à son procès, l’ancien leader des Zouaves d’extrême droite Marc de Cacqueray cite Camus et nie catégoriquement

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à son procès, l’ancien leader des Zouaves d’extrême droite Marc de Cacqueray cite Camus et nie catégoriquement
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Marc de Cacqueray-Valmenier, au tribunal de Bobigny le 6 décembre 2024. ALAIN JOCARD / AFP

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Narratif Le tribunal a jugé ce vendredi les violences commises contre des militants de SOS Racisme lors d’un meeting de l’ancien candidat à la présidentielle Eric Zemmour. Sur le banc, une figure connue de l’extrême droite : Marc de Cacqueray-Valménier. 18 mois d’emprisonnement, dont neuf mois réglables sous bracelet, ont été requis.

Dans la salle brique et bois du tribunal de Bobigny, les militants de SOS Racisme occupent la quasi-totalité des bancs. Onze d’entre eux se sont portés partie civile, pour avoir été grièvement battus, le 5 décembre 2021, lors d’un meeting du candidat à la présidentielle Eric Zemmour, au parc des expositions de Villepinte. Quelques minutes après le début du discours, ces militants se sont levés du fond de la salle et ont grimpé sur des chaises. Sur chacun de leurs t-shirts, une lettre, l’ensemble formant cette phrase : « Non au racisme ». Aussitôt les chaises et les coups pleuvent. “Un lynchage”ils ont chacun témoigné, certains avec des voix tremblantes, à la barre : « Nous avions très peur. »

Une figure bien connue de l’extrême droite

Parmi leurs agresseurs, seuls deux ont été clairement identifiés, et comparaissent devant le tribunal ce vendredi 6 décembre. L’un a été très rapidement identifié sur les réseaux sociaux : Marc de Cacqueray-Valménier, 26 ans, ancien leader des Zouaves de Paris, un néo- Groupe nazi désormais dissous. Aux commandes, large corpulence, tempes rasées, mains croisées derrière le dos, jambes bien plantées, il répond avec une assurance tranquille aux questions du président.

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« Vous êtes une figure reconnue de la mouvance politique d’extrême droite »commence celui-ci. “Malgré moi, mais je le confirme”, ironise le jeune homme en évoquant son « Quart d’heure warholien » : « J’ai connu une surmédiatisation. » Aujourd’hui, il travaille de manière permanente dans une entreprise de sécurité. « Pourquoi ce secteur ? »le président est surpris. “Je suis le premier à être désolé, répond calmement Marc de Cacqueray. Je suis diplômé d’un Master 2 RH et issu d’une des dix meilleures écoles de commerce françaises, j’avais débuté une carrière satisfaisante, dans de grands groupes, j’ai contracté un prêt étudiant de 15 000 euros, j’ai fait des petits boulots du soir… Tout a été arrêté par ma couverture médiatique. Travailler dans le tertiaire et dans les ressources humaines avec ce qu’on dit de moi, c’est impossible. Je suis obligé de pleurer cette carrière professionnelle. »

Il dit qu’il n’a pas frappé

Marc de Cacqueray-Valménier a déjà été condamné pour des faits de violences, notamment contre un barreau antifa [antifascistes, mouvement d’extrême gauche, NDLR]à Paris. Il nie ces actes lorsque le président le lui rappelle. « Mais vous avez été condamné ! » »l’interrompt ce dernier, interloqué. Il nie, comme il nie avoir été un leader de groupes d’extrême droite, comme il nie les actes qui lui sont reprochés aujourd’hui. Non, il n’a pas frappé : «J’étais assis. » Aux questions du président lui demandant s’il se reconnaît dans les vidéos et les photos, il répond ” Négatif “comme dans l’armée. Et ironiquement :

« Comme dirait Camus, j’étais parmi eux, et pourtant j’étais seul. »

«Quand vous êtes allé en Azerbaïdjan, que faisiez-vous là-bas au moment de la guerre du Haut-Karabakh», demande le président. “Je ne vois pas en quoi cela concerne les violences que je conteste aujourd’hui”répond le prévenu en ajoutant : « J’y ai effectué des missions humanitaires. » Des sourires dans la salle.

« On voit dans un article une photo où vous posez en treillis avec un symbole SS… Niez-vous que ce soit vous ? »insiste le président. « Oui. » Le juge poursuit : « Chez vous, on retrouve aussi des éléments des Zouaves Paris. » Il répond : « Les enquêteurs ont retrouvé ces autocollants dans une boîte, au fond d’un placard de la chambre de mes parents, dont j’avais oublié l’existence, cela ne prouve pas que j’ai commis des violences ! »

“J’ai une vie équilibrée”

Le procureur prend le relais. « Vous êtes dans le déni de cette violence, que l’on retrouve pourtant tout au long de votre parcours… De quoi rassurer la justice ? » Il se gratte la gorge. « Écoutez, je pense que… la violence est… euh. Dans une certaine mesure, dans une certaine mesure même, opposé à l’engagement intellectuel. Mais c’est ce qui me caractérise : bac mention bien à 16 ans, deux années de classe prépa, une des dix meilleures écoles de commerce de , diplômée de master 2… Je n’ai jamais été violent quand je fais du sport, je lis, je travaille à la préparation. une œuvre philosophique. Ces éléments correspondent à quelqu’un qui a une vie équilibrée. Je me marie à la fin de l’année et je veux fonder une famille. » Peut-être avec cette jeune femme dont il semble proche, attentif sur son banc, bottes à talons chics, veste cintrée à carreaux, grosses lunettes de soleil noires posées sur des cheveux en soie. Un style qui contraste avec celui des militants de SOS Racisme du coin.

Gwendal CP, 21 ans, est le deuxième accusé à avoir été identifié. « Type caucasien, yeux bleus, 1,75 m »» comme l’a décrit l’un des militants de SOS Racisme agressés, qui l’avait d’ailleurs déjà croisé lorsqu’il était écolier. “Personne ne vous connaît, monsieur.”dit le président à Gwendal. Comme Marc de Cacqueray, il nie avoir frappé. Et pourtant ce sweat-shirt noir avec une grosse ligne blanche, à la marque reconnaissable, bien visible sur les vidéos, et retrouvé lors de la perquisition à son domicile ? « Des vêtements portés par n’importe qui »il répond. Il rejette toute proximité avec les Zouaves. Dans sa chambre, les enquêteurs ont retrouvé des drapeaux et des autocollants « Génération Identité », « GUD », un drapeau français avec croix celtique, un drapeau confédéré, des slogans typiques. « Premier geste barrière : contrôler les frontières »…éléments “trouvé sur internet”il a dit, ou “cadeaux”.

Le président plaisante : « On ne peut pas refuser un cadeau… De là à l’afficher dans sa chambre… Ce ne sont pas des groupes de reggae ! » Rires dans la salle. Lui aussi a été reconnu coupable de faits de violences commises en réunion. « Participation à une bagarre ? »demande le président. “Non, mais ça ne s’est pas passé comme ça.”assure-t-il. « Comme dirait Cacqueray : « La justice a souvent tort » »ironise le président.

Séquelles psychologiques

Impassibles, Marc de Cacqueray et Gwendal CP ont écouté les victimes parler des séquelles psychologiques, trois ans plus tard. Peur de la foule, perte du sommeil… Le président a posé la question au président de SOS Racisme, Dominique Sopo : « Aviez-vous mesuré les risques ? » Une jeune femme, dont le visage ensanglanté avait fait le tour des réseaux sociaux, a répondu :

«On entendait que le milieu d’extrême droite était dangereux, mais en 2021, on ne pensait pas que c’était possible. Nous nous attendions à être emmenés par la police, pas à cette haine. J’ai été touché et j’ai entendu « Salope ! Rentre chez toi ! » »

Les deux prévenus sont restés impassibles, écoutant toujours les avocats des victimes, MM. Sacha Ghozlan et Ivan Terel, décrire «Cette jeunesse qui fait honte à la France, violente, pétrie de haine, qui se rassemble en meute, xénophobe, raciste, antisémite, néo-nazie […] Une violence qui a une histoire. »

Ils ont écouté attentivement l’avocat de Gwendal CP, Me Fabrice Delinde critique « procès de militants »articles de journalistes qui visent leur « mort sociale »et détruisons SOS Racisme “qui envoie des enfants se battre contre des enfants tout aussi stupides.” Ils ont écouté l’avocat Cyrille Dutheil de la Rochère affirmer qu’il n’y a aucune preuve de la culpabilité de son client.

Ils ont finalement écouté le procureur insister sur le fait que ce procès n’est pas celui «des idées politiques, mais des actions violentes». Pour Marc de Cacqueray, qui n’a pas manifesté “amendement” sur ses convictions – « Cela fait beaucoup d’erreurs judiciaires, quatre condamnations pour des faits de violences »elle a plaisanté – elle a besoin « 18 mois d’emprisonnement, dont neuf mois modifiables sous bracelet, et neuf mois assortis d’un sursis probatoire de deux ans » avec notamment obligation de soins psychologiques pour “amenez-le à réfléchir à ses actes violents”. Pour Gwendal CP, qui n’a été condamné qu’une seule fois, elle requiert une peine de 10 mois d’avertissement avec sursis simple. L’affaire est réservée jusqu’au 16 janvier, 13h

 
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