François Bayrou, Premier ministre depuis plusieurs semaines, a accordé une interview à BFMTV lundi soir, quelques heures après l’annonce de son gouvernement. L’occasion de clarifier vos priorités et de répondre aux premières polémiques. “Je suis convaincu que l’action que je définis devant vous et l’équipe gouvernementale garantira que nous ne serons pas censurés”, a-t-il déclaré sur le plateau de nos confrères.
Une « sorte de vote de confiance » à l’Assemblée
François Bayrou a annoncé qu’il ne solliciterait pas de vote de confiance de l’Assemblée nationale après son discours de politique générale prévu le 14 janvier 2025. « Dans la foulée de cette déclaration, il y aura une sorte de vote de confiance car « il y aura probablement être une motion de censure», a-t-il expliqué.
Il affirme respecter les forces politiques qui refusent de soutenir son gouvernement : « Je respecte le fait que les forces politiques ne veulent pas être assimilées contre leur gré dans la politique gouvernementale. » Une position qui semble déjà confirmée par La France insoumise, qui a annoncé son intention de déposer une motion de censure.
L’immigration, priorité à l’application des lois existantes
François Bayrou a également abordé la question sensible de l’immigration, rejetant l’idée de légiférer avec une « grande loi » qu’il juge inefficace. « Aucune loi majeure n’a en réalité pour vocation de communiquer », a-t-il déclaré, préférant une approche pragmatique. “Priorité à l’exécution et à l’application des mesures votées”, a-t-il ajouté.
Bayrou a évoqué la nécessité de renforcer la pression diplomatique sur les pays qui refusent de réadmettre leurs ressortissants soumis à une obligation de quitter le territoire français (OQTF). “Il faut créer des tensions avec les pays qui refusent”, a déclaré le Premier ministre, soulignant une volonté d’agir sur des points concrets plutôt que de multiplier les annonces législatives.
Réforme des retraites et finances publiques
Interrogé sur la réforme des retraites de 2023, François Bayrou a clairement exclu de suspendre ou de geler cette mesure, malgré les appels pressants de la gauche. « Non, je ne ferai pas ça. Dans quel monde vivent-ils ? », a-t-il répondu, évoquant les conséquences économiques et financières de telles décisions.
Il a rappelé l’importance de maintenir la crédibilité budgétaire de la France auprès des agences de notation : « Si leurs notes ne sont pas bonnes, alors les taux d’intérêt explosent. » Le Premier ministre s’est toutefois montré ouvert au dialogue, proposant un délai de neuf mois pour discuter des ajustements nécessaires. Il s’est dit prêt à réduire ce délai à six mois si un compromis était trouvé rapidement. Il a également appelé à un retour à l’objectif de déficit public “autour” de 5% ou “un peu plus” en 2025.
Aucune influence du Rassemblement national
Face aux critiques de l’opposition, qui pointent une possible influence du Rassemblement national dans la composition de son gouvernement, François Bayrou a fermement nié tout lien ou influence. “Il n’est pas vrai qu’une quelconque influence ait été exercée sur moi”, a-t-il insisté, affirmant ne pas avoir parlé à Marine Le Pen. Il a justifié la non-nomination de Xavier Bertrand, initialement envisagé pour la Justice, par des divergences politiques sur la vision de ce ministère. « Son approche au ministère de la Justice n’était pas la mienne », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a également admis qu’« aucun parti » n’est satisfait de la composition du gouvernement, mais il a défendu une approche « gaulliste » où ce rôle revient au Premier ministre, et non aux partis. « Les partis politiques ne devraient pas être ceux qui forment les gouvernements », a-t-il rappelé.
L’Outre-mer, un défi pour Manuel Valls
François Bayrou est revenu sur la nomination de Manuel Valls au poste de ministre d’État chargé de l’Outre-mer, un portefeuille complexe. Il l’a salué comme une personnalité « audacieuse » et « parfois un peu kamikaze ». Valls devra gérer la situation à Mayotte, récemment touchée par le cyclone Chido, ainsi que les tensions liées au coût de la vie et à l’inflation dans les départements d’outre-mer.
Par ailleurs, François Bayrou a déclaré que le bilan des victimes du cyclone Chido à Mayotte serait bien inférieur aux chiffres alarmistes initialement évoqués. Selon lui, le nombre de morts se chiffrerait en « dizaines » et non en « milliers », avec un bilan provisoire établi à 35 morts. Il a également exprimé l’espoir que les prédictions les plus inquiétantes ne se confirmeront pas.