Ce que dit le gouvernement
La ministre du Travail, Astrid Panosian-Bouvet, a déclaré mardi que « le financement de la protection sociale incombe aujourd’hui trop aux entreprises et aux travailleurs ». Résultat, « il y a différents impôts et cotisations qui pourraient être envisagés pour les retraités qui en ont les moyens », à commencer par un niveau de retraite qui serait fixé à 2 000 ou 2 500 euros. Une telle contribution pourrait rapporter environ 500 ou environ 800 millions d’euros, selon le seuil choisi.
Avant elle, la ministre du Travail, de la Santé et de la Solidarité Catherine Vautrin avait avancé l’idée de sept heures de travail gratuites dans l’année, également pour financer la protection sociale. Rendement attendu : 2 milliards.
Mais ces deux idées ne reflètent pas « la position du gouvernement à ce stade », a coupé court mercredi la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, après un tollé dans la classe politique, en évoquant les « discussions parlementaires » sur les budgets. 2025. Vice-président du groupe des députés macronistes à l’Assemblée nationale, Mathieu Lefèvre avait fustigé « deux idées anti-travail » mardi sur X.
Quelles sont les réactions ?
« Travaillez sept heures de plus sans supplément de salaire, imposez les retraités qui ont travaillé toute leur vie, non et trois fois non ! Le travail doit payer », a-t-il insisté. Le vice-président d’Horizons Christian Estrosi a jugé “inadmissible” sur RTL la proposition sur les retraites.
“Imposer les retraités qui disposent de 2 000 euros de pension” est “totalement scandaleux”, a déclaré le vice-président du RN Sébastien Chenu sur TF1, laissant entendre que ce serait un motif de censure de la part du gouvernement. Le RN avait notamment censuré le gouvernement Barnier en raison de son projet de sous-indexation des retraites par rapport à l’inflation.
-A l’autre extrémité de l’échiquier politique, le coordonnateur de LFI, Manuel Bompard, a jugé “très malhonnête” de “tenter de faire croire que c’est une mesure de justice fiscale que de s’en prendre aux retraités qui gagnent 2 000 euros par mois”. “Comme les retraités sont ceux qui votent le plus et qu’ils sont de plus en plus nombreux, un certain nombre de propositions sont des suicides et personne ne va les faire”, a déclaré ces derniers jours un élu du bloc central. .
« 110 milliards » d’efforts aux Français
Or, estime l’économiste Olivier Redoulès, de l’institut d’inspiration libérale Rexecode, il y a de la part des dirigeants politiques « une forme de déconnexion, presque un jeu de dupe en expliquant qu’on ne pouvait pas toucher aux retraites » compte tenu du niveau d’endettement des finances publiques. . “La masse de richesses qui est mobilisée pour soutenir le niveau de vie des retraités est disproportionnée et qui pèse sur d’autres dépenses privées et publiques”, par exemple dans l’éducation ou la transition écologique, dit-il.
Éric Heyer, directeur du service d’analyse et de prévision de l’OFCE, critique « la méthode » : « Chaque jour, on propose une nouvelle piste, un nouvel impôt et, bien sûr, celui qui doit le payer dit ‘pourquoi moi’ ?’ » Pour réduire le déficit public, actuellement à 6,1 %, à 3 % en cinq ans, il faut demander aux Français « 110 milliards » d’efforts, et « dire que tout le monde cotise », y compris les retraités, avant de trouver dans un second temps « l’impôt ou les dépenses publiques pour y parvenir ». « Là, on avance d’abord une taxe et on ne sait pas pourquoi », fustige-t-il.