Tombera, ne tombera pas ? Le microcosme politique se prépare à la chute du gouvernement Barnier, prophétisée pour la semaine prochaine. Quatorze députés et sénateurs sont parvenus à un accord mercredi en commission paritaire sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Dernière étape avant le vote solennel du « budget Sécu », lundi à l’Assemblée. Qui n’a aucune chance – c’est désormais une certitude – d’être adopté régulièrement.
Michel Barnier a donc précisé mardi soir, sur TF1ce qu’il fera “certainement” adopter les textes budgétaires sans vote, comme le permet l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Le Nouveau Front populaire a confirmé en début de semaine, par la voix de Mathilde Panot, qu’il répondrait à cela par une motion de censure contre le gouvernement. Il sera débattu quarante-huit heures après son dépôt, le 4 décembre.
En cumulant leurs votes ce jour-là, les groupes de gauche, les députés du Rassemblement national (RN) et leurs alliés de l’Union des droites obligeraient Michel Barnier à soumettre sa démission et celle de son gouvernement au président de la République. Mais cela priverait la France de budget. Une hypothèse à laquelle l’Élysée, Matignon et les grands chefs du « socle commun » ont longtemps refusé de croire, au nom de ” responsabilité “ de leurs adversaires.
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Un krach budgétaire ne serait pas sans conséquences
Le « coalition des opposés » redouté par Michel Barnier est pourtant bien en place. Elle est prête à voter, ce jeudi, à l’Assemblée, l’abrogation de la réforme des retraites 2023. Soutenue par La France insoumise (LFI), elle disposera des voix du Rassemblement national et des députés des autres partis du Nouveau Front populaire, socialistes inclus… enterrant au passage leur propre réforme tourangelle de 2013. Seul recours de la présidentielle. camp, pour ne pas perdre la face lors de cette séance, sera de pratiquer l’obstruction parlementaire.
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C’est déroutant, mais force est de constater que nous en sommes là : un bloc d’opposition s’est constitué, déterminé à arrêter la machine au prix de contradictions et d’alliances contre nature, face à un pouvoir minoritaire réduit à recourir à des tactiques dilatoires pour tenir le coup.
Parmi ses tentatives de dernière chance figure la multiplication des messages alarmistes diffusés ce week-end : blocage de la Carte Vitale, du paiement des retraites et des salaires des fonctionnaires prédit par Élisabeth Borne sur les plateaux de France 2 et LCI ; « Scénario grec » synonyme de mise sous tutelle financière du pays pour cause de faillite brandie par Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, en Le Parisien… Ce à quoi Marine Le Pen et Manuel Bompard (LFI) ont répondu, séparément mais simultanément, que ces risques étaient, voire inexistants, très exagérés.
Ils n’ont pas tort sans avoir tout à fait raison, et leur empressement à faire en sorte qu’une pluie de criquets ne s’abatte pas sur la France montre bien que les ténors du RN et de LFI sont prêts à jeter le bébé avec l’eau du bain. L’effondrement du budget, même si la Commission européenne a validé, ce mercredi, la trajectoire de redressement des comptes publics présentée par la France, ne sera certes pas cataclysmique, mais non sans conséquences non plus. La confiance de nos partenaires et investisseurs dans notre capacité à sortir de l’ornière en prendrait un coup. Et personne ne sait quel impact cette perte de confiance aura sur les marchés financiers. Ni, par extension, sur l’économie du pays, très loin d’être au meilleur de sa forme.