Des députés des partis de gauche à l’Assemblée nationale à Paris
par Stefano Rebaudo
La prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir de la dette française plutôt que des Bunds allemands a baissé jeudi, malgré la chute du gouvernement de Michel Barnier, le marché ayant déjà pris en compte l’instabilité politique en France, selon les analystes.
Le Premier ministre français sortant doit présenter ce jeudi sa démission au président de la République, le gouvernement ayant été renversé mercredi par une motion de censure, un événement sans précédent depuis 1962 qui ouvre une nouvelle période d’incertitude politique majeure, six mois après la dissolution de l’Assemblée nationale.
L’écart entre les rendements français et allemands à 10 ans, mesure de la prime exigée par les investisseurs pour détenir la dette française, s’est rétréci à environ 80 points de base (pb) après avoir atteint 90 pb lundi, son niveau le plus élevé depuis 2012.
Compte tenu de l’évolution des prix des jours précédents, les opérateurs de marché disent s’attendre à une réaction modérée, voire à une réaction de type « achetez la rumeur, vendez l’actualité ».
Selon les analystes, la France entrera dans une crise à combustion lente qui pourrait entraîner une nouvelle détérioration de la solvabilité de sa dette et une faible croissance économique.
Ils ont rappelé que dans le projet de loi de finances, le gouvernement visait 60 milliards d’euros de réductions de dépenses et de hausses d’impôts pour ramener le déficit à 5,1% du produit intérieur brut (PIB) en 2025.
“Au final, la très probable prolongation du budget 2024 à 2025 implique une politique budgétaire moins restrictive que prévu en termes de recettes fiscales et cohérente avec ce qui était prévu en termes de dépenses publiques”, écrit Charlotte de Montpellier, économiste à ING.
Les coûts d’emprunt de la zone euro ont légèrement augmenté jeudi avant la publication vendredi des données sur l’emploi aux États-Unis, ce qui pourrait affecter les perspectives d’assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence de la zone euro, a augmenté de 2,1 pb, à 2,076%, contre 2,033% la semaine dernière, son plus bas niveau depuis début octobre.
Le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré mercredi que l’économie américaine semblait plus forte qu’elle ne l’était en septembre, ce qui pourrait inciter la banque centrale à être plus prudente dans ses prochaines baisses de taux.
“Alors que les bons du Trésor américain se sont stabilisés en fin d’après-midi (mercredi) suite à la déception de l’indice ISM des services et à l’affaiblissement des indicateurs du marché du travail, la valorisation de “l’euro commence à devenir tendue avant la probable baisse de taux de 25 points de base de la Banque centrale européenne la semaine prochaine”, » note Hauke Siemssen, stratège taux chez Commerzbank.
L’euro s’échange à 1,0530 $, non loin du plus bas de deux ans atteint fin novembre, à 1,0332 $.
(Reportage de Stefano Rebaudo ; version française de Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)