« La CFDT souhaite un retour à 62 ans »

« La CFDT souhaite un retour à 62 ans »
« La CFDT souhaite un retour à 62 ans »

François Bayrou a été clair : s’il n’y a pas d’accord entre les partenaires sociaux sur les propositions visant à améliorer la réforme des retraites, elles feront quand même l’objet d’un projet de loi. Est-ce l’engagement que vous attendiez ?

C’est un progrès, il est important que la représentation nationale ait son mot à dire, quelle que soit l’issue des discussions entre syndicats et organisations patronales. Après, à la CFDT, on ne fait pas partie du scénario où il n’y aurait pas d’accord. Au contraire, nous chercherons un accord, pour stabiliser nos propositions, avant qu’un débat au Parlement ait lieu. C’est une opportunité qui ne s’est jamais ouverte depuis 2023.

Le Premier ministre a indiqué que les 64 ans sont également sur la table. Qu’allez-vous proposer ? Le retour à 62 ans ?

Notre position est le retour à 62 ans. Nous voulons que les choses changent avec l’âge. François Bayrou nous avait dit que ce serait possible, et il l’a fait.

« Les pays avec un âge d’entrée plus élevé ont développé une véritable culture de prévention et de santé au travail… »

Autour de nous, l’âge de la retraite est plus élevé : 67 ans en Italie et au Danemark, 65 ans en Espagne et en Belgique, 66 ans au Royaume-Uni… Pourquoi la pourrait-elle être à l’opposé de ses voisins ?

On ne peut pas comparer les systèmes de retraite en France et ailleurs au prisme d’un seul critère. Nous n’avons ni la même démographie ni la même histoire de construction de la protection sociale. Notre système de répartition est très particulier, c’est une exception précieuse. J’aimerais pouvoir comparer, mais la France est le pays d’Europe où il y a le plus d’accidents du travail, y compris mortels. Pourtant, les pays qui ont un âge d’entrée plus élevé ont développé une véritable culture de prévention, de santé au travail… Les conditions de travail ne sont pas les mêmes. Il faut donc se méfier des comparaisons qui, en général, répètent toujours le même discours…

Au-delà de 64 ans, plusieurs problématiques émergent, pénibilité, carrières brisées… Quelles sont vos propositions ?

Il faut avancer dans la reconnaissance de la pénibilité. 88% des maladies professionnelles sont liées à des gestes répétitifs, ce sont des troubles musculo-squelettiques. Or, ils ne sont pas reconnus comme critères de pénibilité, c’est une aberration totale. Nous voulons les réintégrer. Je dis réintégration car ils ont été licenciés en 2017. Concrètement, ces salariés et agents ne peuvent pas atteindre l’âge légal de la retraite. Sur les carrières brisées, il faudra lier le sujet des retraites à celui du travail.

« Le taux d’emploi des seniors est un levier puissant »

Une condition a été posée : que ces améliorations n’aggravent pas la situation financière des régimes de retraite. Mais ils sont déjà déficitaires. Est-ce une équation impossible ?

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Une des pistes est le taux d’emploi des seniors. C’est un levier puissant. En 2022, on estimait qu’une augmentation de dix points de l’emploi des seniors résoudrait le problème financier. Nous sous-estimons la gravité de ce sujet. Devenir indésirable dans votre entreprise est une chose terrible à vivre. Et un senior qui n’a plus d’emploi, c’est moins de cotisations sociales.

Le Medef refuse d’augmenter le coût du travail et d’augmenter les cotisations. Comment financer ces améliorations ?

Tout doit être sur la table. La CFDT propose une augmentation des cotisations patronales pour financer la misère et les inégalités qui persistent, notamment l’écart de 38 % entre les retraites des hommes et des femmes.

Le Medef veut aussi ouvrir le sujet de la capitalisation…

Dans le système d’épargne retraite, qui existe notamment dans les grands groupes, l’employeur cotise. Si le Medef veut y travailler, je le regarde avec intérêt, cela veut dire qu’ils sont prêts à payer et que la porte à une augmentation des cotisations n’est pas fermée.

« Le système à points et le compte épargne temps sont le nouveau pacte social qu’il faut inventer »

La CFDT ne défend pas la retraite, mais c’est un système difficile à mettre en œuvre…

Le régime du futur est, en fait, le régime universel. La retraite à points et le compte épargne temps universel sont le nouveau pacte social qu’il faut inventer. Oui, la retraite par points est complexe à mettre en œuvre, mais nous avons besoin de dirigeants politiques qui acceptent de s’y inscrire sur le long terme. Un régime à points est mis en place sur dix ou quinze ans. Tant que les retraites seront brandies comme une norme électorale, il sera difficile de les instaurer.

Avec cette renégociation confiée aux partenaires sociaux, est-ce votre revanche sur le macronisme ?

Je n’ai pas envie de me venger. C’est une reconnaissance de notre expertise et de notre légitimité. Mon rôle est d’obtenir des améliorations. Nous sortons de deux ans de silence, c’est une victoire pour les travailleurs.

 
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