Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad, la communauté chrétienne vit dans l’inquiétude, même si le groupe islamiste HTS multiplie les messages rassurants.
Les Maronites peuvent-ils faire confiance au nouveau Premier ministre syrien ? Nommé mardi 10 décembre pour assurer la transition à la tête du pays, Mohammed al-Bashir a promis calme et stabilité. Le pape François a pour sa part exprimé mercredi le souhait que « que le peuple syrien puisse vivre en paix et en sécurité sur sa terre bien-aimée et que les différentes religions puissent marcher ensemble dans l’amitié et le respect mutuel ». Mais, en Syrie, la communauté chrétienne n’est pas rassurée par l’arrivée au pouvoir des rebelles islamistes.
Michelle, qui vit dans le quartier Bab Touma, le quartier chrétien de la vieille ville de Damas, se souviendra de la première fois où elle a croisé la route des nouveaux maîtres de la ville. « Quand je suis allé rendre visite à mon père, j’ai vu plusieurs rebelles sortir d’une voiture. Ils avaient de longues barbes et ils ont commencé à crier “Dieu est grand”. !’. J’étais mort de peur.confie-t-elle. Et cette peur n’a pas laissé Michelle anxieuse à l’idée d’être opprimée parce qu’elle est chrétienne. “Nous avons vu ce qui s’est passé après la chute du régime en Irak, comment les chrétiens ont été persécutésinquiète le croyant. Depuis dimanche, je pense quitter le pays, d’autant plus que j’ai de la famille en Australie.
« Nous avons peur de ne pas être acceptés, de ne pas pouvoir suivre nos traditions, ni de pouvoir prier librement. »
Michelle, chrétienne syriennesur franceinfo
Ce sujet revient souvent dans les conversations au sein de la communauté chrétienne, notamment après la messe. «C’est la première fois en trois jours que je quitte ma maison. Même mon fils, qui est jeune, je ne l’ai pas laissé sortir, » raconte Myriam, une habituée. Nous sommes restés enfermés dans la maison, la porte à double verrouillage, parce que nous avions peur qu’ils entrent de force dans notre maison. Ce soir, je ne suis sorti que pour aller à la messe.
Pourtant, ces rebelles islamistes font tout pour rassurer la population, estime William, la cinquantaine : « Quand nous les rencontrons dans la rue le matin, ils nous saluent. Ils se comportent très bien, c’est remarquable. On sent qu’ils veulent laisser les chrétiens tranquilles. Mais si la situation se détériore, je partirai. »
« Cette tolérance durera-t-elle ?”, » demandent les chrétiens syriens. L’archevêque maronite de Damas, Samir Nassar, veut y croire. « Pour l’instant, ils ont montré un visage apaisé. Il n’y a aucune raison pour que cela change. Ils ont déjà toléré : nous avions dans leur région, autour d’Idlib, trois paroisses chrétiennes qui restaient protégées par les musulmans», assure le chef spirituel. Afin d’apaiser les inquiétudes, Abou Mohammed al-Joulani, le chef du groupe islamiste HTS, a promis la sécurité aux minorités religieuses, notamment chrétiennes.