« Nous respectons la souveraineté des États et des peuples, mais en échange nous voulons aussi que la France soit respectée. Aucune douleur historique, même si elle est très aiguë, n’autorise un pays à offenser la France », insiste le ministre de l’Intérieur, lors des questions actuelles au gouvernement ce 22 janvier.
“La récente expulsion d’un influenceur, renvoyé à Roissy par l’Algérie qui a refusé de l’accueillir, illustre l’urgence d’agir”, a dénoncé le sénateur des Républicains Henry Leroy. L’élu des Alpes-Maritimes évoque le cas de l’influenceur algérien Doualemn, 59 ans, arrêté à Montpellier le 7 janvier, après avoir posté sur TikTok une vidéo dans laquelle il lançait des appels au meurtre. Embarqué dans un avion le 9 janvier à destination de l’Algérie, le pays a décidé de le renvoyer en France dans la soirée.
Accord franco-algérien de 1968 : « C’est l’occasion de remettre la discussion sur la table »
« Manifestement, l’Algérie a ignoré le droit », défend le ministre de l’Intérieur devant les sénateurs le 22 janvier. « Le droit international est très simple, du moment qu’on peut prouver la nationalité d’un ressortissant – et nous l’avons fait – alors le pays d’origine doit l’accepter. Ce n’était pas le cas», explique-t-il.
Face à cette situation, Bruno Retailleau promet que la France « ne laissera rien passer ». De là à rompre les accords conclus en 1968, qui réglementent l’emploi et le séjour des ressortissants algériens en France, comme le demandait le sénateur Henry Leroy ? « Vous savez parfaitement ce que je pense de ces accords. Mais, dans les circonstances, la gradation de la réponse ne m’appartient pas», évacue le ministre de l’Intérieur, qui avait défendu une résolution dénonçant l’accord en juin 2023, alors qu’il était encore président du groupe LR au Sénat.
-Au micro de Public Sénat quelques minutes plus tard, interrogé sur les accords de 1968, le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur François-Noël Buffet a également renvoyé la balle « au plus haut niveau de l’État français ». « C’est l’occasion de remettre la discussion sur la table », estime-t-il, tout en rappelant que la décision appartient au président de la République et au Premier ministre.
Un autre influenceur algérien « arrêté il y a quelques heures »
Dans un contexte de relations dégradées entre la France et l’Algérie, notamment depuis l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal à Alger mi-novembre, d’autres influenceurs ont été interpellés. Tous sont accusés de diffuser des commentaires haineux sur les réseaux sociaux. « À chaque fois que ces propos inacceptables étaient tenus, nous demandions à la plateforme Pharos de supprimer les vidéos, et elles l’ont été. Nous avons localisé, interpellé et traduit systématiquement ces individus en justice », souligne Bruno Retailleau.
Devant les sénateurs, le ministre de l’Intérieur a une nouvelle fois évoqué le cas d’un autre influenceur “interpellé il y a quelques heures”. Plus tôt dans la journée, Bruno Retailleau avait déjà annoncé l’arrestation de cet influenceur algérien, qui “appelait à commettre des actes violents sur le territoire français sur TikTok”. Une annonce qui a valu au ministre de l’Intérieur un recentrage de la part du parquet de Paris, quelques heures plus tard. Le procureur de la République a dénoncé auprès de l’AFP une « fuite prématurée », précisant que « rien n’avait été retenu à ce stade » contre l’influenceur en question.