Face aux attaques de trois organisations syndicales concernant la branche low-cost de la SNCF, la compagnie ferroviaire déplore un comportement « inacceptable ».
« Si ça continue comme ça, il y a une vérité pour la sécurité des voyageurs »déplore Arnaud Marcinkiewicz, secrétaire de la CGT Cheminots, qui s’inquiète depuis plusieurs semaines des dysfonctionnements survenus sur plusieurs des 38 trains Ouigo en circulation. Prenant l’exemple d’essieux en mauvais état qui auraient pu selon eux entraîner le déraillement d’un train, la CGT, l’Unsa-Ferroviaire et Sud-Rail ont jugé la direction de Ouigo“irresponsable” laisser les trains circuler dans cet état. Dans un communiqué, les syndicats dénoncent une logique low-cost poussée à l’extrême au détriment de la qualité de service et appellent donc à la mobilisation ce vendredi à 11 heures devant le siège de Ouigo, situé gare de Lyon. Selon la CGT, entre 80 et 90 % des salariés pourraient se mettre en grève si les négociations échouent. En face, la SNCF n’a pas tardé à réagir, rejetant les propos tenus par les syndicats.
Car ces derniers ne pèsent pas leurs mots. « Sur les trois derniers mois, les TGV Ouigo ont accumulé plus d’incidents (…) et d’annulations de trains que sur les deux dernières années, tous itinéraires confondus »dénoncent les syndicats dans leur communiqué commun. « Ce que nous dénonçons, c’est le modèle low-cost qui a atteint ses limites »avec « surexploitation matérielle » sur « Matériel vieillissant »souligne la CGT Cheminots. Et si le problème n’est pas récent, Arnaud Marcinkiewicz estime qu’il y a eu un « grosse accélération » dernièrement avec “jusqu’à 7 trains immobilisés sur les 38” existing Ouigo trains. « La colère grandit, nous avons fait le choix conscient de laisser passer les vacances mais maintenant, nous tirons la sonnette d’alarme »ajoute le secrétaire de la CGT Cheminots.
Mêmes règles d’entretien
« Il est inacceptable de dire que les trains Ouigo mettent les agents et les voyageurs en danger. Les règles de maintenance et d’entretien (pour les trains Ouigo) sont exactement les mêmes que pour l’ensemble de la flotte TGV.a répondu le directeur général de Ouigo Jérôme Laffon, lors d’un point presse organisé mardi. Il a déploré les propos “irresponsable” de certains syndicats qui sous-entendent que la sécurité du personnel et des passagers pourrait être négligée, alors que le taux de pannes dans les trains Ouigo est, selon lui, “essentiellement pareil” que sur les TGV.
Pour rappel, le modèle de Ouigo repose sur des trains sans wagons-bars pour maximiser le nombre de places assises (644 par train), circulant jusqu’à 15 heures par jour et multipliant les rotations pour garantir les prix les plus bas possibles. « Un billet sur deux est vendu à moins de 30 euros sur les trains Ouigo, et à moins de 19 euros sur la branche classique »explique Jérôme Laffon. Sauf que pour tenir la cadence, un train Ouigo parcourt 700 000 km sur l’année, soit 40 % de plus que le TGV Inoui. Concernant leur maintenance, celle-ci est réalisée de nuit, dans les centres techniques, pour optimiser leur utilisation de jour.
C’est aussi ce que dénoncent les syndicats, compte tenu du manque de moyens et de personnel dans ces centres. Soulignant les inextricables “pannes matérielles”, “des retards” que cela implique mais aussi «cafards et punaises de lit »ils réclament une nouvelle politique de maintien ainsi qu’une prime exceptionnelle pour les agents en raison de conditions de travail dégradées. Selon Jérôme Laffon, aucune punaise de lit n’a été signalée dans les trains Ouigo ces derniers mois et le protocole de lutte contre les nuisibles (souvent des cafards) a été renforcé. Les rapports sur la présence de parasites sont préoccupants “deux trains par mois pour tout casser”dit-il.
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Une offre en plein développement
Ouigo a cependant décidé de renforcer son protocole de nettoyage, notamment lorsque les trains sont à quai, avec des équipes de six personnes contre quatre auparavant. “Quand on a beaucoup de monde, qu’on doit manger sur place, ça peut créer une certaine quantité de déchets”reconnaît Jérôme Laffon. Les trains Ouigo sont pleins à près de 91 % en moyenne et ont transporté 25 millions de passagers en 2025. SNCF Voyageurs prévoit d’augmenter son offre Ouigo d’ici 2027, afin de répondre à l’explosion de la demande, ces trains pouvant transporter davantage de passagers.
L’entreprise disposera de 50 rames d’ici début 2027 contre 38 actuellement. Un renouvellement du matériel actuellement en circulation est également prévu. La CGT-Cheminots dénonce de son côté le choix de la SNCF d’envoyer 14 rames en Espagne pour concurrencer Renfe sur son territoire alors “qu’ils seraient très utiles [en France] pour renforcer la circulation, améliorer les services et assurer de bonnes conditions de maintenance ». En décembre, une ONG a placé Ouigo à la 25e place sur 27 dans un classement des compagnies ferroviaires européennes, en raison d’une qualité de service jugée médiocre malgré des prix pratiqués très bas.