point cette mise à l’écart était scandaleuse. Disons qu’à l’époque, il fallait avoir des diplômes pour être entendu.»

« On n’aurait jamais pensé qu’il y aurait une résurgence de la pensée de Françoise aujourd’hui, on la trouvait trop pionnière. Mais ça y est, elle est entrée dans l’histoire ! Le monde est enfin mûr pour entendre ce qu’elle avait à dire de révolutionnaire !

De nombreuses rééditions des œuvres de Françoise d’Eaubonne ont nourri l’héritage et les réflexions des mouvements écoféministes ces dernières années. Mais bien qu’il ait retrouvé le chemin des librairies, ses idées révolutionnaires et son projet de déclin démographique restent en marge.

Retrouvez parmi les œuvres de Marie-Jo Bonnet :
Lun MLF aux éditions Albin Michel, 2018 : récit de son engagement dans ce mouvement.
Maternité symbolique, Être mère autrement également chez Albin Michel, 2020.

Pour aller plus loin, écoutez l’émission…

 
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