rond-point enflammé, barrages filtrants… « si rien ne change, une mobilisation régionale est prévue le 12 décembre »

rond-point enflammé, barrages filtrants… « si rien ne change, une mobilisation régionale est prévue le 12 décembre »
rond-point enflammé, barrages filtrants… « si rien ne change, une mobilisation régionale est prévue le 12 décembre »

l’essentiel
A l’appel de la FDSEA et des JA de l’Ariège, une centaine d’agriculteurs ont exprimé leur colère ce mercredi 27 novembre dans le département.

Ce mercredi 27 novembre 2024, les agriculteurs ariégeois ont une nouvelle fois exprimé leur colère. Après avoir campé sur le rond-point du Sabart à Tarascon-sur-Ariège depuis 10 heures, les agriculteurs se sont dirigés vers la sous-préfecture de Saint-Girons en début de soirée.

Bien avant leur arrivée, une demi-douzaine de gendarmes emmitouflés sécurisaient déjà les lieux. Pendant que les militaires attendent dans le froid, les agriculteurs s’arrêtent à Montjoie-en-Couserans pour décorer leurs machines avec des drapeaux aux couleurs des syndicats.

Il est 20h45, le bruit des klaxons qui jouent des airs de musique populaire et le rugissement des moteurs commencent à se faire entendre. « Nous sommes ici parce que le gouvernement n’a pas tenu toutes ses promesses. Sans oublier le traité du Mercosur, qui enfonce le clou en ouvrant la porte à la viande sud-américaine qui viendra nous concurrencer », explique un jeune agriculteur au volant de son pick-up noir.

“Couserans agriculture in danger”

Devant son véhicule, des manifestants déroulent une longue bâche en plastique noir. Armés de bombe de peinture, ils gravent en lettres orange : « Agriculture du Couserans en danger ». « Nous allons déployer la banderole sur la façade de la sous-préfecture, même si nous savons qu’elle sera rapidement retirée », clame un éleveur. Sous le regard des manifestants, un agriculteur grimpe sur le toit du bâtiment officiel pour fixer la bâche. Une action symbolique devant la représentation de l’Etat dans le département pour faire passer un message aux hauts lieux.

Pourtant, dans le département, les relations entre les agriculteurs et la préfecture sont plus que cordiales. « Ici, en Ariège, c’est un peu différent par rapport aux autres départements. Nous avons quand même la chance d’avoir un préfet à l’écoute», ajoute Baptiste Pujol, président du canton du Couserans et secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de l’Ariège.

“On nourrit la , mais on n’arrive pas à se faire entendre”

Pourtant, malgré cette oreille attentive, la colère est bien ancrée. « Nous nourrissons la France, mais nous n’arrivons pas à nous faire écouter. Nous en avons marre d’être bousculés. Des lois et des contraintes s’ajoutent à nous… Nous ne pouvons plus travailler. Ce que nous demandons avant tout, c’est une simplification administrative et que nous puissions vendre nos produits à leur juste valeur», insiste le jeune homme.

Autre sujet de tension : le Mercosur. « Nous nous imposons des contraintes et, en même temps, nous acceptons des produits étrangers qui ne sont pas soumis aux mêmes normes que nous. Nous ne voulons pas de cet accord», tonne Baptiste Pujol. En effet, en autorisant l’importation de viandes à bas prix produites dans des conditions différentes, le traité de libre-échange menace la compétitivité des producteurs français soumis à des normes strictes.

Après une trentaine de minutes, le convoi lève le camp et se dirige vers le rond-point de Prat-Bonrepaux pour une action de filtrage. « Nous n’allons rien endommager, nous ne sommes pas des bandits. Ce que nous voulons faire, c’est ouvrir les camions et prendre des photos des produits étrangers pour les montrer au préfet, en espérant qu’il en fasse part au plus haut sommet de l’État. Nous ne voulons rien jeter comme cela a été fait ailleurs, c’est du gaspillage alors que les gens meurent de faim», insiste Baptiste Pujol.

Une centaine de manifestants

Sur le chemin, des riverains sont à leurs fenêtres, devant leur porte ou au bord du trottoir, certains en pyjama, smartphone à la main, filmant le passage des tracteurs ou levant les bras en l’air en signe de sympathie. Au total, plus d’une centaine de participants et une trentaine de machines ont répondu présents.

Vers 22h20, le cortège est enfin arrivé à destination. Immédiatement, un camion-benne chargé de bois a commencé à décharger son chargement au niveau du rond-point avant d’y mettre le feu. Un tracteur prend le relais avec une botte de foin pour alimenter les flammes. Un épais panache de fumée blanchâtre s’élève dans la nuit et envahit immédiatement la zone.

Installés sur des accès stratégiques, les autres agriculteurs démarrent le barrage filtrant. A cette heure tardive, les quelques voitures ne restent bloquées que quelques secondes. « La semaine dernière, c’était pour sensibiliser le public ; cette fois, c’est pour faire passer notre message à l’Etat. La situation est pire que l’hiver dernier… Cela ne peut plus durer. Il nous faut un vrai plan, pas seulement des mesures d’urgence», insiste le président de la FDSEA de l’Ariège, Sébastien Durand.

Une certaine frustration

Rassemblés devant « le feu de la colère », une bonne partie des manifestants attendent patiemment le passage des camions frigorifiques, qui tardent à pointer au bout de leur châssis. « On ressent une certaine frustration. On a compris que certains camions étaient détournés pour éviter de passer par là», regrette Sébastien Durand.

Il est 23h30, le premier poids lourd part dans la nuit. «Je n’ai que de la glace», prévient le chauffeur. Après vérification, le chauffeur, qui venait de livrer des restaurants à Varilhes, a repris sa route. Face à ce maigre butin, Sébastien Durand, Baptiste Pujol et Gilles Morère – agriculteur à Gajan et président pour le canton du Couserans de la Fédération nationale des syndicats agricoles (FNSEA) – montent sur un tracteur pour revigorer la foule et relancer le mouvement. atmosphère.

Mobilisation régionale le 12 décembre

« Je sais que certains s’impatientent et pensent qu’il faut aller plus loin […] Un feu tricolore au rond-point aujourd’hui, c’est une facture de 30 000 euros demain, mais ce n’est rien si c’est pour nous faire entendre. On a commencé par les panneaux, puis le tunnel… Ce sont des petites actions pour ne pas s’épuiser et il ne faut pas non plus s’aliéner l’opinion publique. Mais si rien ne change, une mobilisation régionale de grande ampleur est prévue le 12 décembre à l’aéroport de Blagnac », affirme Sébastien Durand sous les applaudissements.

Il est 1 heure du matin, les lampadaires sont éteints depuis plus d’une heure. Le « feu de la colère » continue d’être alimenté par des bennes remplies de bois et des bottes de foin pour maintenir les troupes éveillées, en attendant 4 heures du matin, heure officielle de fin de la manifestation.

 
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