La période de dictature militaire au Brésil (1964-1985) qui a suivi le coup d’État de 1964 a toujours inspiré à une partie de la population la plus à droite une vigoureuse nostalgie d’un supposé « âge d’or ». Jair Bolsonaro et ses partisans n’ont cessé de clamer leur admiration pour les riches années de la junte, estimant même qu’elle n’avait pas été assez cruelle et radicale avec ses opposants. La rage de ce néofascisme tropical a suscité un regain de violence après les auditions publiques de la Commission nationale vérité (CNV) qui a débuté ses travaux en 2012 sous la direction de la présidente de l’époque, Dilma Rousseff.
Jusqu’alors, les commissions mises en place en 1995 et 2001 avaient donné voix et reconnaissance aux victimes mais n’avaient pas désigné de coupable. Il a fallu attendre le rapport de la CNV de 2014 pour que les enlèvements, les tortures et les exécutions soient désignés comme le résultat de la politique de l’État, avec une liste de près de 400 responsables incriminés à plusieurs niveaux. Cette mémoire de la dictature et le silence qui l’a longtemps recouverte est revenue en force dans le pays avec la sortie en novembre deJe suis toujours là