Aussi loin de Villeneuve que d’Herbert ! par Eric BBYoda

Aussi loin de Villeneuve que d’Herbert ! par Eric BBYoda
Aussi loin de Villeneuve que d’Herbert ! par Eric BBYoda

Mis en œuvre en 2019, donc avant le succès colossal de la version cinéma de Dune réalisé par Denis VilleneuveLa nouvelle série « prestige » de HBO se retrouve désormais dans une sorte de zone grise, ce qui semble lui coûter le succès espéré par ses producteurs. Une « double zone grise », même parce que, d’une part, on est dans une esthétique très éloignée de celle des films de Villeneuve (ne se déroulant pas sur Arrakis, d’ailleurs, pas de déserts de sable à l’écran, mais des planètes glacées et des palais qui le sont encore plus…), et d’autre part son scénario n’est même pas tiré d’un livre de Franck Herbert ! Il ne sert donc à rien d’attendre un service de fans ici, et par conséquent, nous ne voyons pas de fans affluer par milliers pour regarder la série. Diane Ademu-Jean et Alison Schapkerce qui passe pour le moins inaperçu… Précisons cependant que Denis Villeneuve était lui-même impliqué dans le projet original, qui reflétait sa fascination personnelle pour le Bene Gesserit, mais la quantité de travail nécessaire à la réalisation de ses films l’a amené à quitter le navire assez tôt…

Le scénario de Dune – Prophétie (intitulé à l’origine Dune – Fraternité) est donc une adaptation du roman La Communauté des Sœurs de Brian Herbert (le fils de Frank) et Kevin J.Andersonet raconte la montée en puissance, plusieurs milliers d’années avant les événements relatés dans Dunede la secte Bene Gesserit. L’histoire se concentre sur la trajectoire de deux sœurs Harkonnen, Valya et Tula, depuis leur jeunesse, et raconte aussi d’une certaine manière l’accession au pouvoir des Harkonnens, et les sources de la haine inextinguible entre cette maison et celle des Atréides.

Le problème d’un tel « préquel » – et c’était peut-être une des préoccupations du livre original, que nous n’avons pas lu – c’est qu’on y retrouve à la fois des éléments cohérents avec la mythologie de Duneet d’autres que nous avons du mal à nous connecter avec ce que nous savons de cet univers. La référence initiale à une guerre quasi-terminale entre les êtres humains et les « machines » (bonjour, Terminateur et Matrice !) qui a conduit à l’interdiction totale des « machines pensantes », permet d’expliquer l’aspect technologiquement « basique » du monde de l’informatique. Dune – où c’est le spirituel et la puissance de l’esprit humain qui sont devenus des outils. A l’inverse, le rôle magique, presque divin, du « ver des sables » d’Arrakis est difficilement conciliable avec la vision que l’on s’est désormais établie de ces superbes monstres, servant de montures aux Fremen !

Mais le problème de la série, en fait, c’est qu’il s’agit d’un assemblage assez disparate d’éléments de qualité variable. Pour simplifier, disons que tout ce qui est directement lié aux machinations diaboliques de Valya et aux jeux de pouvoir de la « communauté des sœurs », mais aussi aux éléments de jeunesse de Valya et Tula, est passionnant : la présence scénique et la force émotionnelle qui émane Émilie Watson et Olivia Williams permettre à chacune des scènes où ils sont à l’écran d’être stimulantes, de justifier pleinement l’existence de la série. Pour le reste, on est beaucoup moins enthousiaste : le casting général est relativement médiocre, le pire a été atteint avec l’interprétation de Travis Fimmel (très apprécié des téléspectateurs, on le sait, pour Vikings !), qui propose un jeu d’histrion caricatural, littéralement insupportable. Alors que le centre de Dune – Prophétie est, ou du moins devrait être, le duel acharné entre ces deux êtres maléfiques que sont Valya (Watson) et Desmond Hart (Fimmel), difficile de ne pas se ranger du côté de Valya face aux pitreries pathétiques de Fimmel !

Quant aux intrigues de palais entourant l’Empereur (Marquer fortqui ne trouve jamais la mesure de son rôle), ils sont trop abstraits et compliqués pour qu’on veuille s’y intéresser : il y a même un moment – ​​terrible – où l’on se rend compte qu’on n’est pas si loin du « politique » absurdité imaginée par Lucas dans la première trilogie de Guerres des étoiles… Cela montre à quel point nous leur accordons peu de crédit. A ce stade, le dernier épisode d’une heure et quart, accumulant révélations, rebondissements et retournements de situation radicaux, est la parfaite démonstration de tout ce qui ne marche pas dans Dune – Prophétie : de sérieux défauts d’écriture, et un casting trop inégal.

Y aura-t-il une suite à cette première saison ? Rien n’est moins sûr. Et il n’est pas sûr que beaucoup de monde veuille le voir…

[Critique écrite en 2024]

https://www.benzinemag.net/2024/12/25/max-dune-prophecy-aussi-loin-de-villeneuve-que-dherbert/

 
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