l’essentiel
Après 17 ans de travaux, dont 12 ans de retard, le réacteur nucléaire EPR de Flamanville a été raccordé au réseau électrique dans la nuit du vendredi 20 au samedi 21 décembre. Huit réacteurs EPR2 sont prévus.
Depuis celui de Civaux (Vienne), cela fait un quart de siècle que la France, pays qui compte le plus de centrales nucléaires par habitant, n’a pas démarré un nouveau réacteur. C’est chose faite avec le raccordement du réacteur EPR de Flamanville (Manche), dans la nuit du vendredi 20 au samedi 21 décembre.
Enfin ! Car c’est après 17 ans de travaux, dont 12 ans de retard, que ce réacteur nucléaire de nouvelle génération – le plus puissant du parc nucléaire français avec une puissance de 1 600 MW – contribuera à la production électrique de la France et constituera une étape clé dans la relance. du nucléaire souhaité par Emmanuel Macron en 2022. Une journée historique avec une facture très salée : les nombreux déboires techniques ont fait exploser les délais et le coût, estimé à 13,2 milliards d’euros par an. EDF, soit quatre fois l’estimation initiale de 3,3 milliards. En 2020, la Cour des comptes l’estimait à 19 milliards, en incluant les « surcoûts de financement ».
Le premier couplage au réseau de réacteurs EPR (à 25 % de sa puissance) a donc lieu le dernier jour de l’automne, après avoir été promis « avant la fin de l’été », puis « avant la fin de l’automne ». L’exploitation du réacteur “sera marquée par différents niveaux de puissance, jusqu’à l’été 2025, qui conclura la phase de tests”, selon EDF. Le réacteur devra ensuite fonctionner “à 100% de puissance jusqu’au premier arrêt programmé pour maintenance et rechargement du combustible appelé Visite Complète 1”, a précisé EDF, sans donner de date précise.
En mai dernier, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a donné son feu vert au chargement des 241 assemblages d’uranium de l’EPR. L’ASN a déjà prescrit le remplacement du couvercle de la cuve, qui interviendra lors du premier arrêt pour rechargement du réacteur, ce qui a inquiété les opposants historiques à l’EPR, comme le réseau Sortir du nucléaire, qui estiment que ce démarrage -les coûts en hausse, seul le coût est une erreur.
Le projet 8 EPR sera-t-il finançable ?
Le démarrage de cet EPR – jugé plus sûr, plus performant et qui réduit les volumes de déchets radioactifs de 15 à 30 % grâce à une fission plus complète de l’uranium – constitue en tout cas une étape clé pour le programme nucléaire français relancé par Emmanuel Macron. . En février 2022, le Président a lancé un nouveau programme de construction de réacteurs qui vise, aux côtés des énergies renouvelables, à garantir l’approvisionnement électrique de la France et à contribuer à la neutralité carbone.
Il avait notamment annoncé la prolongation au-delà de cinquante ans de la durée de vie de “tous les réacteurs pouvant être prolongés”, la construction de six EPR 2 sur des sites existants, par paires, à Penly (Seine-Maritime), puis à Gravelines (Nord). et enfin au Bugey (Ain) ou au Tricastin (Drôme), et le projet de petit réacteur modulaire (SMR). Fin décembre 2023, l’exécutif tablait sur le lancement des chantiers de six nouveaux EPR d’ici 2026, mais aussi la construction de 13 gigawatts de capacité supplémentaire (soit l’équivalent de huit EPR) au-delà de cette échéance. Un objectif confirmé le 12 juin par Emmanuel Macron, qui, malgré la dissolution, voulait croire que le futur gouvernement « édicterait des décisions fortes ».
Mais les dérapages des comptes publics et l’absence de cadre budgétaire pourraient tout retarder pour réaliser ces projets d’autant plus pharaoniques qu’EDF, détenu à 100% par l’Etat, est lourdement endetté. Elle vient de réduire l’enveloppe dédiée aux travaux préparatoires du futur EPR2, la faisant passer de 2 milliards d’euros à une fourchette comprise entre 1,1 et 1,3 milliard d’euros…
Un impact sur les factures ?
Reste une question : que va changer l’EPR de Flamanville, 57e Un réacteur nucléaire français, alors que la consommation électrique de la France est en baisse par rapport aux années d’avant Covid-19, d’environ 6% ? La France sera mieux armée pour faire face à des crises énergétiques comme celle de 2022, où la production nucléaire d’EDF, en raison de réparations sur plusieurs réacteurs, est tombée à 279 TWh. Cela a contraint le pays à importer de l’électricité, ce qui n’était pas arrivé depuis 42 ans.
L’arrivée de l’EPR permettra à la France de disposer de surcapacités et donc d’exporter et de mieux se préparer aux besoins électriques de la transition écologique. L’EPR ne signifiera cependant pas une réduction des factures d’électricité françaises, car le prix dépend de multiples facteurs, comme le niveau de la demande et la réaction des marchés internationaux.