Handicapé à vie après un attentat à Saint-Tropez en 2015, l’avenir d’Ayoub est suspendu face à la lenteur judiciaire

Handicapé à vie après un attentat à Saint-Tropez en 2015, l’avenir d’Ayoub est suspendu face à la lenteur judiciaire
Handicapé à vie après un attentat à Saint-Tropez en 2015, l’avenir d’Ayoub est suspendu face à la lenteur judiciaire

Un corps cabossé. Un entourage brisé et un avenir en suspens. Depuis cet été 2015, tout a changé pour Ayoub Ben Saad, agressé sur la place des Lices à Saint-Tropez. Un moment sombre qui l’a laissé assommé, handicapé à vie. Près de 10 ans que son destin a basculé et que son dossier a navigué devant les tribunaux : autant d’attente pour que l’avenir de ce Tropézien de 34 ans puisse s’écrire plus sereinement, encadré par des professionnels aidants.

Sur le plan pénal, un premier jugement (21 juin 2022) a condamné l’un des 4 prévenus à 3 ans de prison. Ce dernier, qui demandait sa libération, a fait appel de sa condamnation.

À ce nouveau délai pénal s’ajoute l’attente trop longue pour l’indemnisation de la victime. Un dossier qui glisse et détruit l’espoir de sa famille.

Un long retard préjudiciable

Une lenteur “ubuesque”. selon les mots de Maître Marc-André Ceccaldi qui prend la parole pour dénoncer “le rythme d’un sénateur » dans le traitement de ce dossier particulier : “on s’approche d’un fiasco judiciaire”. C’est pour cette raison que le conseil de famille a adressé une enquête au procureur et à la cour d’appel d’Aix-en-Provence. « Ce manque de perspective est déstabilisant » : trois années d’enquête, quatre longues années encore entre l’ordonnance de renvoi et l’audience pénale du 31 mai 2022. Depuis, « Nous sommes déjà 29 mois après le jugement sans date d’audience. Ce retard a une double répercussion car il entrave également le recours des parties civiles à une justice compensatoire », Cadre Me Ceccaldi.

Parce que ce volet de compensation est ralenti par la CIVI (1) qui préfère attendre le prochain événement judiciaire, peut-on lire dans une lettre. “Malgré des demandes répétées, la CIVI conditionne la fixation d’une audience à l’achèvement de la procédure de recours”, explique Me Ceccaldi, alors que ce droit à indemnisation ne fait l’objet d’aucune contestation, et qu’un accord a été trouvé avec le fonds de garantie des victimes. Cette compensation est néanmoins indispensable pour financer la présence quotidienne des soignants auprès d’Ayoub.

« Les retards sont plus que déraisonnables» protesta l’avocat. « Cette situation exceptionnelle aurait mérité un traitement judiciaire prioritaire en raison de la gravité des faits » : un jeune homme « laissé pour mort sur la place des Lices à Saint-Tropez ».

Lorsque nous revoyons Ayoub chez ses parents, il nous accueille avec le sourire lointain de l’enfance. Ses propos sont pleins de bienveillance mais finissent par boucler la boucle. « Je ne suis pas capable de descendre seul au village »dit-il dans un élan de lucidité, avant de disparaître dans son fauteuil.

Famille en souffrance

Une perte d’autonomie permanente, plombée par des troubles cognitifs. Une souffrance partagée par ses frères et sœur. « Cela a complètement changé nos vies et nous sommes toujours penchés vers cet avenir »indécis, témoigne Adnan. Ayoub a passé plusieurs mois entre la vie et la mort, “on lui a même dit au revoir”. Aujourd’hui, son destin est en jeu : « Comment gérer l’après ? C’est un sujet qui nous hante. Nous n’avons toujours pas pleuré la perte de l’Ayoub d’avant, car la procédure n’est pas terminée. Notre frère a besoin d’une aide quotidienne. Nos parents sont fatigués, vieux.ouipsychologiquement, c’est épuisant.

Il ne reste désormais que la justice, la compréhension et la diligence, qui pourraient éclairer l’avenir d’Ayoub, à jamais changé.

(1) Commission d’indemnisation des victimes d’actes criminels.

 
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