Jeudi, la tentative de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN) d’abroger la réforme des retraites de 2023 a échoué face à l’obstruction du camp présidentiel. Malgré une majorité en faveur de l’abrogation à la chambre, des centaines d’amendements déposés par la coalition macroniste ont empêché un vote avant la fin des débats à minuit.
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a dénoncé « une macronie finie » et promis une offensive la semaine prochaine. “Le premier vote pour abroger réellement la réforme aura lieu mercredi prochain, avec la censure qui permettra de faire tomber le gouvernement Barnier et d’annuler cette retraite à 64 ans”, a-t-elle déclaré. Marine Le Pen a également critiqué « les manœuvres obstructionnistes » de la majorité, mais reproché à la gauche de ne pas avoir soutenu une proposition similaire du RN en octobre, dénonçant un « pur sectarisme ».
Une victoire symbolique
Malgré l’absence de vote final, les opposants à la réforme ont remporté une victoire symbolique en rejetant, par 241 voix contre 100, des amendements visant à vider le texte de sa substance. « Il y a une majorité à l’Assemblée et dans le pays pour l’abrogation », s’est réjouie Clémence Guetté, députée LFI.
La journée a été marquée par des débats houleux, avec des motions d’ordre répétées et plusieurs suspensions de séance. L’incident le plus marquant s’est produit dans la soirée, lorsque le député MoDem Nicolas Turquois a accusé un socialiste de ne pas avoir dénoncé les menaces reçues par sa famille. « Ma famille a été menacée ! Et ce sont des gens de votre village ! », aurait-il déclaré, avant de quitter l’hémicycle sous la surveillance des huissiers.
Tactiques similaires en 2023
Face aux accusations d’obstruction, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a rappelé que la gauche avait elle-même usé de tactiques similaires en 2023 pour bloquer la réforme initiale. « Vous vouliez empêcher les votes à l’époque, avec 19 000 amendements déposés. Aujourd’hui, vous critiquez quelques centaines d’amendements ? », a-t-il rétorqué.
LFI et le RN se tournent désormais vers la motion de censure prévue mercredi prochain. Si le gouvernement utilise l’article 49.3 pour adopter le budget de la Sécurité sociale sans vote, une coalition d’opposants pourrait renverser le gouvernement. “Ce qui est sûr, c’est que cette réforme sera abrogée, la question est juste de savoir quand”, a déclaré Ugo Bernalicis, rapporteur du texte.