Deux grands quotidiens traditionnellement démocrates, le Washington Post et le Los Angeles Times, ont décidé de ne soutenir aucun candidat. Que se cache-t-il derrière cette neutralité ? Est-ce pénalisant pour Kamala Harris ? La presse a-t-elle encore une influence sur une élection ? Décryptage avec le journaliste américain Michael Finnegan.
Publié le 11/05/2024 12:24
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“Les gens sont de plus en plus nombreux dans leur univers médiatique et c’est soit démocrate, soit républicain”constate le journaliste américain Michael Finnegan mardi 5 novembre sur franceinfo, alors que le duel entre Kamala Harris et Donald Trump touche à sa fin en ce jour d’élection. Michael Finnegan a travaillé pendant plus de 20 ans chez Los Angeles Timesavant de devenir correspondant indépendant à Paris et il écrit notamment pour le Washington Post.
A la surprise générale, ces deux journaux traditionnels n’ont pris parti, ni pour l’un ni pour l’autre des candidats. Une décision qui a indigné de nombreux journalistes, voire fait perdre des lecteurs au profit du Washington Postmais que les deux médias justifient par le fait qu’il faut laisser les électeurs décider pour qui ils votent. Pour Michael Finnegan, cela révèle un autre aspect : “Beaucoup de gens se demandent si ce n’est pas parce que les propriétaires milliardaires des deux journaux ont des entreprises qui font beaucoup d’affaires avec le gouvernement, comme Jeff Bezos du Washington Post.”
Exit donc la tradition des journaux de soutenir un candidat à la présidentielle, ce qui ne nuit finalement pas aux candidats comme l’explique le journaliste : « A part des postes moins importants comme conseiller municipal par exemple, où les gens cherchent des avis, des gens qui savent de quoi ils parlent, ça n’a pas vraiment d’influence. Les gens savent déjà ce qu’ils vont faire pendant la campagne électorale.
Alors que les journaux américains ne semblent plus avoir de réelle influence sur les électeurs, on se tourne vers celle des réseaux sociaux, X et TikTok notamment. « Les médias sont devenus tellement fragmentés » Michael Finnegan note que désormais, il faudra aussi tenir compte de l’âge de l’électorat. « Les électeurs plus âgés sont beaucoup plus traditionnels et les médias sociaux ont une énorme influence sur les jeunes électeurs. Les gens sont de plus en plus dans leur univers médiatique, c’est l’un ou l’autre.»
Une situation inédite qui a poussé le candidat démocrate et le candidat républicain à gérer leur communication sur leurs propres réseaux plutôt que de s’adresser aux médias pour faire des interviews traditionnelles. Ils se sont également tournés vers les podcasts dont l’émergence rapide leur confère un rôle très fort dans cette campagne. Très grand public, ce nouveau format a été utilisé une dizaine de fois par Kamala Harris, notamment pour le podcast Charlamagne Tha Dieu avec le pouvoir de millions d’électeurs, notamment noirs, mais pas seulement, “C’était une façon pour elle de parler directement avec une communauté qui n’est pas forcément très liée à la politique”, analyse Michael Finnegan. Quant à Donald Trump, poursuit-il, il a participé à celle de Joe Rogan, « qui est l’un des jeunes hommes conservateurs les plus écoutés en Amérique ». Fin du suspense demain.
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