la production d’eau minérale naturelle à Vergèze (Gard) menacée d’arrêt

la production d’eau minérale naturelle à Vergèze (Gard) menacée d’arrêt
la production d’eau minérale naturelle à Vergèze (Gard) menacée d’arrêt

Déjà en pleine tourmente depuis le début de l’année, la marque emblématique d’eau minérale naturelle Perrier voit sa réputation et son destin s’assombrir un peu. Un rapport confidentiel de l’agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie, révélé ce lundi par Radio et Le , invite Nestlé, qui en est propriétaire, à réfléchir « un arrêt de la production d’eau minérale sur le site de Vergèze », dans le Gard, seul site de conditionnement de Perrier.

L’agence déplore non seulement un risque de fraude persistant malgré les promesses de la multinationale suisse d’y mettre un terme, mais également un risque virologique. “Elle pointe du doigt la qualité de l’eau Perrier, et confirme que le plan de transformation mis en place par Nestlé n’est pas efficace pour produire une “eau minérale naturelle” qui n’est acceptable ni d’un point de vue réglementaire ni sanitaire”, analyse la sénatrice écologiste Antoinette Guhl, qui, en octobre, a publié un rapport sur cette affaire, remettant également en cause une certaine opacité des pouvoirs publics.

L’avenir de la marque et du site en suspens

Après un contrôle inopiné réalisé fin mai à Vergèze, leL’ARS suggère ainsi à Nestlé, dans un rapport en date du 30 août 2024, de « remettre en question stratégiquement une autre utilisation alimentaire possible de l’exploitation des captages d’eau minérale actuels »à condition que vous fournissiez « des garanties supplémentaires de sécurité sanitaire », rapport Le monde et Radio France. L’avenir de la marque et du site de production (qui compte un millier de salariés) dépend donc désormais d’une décision de la préfecture du Gard, qui doit décider «premier semestre 2025» sur la demande de renouvellement de l’autorisation d’exploitation de la « Source Perrier » déposée par Nestlé en octobre 2023.

La préfecture n’attend qu’ « l’avis des hydrogéologues agréés en matière d’hygiène publique »complémentaire du rapport de l’ARS, explique-t-elle à Monde. La multinationale, de son côté, se refuse pour l’instant à tout commentaire, affirmant qu’elle n’a pas encore eu « connaissance du rapport final » de l’ARS.

Trois millions de bouteilles déjà détruites « par précaution »

En janvier 2024, une enquête de France Info et du Monde avait révélé l’utilisation par Nestlé Waters, depuis plusieurs années, de traitements interdits sur ses eaux en bouteille – microfiltration, filtres UV et charbons actifs. Ils ont été utilisés pour lutter contre les contaminations, bactériennes ou chimiques, sur les puits de Vergèze – mais aussi dans les Vosges, où sont puisées les eaux d’Hépar, Contrex et Vittel. Nestlé avait reconnu ces pratiques, et J’ai arrêté d’utiliser des filtres UV et des charbons actifs.

Quant à la microfiltration, le gouvernement a obtenu, en février 2023, un assouplissement de la réglementation permettant de la poursuivre, malgré les polémiques existant autour de ce procédé. Nestlé avait également lancé une deuxième marque, Maison Perrier, qui, ne bénéficiant pas de l’appellation « eau minérale naturelle », peut subir de nombreux traitements.

En avril, le préfet du Gard a cependant dû suspendre l’exploitation d’un des sept captages en raison d’une contamination par des bactéries d’origine fécale. Nestlé a ainsi détruit quelque 3 millions de bouteilles “par précaution”. Le groupement et la préfecture avaient évoqué un événement ponctuel lié à des pluies intenses.

Traçabilité insuffisante

Au printemps, le préfet du Gard, Jérôme Bonet, a demandé à l’ARS d’Occitanie de « surveiller le bon démantèlement des traitements interdits », et de « vérifier la traçabilité et les pratiques de fabrication des produits ». “Ses conclusions sont accablantes”note Radio France.

« Le rapport confirme d’abord l’impossibilité de vérifier les différences de traitement des eaux de la « Source Perrier » et de la « Maison Perrier » », déplore Antoinette Guhl, qui avait déjà pointé ce problème de traçabilité en octobre. « Rien n’empêche le traitement des eaux minérales naturelles par des procédés non autorisés utilisés pour d’autres types d’eaux », écrit l’ARS, selon lequel « les conditions dans lesquelles l’inspection a été effectuée ne permettaient pas de garantir qu’il n’y avait pas d’autres dispositifs de transformation non autorisés cachés dans l’usine ».

L’eau n’est pas assez pure

« Ce rapport confirme en outre que le plan de transformation de Nestlé n’est pas efficace pour produire de l’eau naturelle car, si la pureté est l’une des conditions, l’émergence de l’eau Perrier n’est pas pure », poursuit le sénateur. LLes contrôles qualité effectués par Nestlé présentent en effet des résultats microbiologiques « inhabituel pour une eau minérale naturelle », à cause d’un « instabilité de l’eau » et la présence de micro-organismes interdits pour ce type d’eau.

Le rapport examine également la question de la microfiltration, estimant que son utilisation sur le site Perrier n’est pas “non réglementaire”, puisque cela conduit à « un effet désinfectant prouvé », et vise précisément « pour compenser la qualité insuffisante de l’eau brute ». Il mentionne également un « risque virologique » pour les consommateurs (adénovirus, norovirus, hépatite A)depuis « les microfiltres n’ont aucun effet de rétention sur les virus » : autre danger “connu du gouvernement depuis 2022”, selon Radio France, et déjà souligné dans le rapport sénatorial d’octobre, déplore Antoinette Guhl.

Les responsables seront bientôt entendus au Sénat

Depuis plusieurs semaines, une commission d’enquête a été constituée à l’initiative du groupe socialiste sur ce sujet au Sénat. Elle n’en est cependant qu’au début d’un chantier qui devrait durer plusieurs mois.

« Au premier trimestre 2025, les constructeurs, les différentes administrations de contrôle et les ministres chargés du dossier seront entendus. Ils rendront compte de leur action. Il appartiendra donc à la commission d’enquête d’établir
les responsabilités de chacun. Au besoin, elle pourrait informer les tribunaux de ce qu’elle estime relever de sa compétence. prévient toutefois dans un communiqué son rapporteur, le sénateur de l’Oise Alexandre Ouizille. “Un contrôle sur place sera organisé notamment dans le Gard sur le site de la marque Perrier à Vergèze dans le cadre de nos pouvoirs d’enquête”, il promet.

 
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