Retailleau reconduit sous Bayrou ? Le cas du ministre symbolise la difficulté de l’équation à résoudre

Retailleau reconduit sous Bayrou ? Le cas du ministre symbolise la difficulté de l’équation à résoudre
Retailleau reconduit sous Bayrou ? Le cas du ministre symbolise la difficulté de l’équation à résoudre
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STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP Retailleau (ici le 14 décembre 2024) est revenu au gouvernement ? Le symbole du puzzle que Bayrou doit résoudre pour durer

STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP

Retailleau (ici le 14 décembre 2024) est revenu au gouvernement ? Le symbole du puzzle que Bayrou doit résoudre pour durer

POLITIQUE – Bruno à Beauvau, saison 2 ? Alors que François Bayrou poursuit son cycle de consultations à Matignon ce mardi 16 décembre pour nommer son futur gouvernement et trouver les conditions d’une stabilité à l’Assemblée nationale, Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur démissionnaire, attire l’attention.

Il est l’une des rares personnalités à avoir émergé dans l’équipe dirigée par Michel Barnier au cours des trois derniers mois. Ses différentes offensives, contre le trafic de drogue ou l’immigration, ont marqué le débat public et l’opinion, même lorsqu’il a franchi la ligne jaune en remettant en cause l’État de droit. Signe de cette nouvelle épaisseur politique : François Bayrou l’a reçu le premier, vendredi soir, quelques minutes après son arrivée rue de Varenne.

Le Premier ministre lui a immédiatement confié la gestion de la crise à Mayotte après le passage dévastateur du cyclone Chido et le spectre d’un bilan humain tragique dans l’archipel. Bruno Retailleau est arrivé sur place lundi 15 décembre, en tant que ministre démissionnaire. Sera-t-il ministre à part entière à son retour en ? Son cas résume la difficile équation à laquelle est confronté François Bayrou.

Retailleau veut rester, sous conditions

Ce n’est un secret pour personne, Bruno Retailleau souhaite rester à son poste. Nombre de ses proches et partisans plaident en ce sens. “ Il apparaît comme l’homme fort de ce gouvernement, et les Français ne s’y trompent pas. s’enthousiasme par exemple le président du Sénat Gérard Larcher dans un entretien à Dimanche à la Tribuneen exigeant « qu’il soit renvoyé au ministère de l’Intérieur. » Même Emmanuel Macron aurait conseillé à son nouveau Premier ministre de le garder dans son équipe.

Dans le contexte actuel, le Vendéen a plusieurs atouts dans son sac. Il détient notamment la clé du soutien des Républicains à l’aventure François Bayrou à Matignon, comme le suggèrent plusieurs cadres, notamment au Sénat, où il a présidé le groupe LR pendant dix ans. ” Si le Premier Ministre lui donne les moyens de poursuivre son action politique pour rester à Beauvau, je pense que cela débouchera sur notre présence dans la future équipe gouvernementale. », a résumé le sénateur de la Haute-Saône Alain Joyandet, lundi dans les colonnes de Monde. Oui, mais à quel prix ?

Ces soutiens, 130 sénateurs et 47 députés, sont quasiment fondamentaux pour un Premier ministre en quête de stabilité. La compensation demandée en échange de ce soutien sera donc importante. En ce sens, Bruno Retailleau a déjà demandé « garanties » à François Bayrou pour être maintenu à son poste, à savoir « être confirmé dans la feuille de route qui était la sienne » sous Michel Barnier, notamment sur la lutte contre l’immigration, légale ou non.

Et ” les événements de la guerre » pour la gauche

C’est là que les choses se compliquent pour le nouvel animateur de Matignon. Les concessions qu’il doit faire à la droite, notamment à Bruno Retailleau, pourraient compromettre le pacte de « non-censure » qu’une partie de la gauche lui propose d’établir. Ce pacte qui assurerait la stabilité qui manquait à Michel Barnier quelques semaines plus tôt.

C’est aussi de l’arithmétique. Avec 66 députés, le groupe socialiste – le plus ouvert aux négociations – peut donner un bol d’air à François Bayrou s’il décide de ne pas censurer le gouvernement. Ainsi, le centriste ne serait plus à la merci des sautes d’humeur et de la menace du Rassemblement national. Mais cette bienveillance est loin d’être acquise.

Au contraire, la gauche parle de « les événements de la guerre » si Bruno Retailleau est reconduit place Beauvau, et avec lui sa ligne très conservatrice. ” C’est lui qui a lutté contre l’Etat de droit (…) S’il ne se renie pas, ce sera face à face », a par exemple prévenu Olivier Faure, le premier secrétaire du PS dimanche sur France 3, à propos de celui dont la nomination avait fait grand bruit jusque dans la macronie. Comme lui, Marine Tondelier, la secrétaire nationale des écologistes a parlé de « a priori » de la censure ces derniers jours en pointant du doigt le profil « pas apaisant » du Vendéen.

Un compromis est-il possible ?

Au fond, les Verts ou les Roses préviennent qu’ils n’accepteront pas une nouvelle loi sur l’immigration, encore moins de reprendre les propositions du précédent texte sur le sujet, poussé en décembre 2023 par les sénateurs LR (dont Bruno Retailleau à l’époque) mais rejeté par le Conseil Constitutionnel. De quoi entretenir les maux de tête à Matignon. Et déjà obscurci l’avenir de François Bayrou ?

Le chemin pour s’entendre avec tout ce beau , (à différents niveaux, LR pour la participation, la gauche pour un accord de ” non-censure “), semble dans ces conditions très difficile à trouver. Sauf à envisager quelques concessions pour dégager une première piste d’atterrissage entre ces injonctions contradictoires.

Dans ce contexte, il n’est pas anodin de voir l’entourage de Bruno Retailleau indiquer à la presse que le ministre, qui a démissionné, n’est pas forcément collé à un nouveau texte sur l’immigration. Ce qu’il avait pourtant préconisé, et obtenu, auprès de Michel Barnier. ” En termes de moyens, tout est possible, à condition que la direction et l’ambition restent les mêmes. »nous savons.

Il en faudra malgré tout beaucoup plus pour amadouer la gauche, mais aussi une partie du camp présidentiel. ” La suppression de l’AME (Aide Médicale de l’État) était un non il y a trois mois, elle reste un non aujourd’hui », nous assure par exemple un cadre du groupe dirigé par Gabriel Attal, plutôt confiant sur l’avenir des événements et la capacité des Républicains à reculer pour rester au gouvernement. Les prochains épisodes nous le diront.

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