LLe ciel s’assombrit pour Viktor Orban. Selon la dernière enquête de l’Institut Median, réalisée du 20 au 26 novembre auprès de 1.200 personnes, son parti, le Fidesz, n’a recueilli que 36% d’intentions de vote, soit une baisse de trois points en à peine trois semaines. . Face à lui, le parti Tisza de Peter Magyar consolide son avance avec 47% d’intentions de vote. Un écart inédit de onze points en faveur d’un opposant alors que Viktor Orban domine la scène politique depuis quatorze ans.
Plus inquiétant encore pour Viktor Orban, la proportion de Hongrois souhaitant un changement de gouvernement a bondi de dix points en cinq mois. Dans la population totale, le Fidesz tombe à 27%, perdant cinq points en quelques semaines. La présidence hongroise de l’UE et le sommet de Budapest organisé au stade Puskas dont elle était fière n’ont pas inversé la tendance. Les Hongrois le jugent aujourd’hui à ce qu’ils ont dans leur assiette…
L’étau financier se resserre
Car cette mauvaise passe politique est alimentée par une situation économique plus difficile. L’inflation record de 2023 (17%) reste élevée cette année (près de 4%) alors que la moyenne de l’UE est tombée à 2,3% en novembre 2024. Selon la Commission européenne, la dette devrait atteindre 74,3% du PIB en 2024. , porté par une croissance nominale plus faible du PIB et un déficit budgétaire élevé : 5,4% du PIB (la France n’a pas trop de leçons à donner).
Comme sept autres pays, la Hongrie est soumise à la procédure de déficit excessif. Il a présenté sa trajectoire budgétaire à moyen terme le 4 novembre, mais c’est le seul pays pour lequel la Commission n’a pas encore rendu son évaluation. Le délai nécessaire de 6 semaines n’est pas expiré.
Plus inquiétant encore, la Hongrie risque de perdre définitivement un milliard d’euros de fonds européens d’ici la fin de l’année si elle ne met pas en œuvre les réformes exigées par Bruxelles dans le cadre de la conditionnalité de l’État de droit. La Commission considère que la Hongrie n’a pas encore établi de règles satisfaisantes en matière de marchés publics, ni pris les mesures nécessaires pour l’efficacité de l’action du ministère public, la lutte contre la corruption, la transparence des fondations d’intérêt public et la prévention des conflits d’intérêts. La Commission européenne maintient ainsi le gel de plus de 16 milliards d’euros destinés aux régions les plus pauvres et à la relance post-Covid. Un étranglement financier qui ne facilite pas la tâche du gouvernement Orban.
Un adversaire qui frappe là où ça fait mal
C’est dans ce paysage qu’apparaît Peter Magyar, ancien proche du pouvoir devenu son principal adversaire. L’ancien époux de la ministre de la Justice Judit Varga a adapté sa stratégie : plutôt que d’attaquer Orban sur des questions d’État de droit chères à Bruxelles, il pointe du doigt la dégradation des services publics et la dégradation du niveau de vie des Hongrois.
Son discours devant le Parlement européen en octobre, prononcé devant Orban lui-même, en témoigne. « Le Smic est de 668 euros. En Slovénie, 1 253 euros. En Pologne, 1 000 euros, dit-il comme une comparaison cruelle. En Roumanie, les salaires ont été multipliés par cinq et la nourriture est devenue 20 à 30 % moins chère », insiste-t-il. Il est cependant douteux que les Roumains soient ravis, car près de 40 % d’entre eux viennent de voter pour des partis d’extrême droite justement pour exprimer leur lassitude face à l’inflation et à la corruption endémique des socialistes au pouvoir.
Viktor Orban joue la carte de Donald Trump
Peter Magyar s’en prend aux défaillances du système de santé. « Un Hongrois sur trois meurt avant d’atteindre 65 anse anniversaire. Il manque 40 000 infirmières dans le système. Il n’y a ni détergent, ni désinfectant, ni papier toilette dans les hôpitaux », dit-il. Il dénonce également l’exode des jeunes, un phénomène qui n’est pas propre à la Hongrie. « Un jeune Hongrois sur deux âgé de 18 ans envisage de quitter la Hongrie », dit-il, soulignant que plus d’un million de Hongrois ont déjà quitté le pays pour chercher une vie meilleure à l’Ouest.
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“Nous savons tous que la fin est proche et que les mers sont déchaînées”, a conclu Peter Magyar devant le Parlement européen. « Quelles que soient vos menaces, des millions de Hongrois, brique par brique, étape par étape, reprendront leurs maisons et nous construirons une Hongrie pacifique, européenne et vivable. »
Demandé par Le pointLe bureau de Viktor Orban n’a pas répondu à nos demandes de commentaires. Le Premier ministre a encore le - de voir les choses venir : les prochaines élections législatives n’auront lieu qu’en avril 2026. Et surtout : il compte désormais moins sur l’indulgence de Bruxelles que sur le soutien de Donald Trump.