Le feuilleton estival sur les nominations des patrons de police et de gendarmerie s’est terminé jeudi, l’Elysée et le gouvernement s’étant mis d’accord sur le nom du préfet Louis Laugier pour diriger les 155 000 policiers et celui du général Hubert Bonneau pour commander les 150 000 gendarmes.
Le report de ces nominations extrêmement stratégiques de Conseil des ministres en Conseil des ministres a fini par susciter les sarcasmes et exacerber la guerre de succession autour de ces deux postes qui avait débuté bien avant la formation du gouvernement de Michel Barnier.
“Enfin !”se sont exclamés à l’unisson un haut responsable de la gendarmerie et un important chef de la police. La semaine dernière, un autre responsable de la police s’est dit préoccupé par le fait que la série estivale pourrait tourner “série d’automne”.
Nommé sur recommandation de Retailleau
L’affaire commençait à être délicate, outre qu’elle reflétait les tensions entre l’Elysée et le gouvernement en cette période de cohabitation : elle bloquait toute une série de nominations importantes, comme celle du patron d’Ofast, le bureau dédié à la lutte contre la drogue, et celles des préfets.
Il y avait une date limite, fin septembre, date à laquelle les deux titulaires, Frédéric Veaux (police) et Christian Rodriguez (gendarmerie), ont quitté leur poste pour prendre leur retraite après avoir été prolongé en raison des Jeux olympiques et paralympiques. Paris.
Il aura fallu encore un mois à l’Elysée et au gouvernement pour faire leur choix sur Louis Laugier, actuel préfet de l’Isère, et le général Hubert Bonneau, chef de la gendarmerie de Bretagne et de la zone de défense Ouest.
Dans deux messages distincts postés sur le réseau social “compétence”. Et d’insister sur le fait qu’ils avaient été nommés “sur (sa) proposition”. Les deux hommes n’étaient pas les noms choisis par son prédécesseur Gérald Darmanin.
Qui sont-ils ?
Louis Laugier, qui a la particularité d’avoir également été pressenti pour la gendarmerie, n’est pas un ancien haut flic de la PJ comme son prédécesseur, mais il connaît bien la maison pour y avoir occupé de hautes fonctions, notamment dans les ressources humaines. .
Agé de 59 ans, ce Parisien d’origine a été confronté en Isère à la récente vague de meurtres liés au trafic de drogue à Grenoble et ses environs. Un sujet que Bruno Retailleau veut ériger en « cause nationale ». Le procureur de Grenoble Eric Vaillant dit de lui qu’il a « une excellente vision des enjeux ».
Il est diplômé de l’école militaire de Saint-Cyr, comme le général Hubert Bonneau. Tous deux sont issus de la même promotion, celle de “Général Callies”.
Le général Bonneau est le deuxième ancien patron du GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie, à accéder au poste de directeur général de la gendarmerie, après Denis Favier, une icône de cette instance.
Sa période à la tête du GIGN (2014-2017) sera marquée en janvier 2015 par la traque des frères Kouachi, Chérif et Saïd, qui s’est terminée à Dammartin-en-Goële où se trouvaient les deux agresseurs du journal satirique Charlie Hebdo. abattu.
Agé de 57 ans, il est originaire de Brest. Depuis septembre 2022, il est commandant de la gendarmerie de la région Bretagne ainsi que de la zone de défense et de sécurité Ouest.
« Nommer l’Œil de Moscou »
Dès son arrivée place Beauvau, Bruno Retailleau a refusé d’entériner les choix de son prédécesseur, décidant d’auditionner lui-même les candidats et d’en solliciter d’autres.
Alexandre Brugère, 37 ans, qui fut le directeur de cabinet de Gérald Darmanin, entendait devenir le patron de la police. Il est nommé préfet en 2022.
Beaucoup ne croyaient pas à ses chances d’obtenir le poste de DGPN en raison de sa proximité avec Gérald Darmanin. Cela revenait à “nommer l’oeil de Moscou”a résumé un commissaire.
Alexandre Brugère devrait devenir préfet des Hauts-de-Seine.
Du côté de la gendarmerie, le poste de directeur général semblait devoir revenir au général Xavier Ducept, patron de la gendarmerie de la région Ile-de-France, soutenu par le général Rodriguez. Mais là aussi, le temps a rebattu les cartes et le choix de Bruno Retailleau s’est porté sur le général Bonneau.
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