Le ressentiment était sans doute trop fort et Xavier Bertrand a choisi la franchise. En publiant, à peine une heure avant l’annonce du nouveau gouvernement, un communiqué affirmant qu’il n’avait pas été nommé ministre de la Justice « en raison de l’opposition du Rassemblement national », le président républicain des Hauts-de-France a lancé un pierre dans l’étang. Après avoir poussé Michel Barnier à faire plusieurs concessions sur son budget, avant de décider quand même de le censurer, le RN continue de tirer les ficelles. Il sera intéressant de savoir si c’est François Bayrou ou Emmanuel Macron qui a décidé de « débrancher » Xavier Bertrand au dernier moment. Personnellement, le coup est difficile à encaisser pour ce dernier, qui paie des années de combat politique contre l’extrême droite et Marine Le Pen. Le cadeau fait par l’exécutif au chef du groupe le plus nombreux à l’Assemblée aura une autre conséquence : orienter davantage le PS vers le bloc central et François Bayrou, avec qui les discussions pour obtenir, en l’absence de coalition, un non -accord d’agression dans les mois à venir, avait déjà mal commencé. La danse des fantômes de ce gouvernement ne réchauffera pas non plus leurs relations. Le tandem musclé formé par Gérald Darmanin et Bruno Retailleau à la Justice et l’Intérieur, les nominations d’Élisabeth Borne et de Manuels Valls, anciens premiers ministres ralliés au macronisme, sont tout sauf de bons signaux envoyés à la gauche. Comme Michel Barnier, François Bayrou n’a pas réussi à élargir sa majorité et sera à la merci de la censure dès la reprise des travaux parlementaires le 13 janvier. Les Béarnais devront jouer serré, d’où le choix de s’entourer de personnalités aguerries, rompues à la vie parlementaire. négociations et compétitions politiques. Une équipe de poids lourds dont Xavier Bertrand ruminera longtemps de ne pas faire partie.
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