Dans les dernières heures chaotiques avant forces rebelles pris d’assaut Damas et terminé Bachar al-AssadSous le régime d’une main de fer, le président syrien avait déjà fui le pays. Son départ, entouré de secret, a marqué l’effondrement brutal de son régime en place depuis 24 ans et de l’emprise de sa famille sur la Syrie depuis 50 ans. Alors que l’horloge avançait dimanche matin, Assad avait déjà abandonné son siège au pouvoir, laissant derrière lui un gouvernement désorienté. Ses collaborateurs ont été tenus au courant de ses projets, certains n’apprenant son départ qu’après coup.
Départ secret
Les derniers jours du régime d’Assad ont été marqués par la confusion et le secret. Les forces rebelles avaient lancé une offensive dans le nord de la Syrie le 27 novembre et, à la fin du mois, le régime avait perdu le contrôle d’Alep. Alors que les rebelles se dirigeaient vers le sud, capturant Hama et Homs, Assad restait à Moscou, où sa femme suivait un traitement contre le cancer. Pendant ce -, il a faussement assuré à ses collaborateurs que le soutien russe viendrait, les induisant à tort en leur faisant croire que l’assistance militaire arrêterait l’avancée des rebelles.
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Le samedi suivant, à la veille de la chute de Damas, des préparatifs pour un discours ont eu lieu au palais présidentiel, a rapporté l’agence de presse AFP. Le conseiller médiatique d’Assad a été chargé de rédiger un discours pour une réunion politique qui devait avoir lieu le lendemain matin. Mais le soir venu, la situation avait pris une tournure inattendue. Assad, qui avait demandé ce discours, a cessé de répondre aux appels et son directeur des médias, Kamel Sakr, est également resté silencieux. Dimanche à 2 heures du matin, alors que les forces rebelles approchaient de la capitale, l’appareil gouvernemental d’Assad a commencé à se désintégrer. Les forces de sécurité et les hauts responsables ont abandonné leurs postes et les soldats ont fui la capitale, laissant Damas étrangement vide. Le gouvernement avait perdu le contrôle.
Alors que la panique s’installe, un responsable du palais raconte le chaos des dernières heures : « Nous ne savions même pas si le président était toujours au palais. C’était inimaginable qu’il soit déjà parti”, a déclaré à l’AFP un responsable du palais.
« Les plans d’évasion étaient cachés à la famille »
Alors que l’effondrement de son régime devenait imminent, Assad a gardé secret son projet de fuir la Syrie pour presque tout son entourage. Il a trompé ses collaborateurs, ses responsables et même sa propre famille alors que la situation à Damas se détériorait. Des sources ayant une connaissance directe des événements ont déclaré à Reuters qu’Assad ne s’était confié à personne sur ses intentions. Ses dernières heures en Syrie ont été marquées par une série de fausses assurances adressées à ses commandants militaires et par un départ calculé qui a laissé beaucoup de gens dans le noir.
À la veille de son évasion, Assad a déclaré lors d’une réunion de responsables militaires et sécuritaires au ministère de la Défense que le soutien russe était en route, les exhortant à maintenir leurs positions.
“Il a dit à ses commandants et associés après son voyage à Moscou qu’un soutien militaire allait arriver”, a déclaré à Reuters le chef de la principale opposition syrienne à l’étranger, Hadi al-Bahra. « Il leur mentait. Le message qu’il a reçu de Moscou était négatif.»
Quelques heures plus tard, alors que la capitale était au bord de l’effondrement, Assad partait pour Moscou sans informer personne de son départ. Son propre directeur du bureau présidentiel, s’attendant à ce qu’il rentre chez lui après le travail, a été perplexe lorsqu’Assad s’est dirigé vers l’aéroport.
L’évasion a été calculée et entourée de secret. Le frère d’Assad, Maher, commandant de la 4e division blindée d’élite syrienne, a été exclu du plan et a ensuite fui en Irak avant de se diriger vers la Russie. Pendant ce -, les cousins maternels d’Assad, Ehab et Eyad Makhlouf, ont tenté de fuir mais ont été pris en embuscade par les rebelles : Ehab aurait été tué et Eyad blessé.
Prise de contrôle rebelle
Le départ soudain d’Assad, parallèlement à l’effondrement de ses forces militaires, a ouvert la voie à l’entrée rapide des insurgés à Damas. Dimanche matin, les rebelles avaient pris le contrôle de la capitale, marquant la fin de la dictature d’Assad qui durait depuis plusieurs décennies. Malgré la rapidité de leur victoire, les insurgés étaient conscients de la nécessité de rassurer une population meurtrie par des années de guerre. Alors que la foule se rassemblait dans les rues, certains combattants insurgés cherchaient à apaiser les craintes d’un régime extrémiste. Hayat Tahrir al-Sham, le groupe en tête, a promis de créer un gouvernement inclusif, mais de nombreux Syriens s’inquiètent de leurs liens passés avec des groupes extrémistes.
Pendant ce -, les puissances internationales se sont empressées de façonner la transition en Syrie. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est entretenu avec des alliés régionaux, appelant à la formation d’un gouvernement intérimaire non sectaire.