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« Nous sommes à temps plein ! »

Par

Thibaut Calatayud

Publié le

6 novembre 2024 à 16h22

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« Nous avons toujours aimé avoir un projet, confie Claude. A 67 ans, cet ancien architecte, décorateur et sculpteur n’envisage pas de se reposer pour autant. Il souhaite rester le plus actif possible, tout comme Clélia, son épouse et ancienne professeure d’arts plastiques dans un institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (ITEP).

C’est bienpendant six ansle couple a une occupation plus qu’exigeante. Ensemble, ils rénovent un superbe bateau, au cœur de la zone technique du port de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales).

Ils tombent amoureux d’un voilier de course-croisière

Le nom de ce bateau est Nika. « C’est un nom qui vient de la traduction de victoire en grec, explique Clélia. Autrefois, ce bateau participait à des régates. «Il a fait 12 courses RORC (Club Royal Ocean Racing, ndlr), autour de l’île de Wight (Royaume-Uni). Un an, il a même réussi à atteindre 4 anse lieu », révèle Claude. Ce passé sportif a laissé des traces. La coque a beaucoup souffert.

Rien d’inquiétant pour notre couple des Pyrénées-Orientales. Dans les années 90, Claude « a besoin d’un exutoire pour tenter d’évacuer le stress de [son] travail “. Il lui vient alors l’idée de restaurer un bateau.

Un jour nous sommes allés nous promener à La Llagonne. A l’aérodrome, on aperçoit la coque d’un petit bateau à moteur. J’ai tout fait pour la rapatrier. J’en ai discuté avec un ami. Il m’a dit : « Je ne comprends pas pourquoi tu prends ça ! Ce qui va vous plaire, c’est la voile.

Claude
Propriétaire de Nika
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Les conseils sont suivis à la lettre. Claude et Clélia partent donc à la recherche d’un voilier à rénover. Ils découvrent Nika, un magnifique bateau en acajou à vendre et amarré au port de Valras-Plage (Hérault). Ce fut le coup de foudre.

Apprentissage autodidacte

Les marins amateurs exercent leurs compétences lors de nombreuses sorties en Méditerranée. « Lorsque nous l’avons acheté, nous n’avions jamais navigué. Claude est un autodidacte. Il a appris la navigation grâce à ses lectures », raconte Clélia. « Pour nos premières sorties, mon beau-frère nous accompagnait. Nous nous sommes entraînés avec lui », ajoute Claude.

Sur ce bateau, c’est la navigation à l’ancienne. C’est vraiment du sport !

Claude

Pour la restauration, c’est un peu pareil. « Il y avait un livre où j’apprenais deux ou trois éléments techniques, poursuit le mari. Mais c’est en essayant, parfois en commettant des erreurs, qu’il a vraiment pris le dessus. « Je me sentais à l’aise avec le bois, même si cela n’a rien à voir avec la sculpture », analyse-t-il, toujours soutenu par son épouse.

Depuis six ans, Claude rénove son bateau avec son épouse Clélia. (©DR / Actu Perpignan)

Clélia et Claude le rénovent depuis six ans

Après quelques années de mer, la coque a dû faire l’objet d’une reconstruction complète du bordé. Le 13 juillet 2018, le bateau sort de l’eau. Les deux passionnés entament leur minutieuse rénovation. Un projet colossal qu’ils mènent depuis six ans déjà.

Avec le temps et l’usure, le bois de la coque du bateau pourrissait. (©DR / Actu Perpignan)

Au départ, Claude et Clélia ne venaient que le week-end. Depuis trois ans, ils y passent des semaines entières. « Nous sommes à temps plein ! » », plaisantent-ils. La zone technique du port de Saint-Cyprien est presque devenue leur résidence secondaire. « L’équipe technique du port est toujours à l’écoute », aimeraient dire Clélia et Claude.

Nous étions confinés dans le bateau ! Pendant un mois et demi, nous n’avons vu personne. Nous avons déjà célébré Noël et le Nouvel An ici.

Claude et Clélia

Chaque jour, les propriétaires de Nika doivent accomplir un travail titanesque. Pour réparer la coque, il faut d’abord retirer, à l’aide d’une défonceuse, le quatre couches de bois pourri. Ensuite, chaque pli doit être remplacé (les morceaux de bois dans la lame, ndlr) endommagé.

Victime d’une fuite, le galboard a été réparé par Claude. (©Thibaut Calatayud / Actu Perpignan)

Le bois est plongé dans un bain d’eau froide, avant d’être façonné sur gabarit. « On le sèche avec un pistolet thermique. Cela vous permettra de retrouver 40 à 60% de la forme souhaitée. Le reste s’obtient en poussant avec les pieds droits. Et c’est en clouant que le pli trouve sa place », explique Claude.

Claude et Clélia utilisent le niangon, un bois du Ghana, pour restaurer la coque du voilier. (©DR / Actu Perpignan)

Pour cette opération, il n’est pas possible d’utiliser de l’acajou. « C’est un bois protégé. Au lieu de cela, nous prenons dit importé du Ghana. Le mât (11,2 mètres de haut, ndlr) est en épicéa vernis, un pin d’Alaska », explique Claude.

Un projet colossal pour un bateau d’exception

Lorsque la coque sera terminée et repeinte en blanc, Claude et Clélia travailleront sur l’intérieur. « Nous voulons recommencer de la même manière. Nous avons six lits, mais nous sommes deux », sourit l’ancien architecte.

Nika, un voilier taillé pour la course

Conçu par François Sergent, le bateau est sorti du chantier Nautic-Saintonge, dans l’estuaire de la Gironde, en 1967. A l’origine, ce bateau en acajou s’appelait « Guisalnic IV ». Il mesure 9,5 mètres de long, 2,8 mètres de large et pèse 6,2 tonnes.

Ce modèle unique était, à l’époque, conçu pour la course et la croisière. Au cours de sa « carrière », il a participé à 12 courses du Royal Ocean Racing Club (RORC) autour de l’île de Wight (Royaume-Uni).

Rebaptisé Nika par son deuxième propriétaire, ce bateau se distingue par sa configuration. C’est l’un des premiers voiliers à disposer d’un safran détaché. Ce système innovant permettait déjà de limiter la surface mouillée.

Rachetée dans les années 90 par Clélia et Claude, Nika n’a plus de vocation sportive. « Nous faisons des croisières contemplatives », explique le propriétaire.

L’autre grande opération à venir est la changement de moteur. « Celui que nous avons, un Volvo Penta MD7A (13 CV), fonctionne parfaitement. Mais on ne retrouve plus les pièces… » regrette Claude. La machine sera remplacée par un modèle plus puissant (28 CV).

Le bateau relancé dans deux ans et demi ?

Si cette montagne de travail les motive au quotidien, elle n’en reste pas moins parfois difficile à vivre. « C’est très dur l’hiver… », avoue Clélia. Les deux amoureux ne s’en cachent pas : la restauration d’un bateau peut créer quelques tensions !

Clélia est la commerçante. C’est elle qui gère tous les outils. Elle peut avoir des vertiges. Parfois les outils disparaissent, ce qui peut créer une certaine tension.

Claude

« Parfois, il y a beaucoup de bruit sur le chantier. Mais nous ne sommes pas rancuniers ! », assure Clélia. « Nous sommes en couple depuis nos 18 ans. Ce n’est pas ça qui va nous séparer ! », ajoute son mari.

Clélia et Claude estiment qu’il faudra encore deux ans et demi de travaux avant de pouvoir remettre Nika à l’eau. (©Thibaut Calatayud / Actu Perpignan)

Malgré les difficultés, ils comptent bien mener à bien leur projet. « Nous pensons pouvoir le remettre à l’eau d’ici deux ans et demi», annonce Claude. L’occasion pour eux de profiter de quelques balades au large des sublimes côtes du pays catalan.

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