D’abord mannequin pour financer ses cours au Cours Florent, Noémie Merlant a rapidement été confrontée aux injonctions oppressantes de ce milieu. « On vous demande d’être très mince. Pourtant, j’étais déjà très maigre, mais jamais assez. » Entre anorexie et boulimie, elle traverse huit années de souffrance avant de trouver refuge au cinéma, espace où elle commence à s’épanouir.
C’est grâce à son père qu’elle décide de se lancer dans le théâtre. « Il m’a dit : prends un an de congé, découvre ce qui te passionne. » Ce conseil a changé sa vie. Petit à petit, elle se découvre une vocation qui la conduit vers le cinéma, où elle se révèle à travers des films engagés, questionnant la place des femmes et les rapports de domination.
Le cinéma comme espace de réinvention
Avec le film « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma, Noémie Merlant connaît un tournant majeur. « C’est un film qui parle d’écoute, de collaboration et de regard horizontal. Cela a tout changé pour moi. » Ce tournage devient pour elle un moment fondateur, tant artistiquement que personnellement.
À travers son dernier film, « Femmes au balcon », elle explore la quête d’identité et de liberté des femmes. Noémie incarne Élise, une comédienne en pleine remise en question, qui rejoint ses amis pour se retrouver et se réinventer. « C’est un film sur la place qu’on se donne dans le monde, et comment on décide de ne plus se laisser écraser. »
Une réflexion sur les relations hommes-femmes
Marquée par des expériences de prédation dès son arrivée à Paris, Noémie raconte comment ces reportages ont façonné sa vision. « À 17 ans, je pensais que tous les hommes étaient comme mon père : respectueux. Mais très vite, j’ai été confronté à des comportements et des agressions toxiques. » Ces épreuves lui ont donné envie de déconstruire ces dynamiques, que ce soit dans sa vie personnelle ou dans son art.
Aujourd’hui, Noémie trouve un équilibre dans une relation basée sur le respect et l’écoute. « Avec mon conjoint, nous essayons de faire un voyage ensemble. Cela donne beaucoup d’espoir et de paix. »
De l’ombre à la lumière
Oscars, nominations, collaborations avec Simon Bouisson et Adèle Haenel… A 35 ans, Noémie Merlant s’impose comme une actrice et réalisatrice incontournable. Entre pudeur et engagement, elle réclame un cinéma qui montre les corps sans les objectiver, et qui célèbre l’érotisme dans une perspective libérée de l’oppression patriarcale.
« Aujourd’hui, j’ai enfin le sentiment d’avoir ma place. Comme si ma vie était passée du noir et blanc à la couleur. »
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