Après plusieurs années de négociations, le 20 décembre 2024 marque une étape décisive dans le projet d’accord entre la Suisse et l’Union européenne. Le gouvernement bernois a validé le texte en présence d’Ursula Van der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
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La Suisse n’est toujours pas membre de l’Union européenne, mais elle s’en rapproche. Notre voisin alpin devrait en tout cas bientôt bénéficier d’un accès facilité au marché intérieur européen.
C’est le sens d’un accord-cadre négocié depuis plusieurs années entre Berne et Bruxelles. Interrompues en 2021, les négociations ont repris en mars 2024 et la conclusion a été officialisée avant les fêtes de fin d’année.
Le conseil fédéral a donné son feu vert ce vendredi 20 décembre. La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a même fait le déplacement en Suisse pour sceller l’accord avec la présidente de la Confédération Viola Amherd.
Cet accord entre l’Union européenne et la Suisse est historique. Dans cet environnement difficile, où les relations de pouvoir mondiales évoluent constamment, des partenariats solides comme le nôtre ne constituent pas seulement un avantage. Ils sont indispensables. → europa.eu/!mtPwfR
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– Ursula von der Leyen (@vonderleyen.ec.europa.eu) 20 décembre 2024 à 15h14
Le résultat des négociations est bon et bénéfique pour les deux partenaires.
Viola AmherdPrésident de la Confédération suisse
Jusqu’à présent, les relations entre la Suisse et son voisin européen étaient régies par 120 textes différents, datés et souvent obsolètes.
L’accord négocié fin 2024, parfois directement entre les Le ministre suisse des Affaires étrangères Ignazio Cassis et le commissaire européen Maros Sefcovic, vise à encadrer les futures relations bilatérales. Les négociations sont « astuce touchante »» confirmait la RTS il y a quelques jours.
Le dernier point de friction concernait sans surprise l’argent, et plus précisément la contribution de la Suisse au fonds de cohésion, qui contribue à réduire les disparités économiques entre les pays de l’UE. Enfin, Berne contribuera à hauteur de 350 millions de francs par an à partir de 2030.
Cet accord établit des règles communes qui devraient faciliter la vie quotidienne des citoyens et des entreprises des deux côtés de la frontière.
« Tout le monde a fait des efforts, il y a des concessions réciproquesexplique Christophe Grudler, député européen MoDem-Renew et rapporteur permanent du Parlement européen pour les relations avec la Suisse. C’est notre intérêt commun, qui conduit à un accord mondial.
Sur la RTS, le conseiller national genevois du Centre et vice-président du parti Vincent Maitre a reconnu ce vendredi que La Suisse a dû ressentir « extrêmement privilégié »avec «des concessions extrêmement importantes» de l’UE, “qu’aucun autre pays membre n’a obtenu”.
Si les entreprises suisses souhaitent bénéficier d’un accès privilégié au marché commun, l’inverse est vrai. Au lieu du délai de 28 jours actuellement en vigueur, les entreprises françaises du BTP ne pourront bientôt déclarer un chantier en Suisse que 4 jours avant le début des travaux. « Cela va ouvrir des marchés assez importants pour les entreprises franc-comtoises.espère Christophe Grudler, parce qu’ils sont moins chers que les Suisses.»
La Suisse n’a aucun problème à vivre sans l’Europe à court terme, mais à moyen et long terme ? Nous avons un avenir commun.
Christophe GrudlerDéputé MoDem-Renouvellement
Sur la libre circulation des personnes, principe fondateur de l’Union européenne, la Suisse a voulu obtenir une clause de sauvegarde, pour limiter l’immigration européenne. Bruxelles a cédé. La Suisse pourra même continuer à expulser les étrangers délinquants vers leur pays européen d’origine.
A l’inverse, l’Europe a imposé ses vues sur l’accès à l’aide sociale : “unAprès 5 ans de résidence en Suisse, un Européen aura droit aux mêmes aides qu’un Suisse.»précise l’eurodéputé belfortois. Quant aux travailleurs frontaliers, ils seront mieux protégés. L’accord prévoit qu’aucun emploi ne peut être réservé aux Suisses et que les étrangers doivent recevoir le même prix que les travailleurs suisses.
L’accord prévoit également l’accès de la Suisse au marché européen de l’électricité, qui lui permettra de sécuriser ses approvisionnements énergétiques, ainsi que son retour au programme de recherche Horizon Europe.
Une fois validé par le Conseil fédéral suisse, l’accord devra être ratifié au niveau européen par un vote du Conseil, puis du Parlement à Strasbourg.
Du côté suisse, il faudra aussi que le Parlement décide, mais aussi le peuple via référendum. Il devrait également y avoir plusieurs votes sur le sujet, car le gouvernement bernois souhaite diviser l’accord en quatre paquets thématiques.
Nous espérons que la Suisse sera prête à aller de l’avant. Nous pensons avoir atteint un équilibre très délicat, qui devrait être apprécié comme tel par toutes les parties
Une source diplomatique européenne à Bruxelles, à l’AFP
L’opposition à ce rapprochement entre la Suisse et les pays voisins reste forte, tant de la part des syndicats que de certains partis politiques. L’Union syndicale suisse s’inquiète du niveau des salaires et de la durabilité des services publics suisses, qu’il s’agisse du transport ferroviaire ou de l’électricité.
Le parti de droite radicale UDC critique pour sa part « le même paquet de mensonges qu’en 2021 » et parle d’un « traité de soumission à l’UE ».