Le fondateur de La France insoumise appelle ses partenaires de gauche « à ne pas détruire » le Nouveau Front populaire. Quelques heures avant une rencontre entre Emmanuel Macron avec notamment les socialistes, le PCF et les écologistes, Jean-Luc Mélenchon prophétise que les négociations « n’aboutiront pas ».
Un absent qui se fait entendre. Près d’une semaine après la chute de Michel Barnier, La France insoumise ne sera pas à la table des négociations avec Emmanuel Macron ce mardi 10 décembre. Le reste du Nouveau Front populaire sera bien présent. De quoi pousser Jean-Luc Mélenchon à faire pression sur ses alliés.
« Je continue d’espérer qu’ils ne seront pas assez stupides pour aller jusqu’au bout de ce processus. Qu’ils n’entrent pas au gouvernement, qu’ils ne détruisent pas le NFP”, a déclaré le fondateur du mouvement lors d’un meeting à Redon (Ille-et-Vilaine) lundi soir.
« Méfiance » et « affaiblissement » de la gauche
La réunion à l’Élysée vise à trouver « une nouvelle méthode » comme l’a expliqué Emmanuel Macron, avec l’espoir de trouver un futur Premier ministre et un gouvernement qui puisse éviter d’être censuré dans les prochains mois.
La France insoumise n’a pas été mentionnée comme faisant partie des négociations lors de l’allocution présidentielle de la semaine dernière, tout comme les écologistes et les communistes.
Mais le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a demandé vendredi au chef de l’Etat de contacter toutes les composantes du Nouveau Front populaire.
Résultat : tout le monde sera présent à l’Élysée ce mardi après-midi à l’exception de LFI. Du côté présidentiel comme des rebelles, personne ne souhaite une telle rencontre.
« Tout cela (les négociations pour former un gouvernement, ndlr) n’aboutira pas. C’est du - gagné, de la méfiance qui s’installe entre nous, de la suspicion, de l’affaiblissement», a jugé Jean-Luc Mélenchon lundi soir.
« Dans un jour ou deux, un peu penauds, ils reviendront »
En effet, Emmanuel Macron ne croit pas à la volonté de compromis de LFI, nécessaire si ses députés voulaient faire partie de la coalition. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon appelle, quant à lui, à la démission du chef de l’Etat à qui il reproche de ne pas avoir pris en compte les résultats des élections législatives surprises de juin dernier, lorsque la gauche était arrivée en tête au second tour.
Ces derniers jours, la gauche s’est déchirée sur l’opportunité de revenir au gouvernement ou de ne pas censurer un éventuel gouvernement. Si Olivier Faure a déjà indiqué que les socialistes n’entreraient pas au gouvernement « sans un Premier ministre de gauche », le communiste Fabien Roussel n’en fait pas « un préalable ».
Quant à Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes a déjà prévenu qu’il n’était pas question de participer « à un gouvernement » avec « LR ou des macronistes ».
Conclusion de Jean-Luc Mélenchon à ses partisans : « Je vis avec l’idée qu’ils n’y arriveront pas (construire une coalition avec le centre ou la droite, ndlr) et que dans un jour ou deux, un peu penauds, ils reviendra » au sein de la coalition de gauche.
Difficile de lui donner tort sur le papier : parmi les possibles noms qui circulent pour Matignon, des personnalités du centre et de la droite comme le patron du Modem François Bayrou ou le ministre de la Défense Sébastien Lecornu reviennent avec insistance, loin d’un virage à gauche.
Quant à « un vrai changement de cap » réclamé par les socialistes ou les communistes comme la suspension ou l’abrogation de la réforme des retraites, Emmanuel Macron n’en a pas encore dit mot.