Bruno Sacco, qui a dessiné de nombreuses icônes chez Mercedes, n’est plus. Le designer germano-italien est décédé la semaine dernière à Sindelfingen. Il avait 90 ans et laisse derrière lui un héritage considérable qui fait de lui l’un des géants de sa discipline, même s’il a travaillé principalement pour une seule marque. Pensez-vous à une Mercedes de l’âge d’or des années 1980 et 1990 ? C’est Bruno Sacco.
Né dans le nord-est de l’Italie dans le Frioul en 1933, il étudie à l’Université Polytechnique de Turin avant de débuter sa carrière chez Ghia pour qui il conçoit « des avions futuristes mais aussi des voitures élégantes du quotidien. » C’est en 1958 qu’il arrive chez Mercedes comme assistant designer, puis responsable du design extérieur et des concept-cars, sous la houlette de Friedrich Geiger et Paul Bracq. C’est l’ère de la 600 (W100) et de la SL « Pagoda » (W113). Sacco supervise personnellement le style des concepts emblématiques C111 I et II.
En 1975, il est nommé Oberingenieur (ingénieur en chef) et prend la tête du design de Mercedes. La première voiture de l’ère Sacco sera la fameuse W123, ancêtre de la Classe E. Deux ans plus tard, Mercedes lance la Classe S W126 puis sa variante coupé, le 560 SEC. Bruno Sacco y voit sa plus grande réussite. “La famille 126, sous toutes ses formes, est ce que j’ai fait de mieux pour Mercedes”, a-t-il déclaré un jour. Selon la marque, il avait d’ailleurs soigneusement conservé une 560 SEC bleu marine dans son garage après sa retraite.
Sacco attache une importance particulière à l’homogénéité du style, aussi bien entre les différents modèles de la gamme que d’une génération à l’autre. “Chaque Mercedes-Benz doit être reconnaissable en tant que représentant de cette marque partout dans le monde”, a-t-il souligné. L’intemporalité est son leitmotiv.
En 1982, il lance la W210, alias la 190, ancêtre de la Classe C. Encore un best-seller, qui a aussi eu le mérite de rajeunir considérablement la clientèle Mercedes. En 1989, c’est au tour de la SL R129, chef-d’œuvre de pureté formelle (la nouvelle pourrait s’en inspirer), dont on retrouvera l’essence sur le profil plus trapu de la première SLK de 1996. De quoi oublier le massif Classe S W140 que Sacco ne tient pas dans son cœur.
Avant sa retraite en 1999, Bruno Sacco a également exploré de nouvelles silhouettes pour Mercedes : le monocoque avec la grande Classe V (1996) et la petite Classe A (1997), le SUV avec la Classe M (1997). Non sans oublier de perpétuer l’emblématique Classe S avec le W220 de 1998, bien plus raffiné que son prédécesseur, et le W215 de 1999, peut-être le plus beau de la lignée des coupés S.
“Bruno Sacco a laissé une marque indélébile sur l’entreprise avec ses créations emblématiques et sa passion pour le style”, a salué son successeur, l’actuel patron du design Gorden Wagener. « Avec Bruno Sacco, nous avons perdu une personnalité hors du commun et un esthète redoutable. Nous exprimons nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses amis. »
“Mercedes-Benz se souviendra toujours de ce styliste extraordinaire et pourtant humble”, a déclaré Marcus Breitschwerdt, responsable de Mercedes-Benz Heritage. « Bruno Sacco a défini les formes de nombreuses icônes de Mercedes-Benz. Beaucoup d’entre eux sont encore visibles dans la circulation d’aujourd’hui ou fascinent en tant que classiques de la marque. »
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