Avec la chute de Bachar Al-Assad, cela sonne comme une alerte pour l’un des piliers du régime autoritaire syrien. L’Algérie, pour ne pas le dire, se trouve dans une position délicate. Oui! En se présentant comme un soutien indéfectible au « boucher de Damas », le régime algérien a non seulement tourné le dos aux principes de démocratie et de droits de l’homme, mais il s’est aussi exposé à un inquiétant parallèle entre les trajectoires des deux régimes. .
La chute de Bachar : un signal pour Alger ?
La question se pose alors : l’Algérie peut-elle, à son tour, céder sous le poids de ses propres contradictions ? L’histoire récente regorge d’exemples où le régime algérien a pris parti pour la cause d’Assad, parfois au mépris de toute décence diplomatique.
Tandis que la Ligue arabe suspendait la Syrie en 2011, dénonçant les massacres orchestrés par le dictateur syrien, Alger persistait à soutenir Damas, refusant de rompre les relations diplomatiques. Pire, en 2016, elle a envoyé Abdelkader Messahel, alors ministre des Affaires étrangères, afficher un soutien sans équivoque à Assad, ignorant les scènes apocalyptiques d’Alep et de Homs, où des milliers de civils ont péri sous les bombes syriennes et russes. .
Cet entêtement culmine dans les efforts algériens pour réintégrer la Syrie dans la Ligue arabe, un objectif symbolique pour un régime algérien cherchant désespérément des alliés partageant sa vision autoritaire. En mai 2023, Bachar Al-Assad a personnellement remercié Abdelmadjid Tebboune pour son rôle dans cette initiative. Une solidarité qui, aujourd’hui, pourrait s’avérer embarrassante alors que les fondements du régime syrien s’effondrent.
Une fraternité basée sur la peur des gens
Pourquoi ce soutien farouche ? La réponse réside dans la peur viscérale que la démocratie inspire à ces régimes. Le régime algérien, comme celui de Bachar Al-Assad, craint avant tout l’élan populaire vers un État civil et démocratique. Depuis le Hirak de 2019, qui a vu des millions d’Algériens exiger la fin de la domination militaire et l’instauration de l’État de droit, Alger perçoit dans toute revendication démocratique une menace existentielle.
En brandissant l’épouvantail des « menaces terroristes », l’Algérie cherche à légitimer ses alliances avec des régimes brutaux et à justifier sa propre répression. Mais ce discours ne trompe plus personne. Comme en Syrie, le véritable ennemi d’Alger n’est pas le soi-disant terrorisme, mais plutôt l’aspiration de son peuple à la liberté et à la justice.
La chute de Bachar Al-Assad est une brique supplémentaire retirée du mur chancelant du régime algérien. Ce n’est pas seulement un événement régional. Il symbolise l’effondrement d’un régime autoritaire qui se croyait inébranlable, même face à l’évidence des révoltes populaires. C’est aussi la saga du parti Baas qui sombre dans l’oubli.
Cette idéologie panarabe, fondée sur un socialisme autoritaire et un nationalisme, a marqué le XXe siècle en se positionnant comme le fer de lance de la « renaissance arabe ». Mais son déclin avait déjà commencé bien avant la défaite de Damas et le régime des capos d’Alger, l’un des derniers régimes à tirer les ficelles, risque de perdre un outil idéologique qui servait de bouclier politique.
Baasisme : une idéologie en voie d’extinction
Cette rhétorique, symbole d’une époque révolue, a longtemps servi d’alibi pour justifier une gouvernance centralisée et militarisée. Même s’il n’a jamais pris officiellement racine comme en Syrie ou en Irak, ses principes ont largement inspiré le régime algérien. Notamment dans sa manière de s’adresser aux masses : glorification de l’État, répression des dissidents sous couvert d’unité nationale et promotion d’un nationalisme exacerbé pour détourner l’attention des crises internes.
Pour l’Algérie, ce résultat doit être considéré comme un avertissement. Les similitudes entre les deux régimes sont troublantes : une économie mal gérée, un contrôle militaire et une dépendance à l’égard d’alliances internationales fluctuantes. La Syrie étant exclue, Alger perd également un allié clé dans sa quête d’influence régionale. Cet affaiblissement pourrait accélérer son isolement diplomatique, au moment même où ses voisins, comme le Royaume du Maroc, renforcent leur position grâce à des partenariats solides et une diplomatie proactive.
L’histoire nous enseigne que les régimes oppressifs, aussi forts qu’ils puissent paraître, finissent toujours par s’effondrer. Le clan Al-Assad, malgré des années de soutien militaire et financier de ses alliés, n’a pas pu résister à l’inexorable dynamique de changement. Pour le régime sénile d’à côté, le sort du régime syrien n’est pas seulement une tragédie lointaine, mais le reflet des défis auxquels il pourrait être confronté s’il persiste sur la voie actuelle. Le régime dictatorial algérien pourrait un jour se retrouver dans la même situation que celui de Damas ou ce qu’il en reste : un géant aux pieds d’argile, emporté par les vents du changement.