Mort ce dimanche à l’âge de 75 ans, monstre de la scène et du cinéma récompensé de trois Césars et d’un Molière, Niels Arestrup est salué à juste titre comme l’immense acteur qu’il fut. Mais il n’a pas laissé que de bons souvenirs à ses pairs…
Le monde du cinéma et du théâtre est en deuil après l’annonce du décès de Niels Arestrup à l’âge de 75 ans, ce dimanche 1er décembre. Bien qu’il ait débuté sa carrière sur grand écran en 1973, il a dû attendre les années 2000 pour recevoir ses premières nominations aux César. Il a remporté trois statuettes du meilleur acteur dans un second rôle : en 2006, 2010 et 2014, respectivement pour Le battement de mon cœur s’est arrêté, Un prophète et Quai d’Orsay. Grand acteur de théâtre, il a joué dans une quarantaine de pièces, et a remporté un Molière en 2020.
Si les hommages sont unanimes pour saluer la mémoire du grand acteur qu’il fut sans doute, tous ses pairs n’ont pas, loin de là, gardé de bons souvenirs de l’homme. À plusieurs reprises, Niels Arestrup a été accusé de violences par ses partenaires.
“Malheureusement, je n’ai rien de positif à dire sur cet homme”
En 1979, sur le tournage de La Dérobade, il crève le tympan de Miou Miou. « Elle avait le tympan complètement éclaté ! Je le lui ai pourtant dit, comme si Daniel Duval qui réalisait le film, qu’il fallait simuler, mais elle a insisté, elle voulait que ça paraisse réel… Le même jour, je lui ai cassé le coccyx Marie Schneider… » a-t-il rappelé dans un portrait-interview qu’il a accordé au quotidien Libérationen 2007.
« Malheureusement, je n’ai rien de positif à dire sur cet homme. Mon souvenir du partenaire de théâtre reste un traumatisme important » a commenté Isabelle Adjani, à l’annonce du décès d’Arestrup. Si l’actrice a présenté ses condoléances à la famille de l’acteur, elle n’a pas oublié la gifle qu’il lui a donnée en 1983… Cette année-là, elle a quitté la salle. Mademoiselle Julie par August Strindberg au Théâtre Edouard VII, dans lequel elle jouait avec Niels Arestrup, qui l’avait giflée.
L’intéressé va nier, expliquant au premier abord que c’est elle qui a été la première à le gifler. Mais il ne sera pas cohérent dans ses déclarations. En 1999 dans Télérama, il avait reconnu avoir giflé l’actrice, avant de revenir sur sa déclaration deux ans plus tard sur le plateau du talk-show. Tu ne peux pas plaire à tout le monde animé par Marc-Olivier Fogiel. Qui a pointé la contradiction dans ses différentes déclarations à ce sujet. A-t-il ou non donné une violente gifle à Isabelle Adjani ? “Je ne sais pas, je devais être ivre.”
“Je le déteste et il sait pourquoi”
C’est encore une histoire de gifle qui a terni sa réputation en 1996. L’actrice Myriam Boyer, la mère de Clovis Cornillac, a été licenciée pour « faute grave »alors qu’elle jouait aux côtés d’Arestrup dans la pièce Qui a peur de Virginia Woolf ?pour lequel la société de l’acteur était responsable de la majorité de la production.
Si la pièce met en scène un couple qui se déchire lors d’une violente scène domestique, Myriam Boyer accuse Arestrup de l’avoir presque étranglée. Porter l’affaire devant les tribunaux, elle a ainsi raconté la séquence vécue :
« Lors de la scène d’étranglement, j’ai dû me défendre car il me serrait trop fort le cou. Puis, lors d’une scène de tendresse où je lui tendais mon bras, il l’enroula autour de mon cou. à tel point que j’ai eu du mal. Lorsque je me suis plaint, Niels Arestrup a déclaré que je l’avais giflé. Comme il est coproducteur de la série, il avait commencé à me déstabiliser bien avant. voulait que je m’effondre, parce qu’il ne supporte pas d’avoir devant lui une actrice qui existe. Myriam Boyer a obtenu gain de cause devant le tribunal, obtenant 800 000 francs de dommages et intérêts.
Dans ce contexte, on comprend mieux les propos de Clovis Cornillacalors qu’il venait faire la promotion de Belle et Sébastien 3 au micro d’Europe 1, dans l’émission Bonjour France animé par Daphné Bürki. Invité à commenter la nomination d’Arestrup au César 2018 du meilleur second rôle dans Goodbye Up, Cornillac a déclaré :
«Je déteste cet homme. C’est un des rares… mais il sait pourquoi, pas de problème ». On continue un peu plus loin : « Il y a des gens qui se comportent mal et des gens qui se comportent mal, en général, ce sont des gens que je n’aime pas… »