un mois après le cyclone, Mayotte résiste à la tempête

Chirongui (Mayotte), reportage

Kamal n’avait jamais vu ça auparavant. Le 12 janvier, alors que la tempête tropicale Dikeledi soufflait sur Mayotte, des rivières ont commencé à déborder de leurs lits, notamment dans le sud de l’île. « Le niveau est monté très vite »indique l’habitant de la commune de Chirongui. Le lendemain, alors que l’alerte cyclonique rouge pesait encore sur le département, il se rendit voir la maison de sa mère, située au bord d’une des rivières du village. Protégée par une barrière en tôle, seule la cour était comblée. Tout le monde n’a pas eu la même chance. « Nous avons dû évacuer plusieurs maisons. À l’intérieur, l’eau arrivait jusqu’aux genoux. Dehors, nous avions de l’eau presque jusqu’aux hanches. »raconte Mafana, un autre habitant.

Un constat corroboré par Dahilou Laoumi, directeur adjoint de la sécurité de la commune. « Il y avait 30 cm d’eau dans certaines maisons »a-t-il déclaré, précisant que les pompiers ont dû libérer plusieurs personnes coincées dans leur voiture. Pour l’instant, l’agent municipal n’a connaissance d’aucune victime.

La maison de la mère de Kamal est située au bord d’une des rivières de Chirongui. La cour, inondée, a été nettoyée au lendemain de la tempête.
© Marine Gachet / Reporterre

Aïcha, qui habite à Tsimkoura, un autre village de la commune, nettoie sa maison où de l’eau boueuse s’est infiltrée. « Heureusement, nous n’avions pas beaucoup de choses endommagées. »dit-elle, épuisée d’avoir dû tout remonter, un mois après la visite de Chido. Le cyclone a fait au moins 39 morts et plus de 5 000 blessés.

Sur les trottoirs de Chirongui, les tapis détrempés qui ont rejoint les débris du cyclone dévastateur témoignent du grand nettoyage qui a eu lieu dans plusieurs habitations. Un nettoyage qui est également effectué dans les rivières, désormais bloquées par la végétation arrachée par le cyclone Chido en décembre.

« Tous les déchets verts n’ont pas encore été collectés »indique une femme qui, comme d’autres, a bravé l’alerte rouge – levée le 13 janvier à 15 heures – pour dégager un des cours d’eau, craignant qu’il ne déborde à nouveau avec les pluies annoncées. « Il faut être dehors pour évacuer les caniveaux et débloquer les rivières. Voir ce qui s’est passé [avec la tempête Dikeledi]nous avons peur que le village soit à nouveau inondé »justifie Mafana.


Kamal a eu très peur lors de la visite de Dikeledi, lorsqu’il a vu l’eau envahir le village.
© Marine Gachet / Reporterre

La perte d’arbres aggrave la pluie

Si l’île est habituée à connaître de fortes précipitations en saison des pluies, les arbres détruits par Chido n’ont pas permis à la terre d’absorber les dizaines de millimètres d’eau tombées sur une courte période de temps. Météo- a par exemple relevé 119 mm de précipitations en 3 heures dans une autre commune du sud, Bandrélé.

« Les arbres, avec leurs branches et leurs feuilles, ralentissent les fortes pluies qui s’abattent alors sur le sol avec moins de violence. Avant de s’écouler, une partie de l’eau a le temps de s’infiltrer grâce au réseau racinaire. »explique Michel Charpentier, président de l’association environnementale locale Les Naturalistes.


Les rivières de la commune de Chirongui ont retrouvé leur lit au lendemain de la tempête.
© Marine Gachet / Reporterre

Sans cette couverture végétale, les précipitations n’ont pas le temps d’être absorbées et l’eau glisse directement sur le sol. À cela s’ajoutent les débris du précédent cyclone qui, en bloquant les rivières et les caniveaux, ont permis à l’eau de monter et de stagner dans le village.

« ça commence à faire beaucoup »

Les arbres endommagés ont également permis à la terre de glisser sur le bord de la route. Sur la route reliant M’zouazia à M’bouanatsa, deux villages de la pointe sud de l’île, on croise des pompiers et des gendarmes en train de retirer la boue à l’aide de pelles. Sur l’axe traversant la forêt de Dapani, des machines du Département de l’Environnement, de l’Aménagement, de l’Habitat et de la Mer (Dealm) dégagent le passage.

Le village de M’bouini, où débouche cette route, a également vu sa rivière déborder. L’occupant d’une maison située juste en face en a payé le prix. Elle venait juste de finir de nettoyer les débris de Chido. N’ayant plus d’eau au robinet, elle a dû nettoyer avec l’eau de pluie qu’elle avait récupérée la veille sur son toit. « Ça commence à faire beaucoup. »

un-mois-apres-le-cyclone-mayotte-resiste

légende

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Grosse soirée pour un Ourense CF emmitouflé
NEXT Michelle Buteau fustige Dave Chappelle pour ses blagues anti-trans dans une émission spéciale Netflix