Les retraités ont un meilleur niveau de vie que la population française, une fois pris en compte les loyers imputés.
Les retraités doivent-ils contribuer au financement de la protection sociale ? C’est le proposition suggéré par la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet… immédiatement contredit par le reste du gouvernement. L’idée d’impliquer plus fréquemment les retraités revient régulièrement, et ne manque pas de susciter le débat.
Considérés tantôt comme des privilégiés, tantôt comme des laissés-pour-compte, la perception que l’opinion publique se fait du niveau de vie des retraités est souvent erronée. Certains les imaginent plus riches ou plus pauvres qu’eux. Selon une enquête de la Drees de 2022, 47 % des personnes interrogées jugent les retraités moins bien lotis que le reste de la population.
En réalité, si l’on ne prend en compte que le revenu par personne, le niveau de vie des retraités est généralement équivalent à celui de l’ensemble de la population. En 2021, il est d’environ 2 200 euros (en moyenne 2 188 euros pour les retraités, contre 2 218 euros pour l’ensemble de la population), selon les dernières données de l’Insee incluses dans le rapport du Conseil d’orientation des retraites.
La relation s’inverse lorsque l’on prend en compte le logement
Mais un facteur doit être pris en compte : le patrimoine. La plupart des retraités sont propriétaires de leur logement (70 %) et n’ont pas à payer de loyer. En tenant compte de cette variable*, le niveau de vie des retraités est cette fois 5 % supérieur à celui de l’ensemble de la population.
Bien évidemment, ce chiffre reste une moyenne qui cache des réalités très différentes selon les retraités et leur niveau de retraite. 10 % des retraités sont considérés comme pauvres, contre 14,5 % pour l’ensemble de la population en 2021, selon les données de l’Insee reprises par la Drees.
Globalement, compte tenu du logement, les retraités vivent donc mieux que la population générale. Mais est-ce également le cas par rapport aux travailleurs actifs (ceux qui travaillent ou recherchent du travail) ? La réponse est non. Même si l’on inclut l’impact du patrimoine immobilier dans le calcul, les actifs ont un niveau de vie plus élevé que les retraités.
-Une baisse du niveau de vie des retraités dans le futur ?
« La vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément la vérité de demain », prévient Philippe Crevel, directeur général du Cercle de l’épargne.
« Les retraités de demain auront des pensions relativement inférieures à celles de leurs aînés », assure-t-il.
Le rapport Cor explique que « le niveau de vie relatif des retraités a augmenté de manière significative depuis 1970, mais il augmenterait moins rapidement que celui des travailleurs à l’avenir ». Cela entraînerait une baisse du niveau de vie des retraités à l’avenir. Mais comme le rappelle le Cor, il s’agit évidemment d’une anticipation théorique, ne prenant pas en compte d’éventuels changements de comportement.
Enfin, si l’on regarde nos voisins européens, le niveau de vie des 65 ans et plus par rapport à la population générale est généralement inférieur à celui de la France. Il est ainsi le plus bas de Belgique et des Pays-Bas où il représente respectivement 78 % et 79 % du niveau de vie de l’ensemble de la population. En France et en Italie, il atteint 96 % et 98 %.
* Pour prendre en compte l’impact du patrimoine immobilier, l’Insee calcule des « loyers imputés ». Cette notion « recouvre le service locatif que s’offrent les propriétaires de leur logement : à savoir les loyers que les propriétaires devraient payer s’ils étaient locataires du logement qu’ils habitent », explique l’Insee.
