La négociation entre Drahi et ses créanciers bloquée

La négociation entre Drahi et ses créanciers bloquée
La négociation entre Drahi et ses créanciers bloquée

Selon une personne proche du dossier, “il s’agit d’une tentative d’extorsion et de chantage, l’entreprise n’a pas intérêt à se départir d’un actif”. Dans les prochaines semaines, les prêteurs ouvriront des litiges, assure cette même Source. Pour Timothée Gagnepain, avocat spécialisé en restructuration de dettes pour le cabinet McDermott Will & Emery, « les fonds veulent maximiser leurs profits et n’hésitent pas à aller loin et à utiliser l’arme du contentieux ».

Lire aussiAltice entame son démantèlement

Un accord en vue pour Drahi et ses créanciers

Lors du premier round de discussions, chaque camp a fait un pas vers l’autre. Les prêteurs des 20 milliards d’euros de dette sécurisée – c’est-à-dire garantis par des actifs – et Patrick Drahi s’étaient mis d’accord sur le principe d’un versement de 2,6 milliards d’euros et d’une réduction de dette en échange d’actions. Reste à négocier les montants.

Le patron de SFR – et 17e fortune professionnelle de la – s’est dite prête à payer immédiatement 2,6 milliards d’euros en échange de l’annulation de l’ancienne dette et de l’établissement d’une nouvelle, de 13,7 milliards, à un taux d’intérêt moyen de 6,5%, et du déplacement en échéances de remboursement à 2029 et 2031. Soit une répit de deux ans par rapport aux échéances actuelles. En contrepartie, les créanciers pourraient obtenir 18% du capital d’Altice France.

Dans un contre-projet, ces derniers, emmenés par les cabinets Gibson, Dunn & Crutcher et Rothschild & Co, demandaient plus : une nouvelle dette de 14,4 milliards d’euros, un taux d’intérêt à 7,5% et une augmentation de capital à 34%.

Un accord de coopération

Mais les négociations ne sont pas allées plus loin pour l’instant et Patrick Drahi a préféré mettre XpFibre hors de leur portée. “Les discussions sont extrêmement longues car chaque créancier a des intérêts divergents, personne n’a acheté la dette au même prix”, met en perspective un banquier d’investissement. En provoquant ses créanciers, Patrick Drahi pourrait vouloir les pousser à revendre leurs dettes à moindre prix et ainsi négocier avec de nouveaux profils.

Les créanciers de la dette garantie ont uni leurs forces dans un accord de coopération, ce qui leur permet de parler d’une seule voix. Près de 95 % des créanciers de la dette garantie, soit 18,5 milliards d’euros sur les 20 milliards d’euros, ont signé l’accord qui court jusqu’en février 2026.

Plan B by Patrick Drahi

En attendant de trouver un accord, Patrick Drahi, conseillé par la banque Lazard, déroule son plan B, qui sera appliqué si le milliardaire et ses prêteurs ne trouvent pas de compromis. “XpFibre a été placé dans un panier sur lequel la direction d’Altice France pourrait lever de nouvelles dettes, explique un banquier. Celle-ci aurait la priorité sur l’ancienne dette. » En clair, pour rembourser ses échéances les plus proches, Patrick Drahi pourrait s’endetter à nouveau, et créer une nouvelle pyramide de la dette.

Timothée Gagnepain rappelle que dans cette négociation, chacun joue son rôle. « Il y a beaucoup de bluff, de coups de poker et une escalade dans la manifestation d’un rapport de force mais chaque camp a intérêt à trouver un accord, chacun veut sauver sa peau et repartir avec le plus d’argent possible, c’est un jeu financier classique. » Le premier round de négociations étant désormais clos, la partie de poker se poursuit en coulisses.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV « J’ai envoyé un petit mot à Damien Gillard ce matin… »
NEXT pourquoi l’IGGN a-t-il été saisi ?