Avec l’ouverture de la plateforme Parcoursup ce mercredi 18 décembre, les futurs bacheliers pourront consulter les 24 000 formations post-bac qui y sont proposées. Un numéro qui donne le tournis ? Toutefois, ces formations disponibles sur Parcoursup, qu’elles soient dispensées par des établissements publics ou privés, ne sont qu’une partie des 55 000 formations et 8 000 établissements inscrits au Répertoire national des certifications professionnelles.
Si la grande majorité des propositions de Parcoursup bénéficient d’une reconnaissance de leurs diplômes par l’État, des milliers d’autres propositions sont sur le marché, sans aucune reconnaissance ni équivalence de diplôme, ni garantie d’opportunités d’emploi. professionnels. Par ailleurs, a reconnu Patrick Hetzel, ministre de l’Enseignement supérieur, le 6 novembre dernier devant le Sénat, il n’existe pas aujourd’hui de « outil juridique qui nous permet d’exclure de Parcoursup certaines formations dont nous estimons la qualité n’est pas à la hauteur ».
Qualité de la formation, composition du corps enseignant, existence d’un campus
En présentant sa feuille de route le 19 novembre, le même ministre a enfoncé le clou : « Il y a une urgence pour faire le ménage » dans cette jungle de l’enseignement supérieur privé. Pour ce faire, Patrick Hetzel a annoncé la mise en place prochaine d’un « label de qualité de formation commun à tous les ministères « . Ce projet, déjà annoncé par sa prédécesseure au ministère, Sylvie Retailleau, devrait être opérationnel à la rentrée 2026.
Appliqué conjointement avec le ministère du Travail, puisque de nombreuses formations privées sont dispensées sous forme d’apprentissage, ce label validera un certain nombre de mesures permettant de vérifier la qualité de la formation : la composition de l’équipe pédagogique, le taux d’encadrement des étudiants, l’existence ou pas d’un campus…
« Encore faut-il sécuriser les choses d’un point de vue juridique, pour garantir qu’aucun euro d’argent public ne soit consacré à une formation qui ne soit pas de qualité. », a encore précisé le ministre, qui entend « mettre fin aux abus de certains acteurs du secteur privé. »
Le secteur privé, qu’il soit associatif ou lucratif, représente aujourd’hui 26,1% des effectifs étudiants, contre « 5% il y a 20 ans », souligne Patrick Roux, président de la Fédération nationale de l’enseignement privé (FNEP). Une progression tirée principalement par l’enseignement privé à but lucratif.
C’est donc pour réguler ce secteur en croissance exponentielle que le Conseil d’État et la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle étudient les contours de ce label, à travers un groupe de travail. Les différents acteurs de l’enseignement supérieur privé sont auditionnés au Conseil d’Etat jusqu’à la fin de la semaine sur ce sujet.
« Il existe des structures privées, à but lucratif, qui font du bon travail »
« On sait très bien que parmi les écoles privées, certaines ne sont pas sérieuses, » reconnaît le président de la FNEP. Mais il existe déjà une dizaine de labels. Plutôt que d’en ajouter un, dans le but louable de simplifier les choses et de trier le bon grain de l’ivraie, ne faudrait-il pas mieux aménager l’existant, en le soumettant à des contrôles réguliers ? »
En effet, les labels et évaluations sont nombreux et variés. Outre les diplômes nationaux, délivrés au nom d’un ministère, il existe également des diplômes de formation privée « agréés par l’État ». Certaines écoles privées à but non lucratif bénéficient du statut d’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général. C’est le cas, entre autres, des cinq Instituts catholiques (Paris, Lille, Angers, Toulouse et Lyon), de la Faculté libre de philosophie de Paris, et de l’École supérieure de journalisme de Lille.
« Toutes les formations déjà évaluées, qui confèrent un diplôme universitaire (licence, master, doctorat, ndlr), n’ont pas besoin de label supplémentaire. », estime de son côté Philippe Choquet, président de la Fédération des établissements d’enseignement supérieur d’intérêt collectif (Fesic). Mais, ajoute-t-il, si « il existe des structures privées à but lucratif qui font du bon travail, et si l’apprentissage est quelque chose de remarquable », on retrouve aussi « des structures qui créent, louent un titre RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles, NDLR) et mènent une guerre rocambolesque pour dénicher des étudiants qui payent 10 000 € par an pour une formation qui sera dispensée exclusivement par les entreprises qui les accueilleront en alternance.. »
« C’est facile d’acheter vingt ordinateurs et de dire que nous sommes une école de formation en informatiqueajoute un autre acteur du secteur. Les entreprises, en manque de main d’œuvre, n’hésitent pas à embaucher des apprentis. Et ces écoles n’hésitent pas à demander un acompte dès le mois de février, bien avant que les futurs bacheliers n’obtiennent les résultats Parcoursup… »