Rédoine Faïd a-t-il encore tenté de s’enfuir ? Détenu au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas de Calais), le braqueur récidiviste de 52 ans a été placé en garde à vue toute la journée de mardi. La mesure a été levée dans la soirée, mais le détenu a pu être référé ultérieurement. Le détenu numéro 1016, placé à l’isolement depuis 2011, a été interrogé sur son lieu de détention par la brigade de répression du banditisme (BRB) de Versailles (Yvelines) sur commission d’un juge dans le cadre d’une enquête de la JUNALCO (Juridiction Nationale des Affaires Etrangères). la lutte contre le crime organisé).
Selon nos informations, le détenu serait soupçonné de deux projets d’évasion en 2021 et 2023 alors qu’il se trouvait à Vendin-le-Vieil puis au centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis (Essonne) en attendant son procès pour sa spectaculaire évasion en hélicoptère, en 2018, de la prison de Réau.
En 2021 à Vendin-le-Vieil, le roi de beauté se serait lié d’amitié avec un poids lourd du trafic de drogue. « Un détenu dans le top cinq des plus gros trafiquants français », selon une source proche du dossier. Les deux hommes auraient échangé et élaboré un début de plan d’évasion. Mais le trafiquant n’a finalement pas donné suite.
Le 9 septembre, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour association de malfaiteurs en vue de préparer un crime ou un délit. Le trafiquant estampillé du Roi de Beauté est alors interrogé par la PJ de Versailles et confirme avoir été sollicité par Faïd sans avoir donné suite. « Il a repris ses esprits et s’est rendu compte que Rédoine Faïd était un homme fini et qu’il n’y avait aucune chance que l’entreprise prospère positivement » rapporte une source proche du dossier au Parisien. Rédoine Faïd n’est jamais remis en cause.
Un parfait petit livret d’évasion
En 2023, le roi de beauté est transféré à Fleury-Mérogis pour son procès pour sa spectaculaire évasion en hélicoptère de la prison de Réau. Là, il aurait profité de la présence d’un codétenu qui passait régulièrement devant sa fenêtre pendant la promenade pour lui transmettre des bribes d’un scénario d’évasion à chaque passage. Tantôt il détaille sur une feuille le nombre de mètres entre le mur extérieur de l’établissement et sa cellule, tantôt il indique le point d’atterrissage possible d’un hélicoptère ou l’emplacement des explosifs. Au final, c’est le parfait petit livre d’évasion, selon une source bien informée.
Le récidiviste aurait demandé au codétenu, bientôt libéré, de remettre ces fiches techniques à sa famille. L’émissaire se serait engagé à participer au projet, profitant de la notoriété et de la protection de Rédoine Faïd en prison. Mais finalement, deux semaines avant sa libération, le détenu a remis tous les documents à l’administration pénitentiaire en échange de la promesse de ne pas se laisser déranger. Quelques jours plus tard, la première information judiciaire a été prolongée sur une durée allant jusqu’en mai 2023 par le parquet de Paris.
L’entourage du détenu parle d’« une vague construction intellectuelle pour maintenir à tout prix le détenu en isolement alors qu’il mène un combat contre l’administration pénitentiaire ». Une chose est sûre : le parquet a ouvert une enquête pour association de malfaiteurs en vue de commettre un crime ou un délit et non pour tentative d’évasion. Ce qui laisse penser que les éléments dont dispose la justice sont ténus. Contactée, Maître Salomé Cohen ne souhaite pas se prononcer sur le fond, mais s’étonne de la chronologie des faits.
« Alors que l’opinion publique s’est enfin émue des conditions rocambolesques de détention de Rédoine Faid, il est astucieux d’organiser cette garde à vue pour une nouvelle/une autre tentative d’évasion. Le parquet a communiqué sur Instagram les faits allégués ainsi que la période de prévention et le nom du tribunal. Est-ce une stratégie de communication pour faire disparaître les quelques points d’empathie que mon client avait gagnés suite à l’arrêt de la chambre des peines confirmant son maintien en confinement et parloirs hygiaphones ? »
Selon nos informations, Rédoine Faïd a été entendu dans un lieu très sécurisé de la prison de Vendin-le-Vieil par les enquêteurs de la BRB de Versailles qui ont fait le déplacement.
PODCAST. Vols, prison, évasions… la spirale infernale de Rédoine Faïd
Rédoine Faïd est connu pour avoir réussi à s’évader de prison à deux reprises, en 2013 avec un explosif puis en 2018 par hélicoptère. En 2023, il est condamné à 14 ans de prison pour son évasion en juillet 2018 de la prison de Réau. Il purgeait déjà des peines pour des braquages, dont l’un a coûté la vie à un policier municipal sans que Rédoine Faïd ne soit reconnu coupable.
Sa demande de levée de son régime d’isolement rejetée en décembre
Depuis, le détenu ne cesse de dénoncer ses conditions d’incarcération. Le 10 décembre 2024, Rédoine Faïd entame une grève de la faim pour contester le refus de lever son isolement en prison, qu’il juge injuste. Sa grève de la faim a pris fin cinq jours plus tard. Depuis plusieurs années, le détenu réclamait des parloirs « normaux » sans hygiaphone, ainsi que l’unité de vie familiale.
Le 2 décembre, sa demande de levée du régime a été rejetée par la chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Douai. Un jugement qui contredisait la décision d’un juge de l’application des peines de lever son isolement. « Aucun détenu n’a subi un tel traitement », nous confiait le détenu en novembre 2023 lors de notre visite à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis.