ce soldat toulousain combat en Ukraine

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Par

Marie-Dominique Lacour

Publié le

26 novembre 2024 à 7h12

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Tom (prénom modifié) est parti Toulouse pendant trois mois pour rejoindre leUkraine. Embauché comme buteur (tir à courte portée) par l’armée ukrainienne au sein de la 80e brigade d’assaut aérien, le jeune trentenaire a souhaité partager son témoignage avec Actualités toulousainespour « décrire la réalité de la guerre » et éviter « l’invisibilisation totale » de cette conflit meurtrier qui dure depuis plus de 1000 jours.

Acte : Il y a quelques mois, vous avez fait un choix fort : démissionner d’un poste plutôt confortable à Toulouse pour rejoindre l’armée ukrainienne. Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre une telle décision ?

Tom : Quand j’étais militaire en , j’ai rencontré beaucoup de gens d’Europe de l’Est, dont de nombreux Ukrainiens. Ils m’ont montré ce qui se passe ici et ça me touche. Récemment, j’ai été embauché dans une entreprise de sécurité privée pour un grand groupe, j’ai donc quitté un travail ennuyeux pour faire quelque chose de significatif.

Comment s’est passée votre arrivée ?

T : Au début, je me suis impliqué dans la Légion internationale. Je n’étais pas convaincu, alors je suis retourné voir le recruteur à Lviv, qui m’a proposé de rejoindre la brigade dans laquelle je suis actuellement. Ils cherchaient un tireur avec mon profil : je suis un « tireur d’élite », tireur d’élite. L’équivalent d’un tireur d’élite à bout portant.

Je suis d’abord allé dans un camp d’entraînement près de la Roumanie, puis dans un autre près de Kyiv. Depuis un mois, je suis en situation réelle à Soumy, tout près de la province russe de Koursk.

Est-il dangereux?

T : Très. Les missions sont quasi quotidiennes, reconnaissance, sabotage, protection de ceux qui sont en première ligne. En tant que militaire, j’étais déjà allé au Nigeria et en Côte d’Ivoire mais cela n’avait rien à voir car ici, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Le pays est constamment bombardé par la Russie, qui cible les civils.

Il y a quelques jours, il y a eu une énième grève totalement gratuite dans un immeuble ; douze morts, dont trois enfants ! Chaque jour, ils frappent la population pour saper son moral par tous les moyens possibles. Parfois, vous vous sentez plus en sécurité pendant la mission que lorsque vous n’êtes pas en service.

Tom et ses camarades se trouvent à Soumy, près de la région russe de Koursk, où la bataille fait rage. (©Indicatif Zero -Sniper)
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L’horreur…

T : Il y a des choses auxquelles vous ne vous habituerez jamais. Tuer des gens, voir les autres mourir, dans mon rôle c’est inévitable. Mais faire face quotidiennement à d’horribles blessures de guerre, à des membres arrachés, à des civils massacrés, c’est autre chose. Les Russes ne respectent rien, ils utilisent même des armes chimiques comme le phosphore blanc, qui peuvent brûler pendant plusieurs jours et vous ronger jusqu’aux os. Cette guerre est très sale.

Quelle est la stratégie de la Russie ?

T : Dans les airs, un drone plane constamment au-dessus de nos têtes et les attaques de missiles sont imprévisibles et redoutables. Sur le terrain, la technique russe est un surplus : une marée humaine permanente. Ici, nous l’appelons le « hachoir à viande », que l’on peut traduire par hachoir à viande. Leurs hommes sont de la chair à canon. Ils n’ont aucune expérience : c’est une armée de conscrits, pas de volontaires. Certains n’ont que deux semaines de formation. Mais leur force, c’est leur nombre !

L’élection de Trump a redynamisé les Russes – on le sent clairement, ils jettent encore plus de forces dans la bataille malgré des pertes records -. Et les Ukrainiens sont contraints de battre en retraite lorsqu’ils n’ont plus de munitions.

À quoi ressemble la vie quotidienne ?

T : Nous sommes divisés en appartements civils ; nous nous déplaçons souvent pour éviter les frappes ciblées. L’eau n’est pas potable, nous dépendons de la livraison des bouteilles. La nourriture ne manque pas mais il faut être prudent : récemment, des soldats sont morts après avoir mangé de la nourriture empoisonnée, « offerte » par des civils. Les Russes tentent de nous atteindre par tous les moyens.

Soldat de formation, Tom s’engage pour six mois comme « tireur d’élite », tireur d’élite à courte portée. (©Indicatif Zéro – Tireur d’élite)

L’électricité est coupée presque tous les jours, pendant au moins huit à neuf heures. Parfois c’est prévu, parfois non. Ces dernières semaines, la Russie a intensifié les grèves sur les sites énergétiques. On craint l’hiver qui approche…

Combien de temps comptez-vous rester ?

T : Je suis bénévole sous contrat, embauché pour six mois. Si je quitte le pays avant, ce serait une désertion, je pourrais aller en prison. Avec ma copine, restée à Toulouse, nous nous sommes fixés un an maximum. Elle compte me rejoindre pour prendre des photos. J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose, mais je sais qu’agir pour l’Ukraine est aussi important pour elle que pour moi.

Un dernier message à faire passer ?

T : La guerre continue et elle est loin d’être terminée : les Ukrainiens n’accepteront jamais un cessez-le-feu tant que certains de leurs territoires seront violés.
Les dons diminuent. À mon avis, la priorité est de donner aux organismes qui aident les civils et ceux qui participent aux soins. Le message est que nous ne devons pas oublier ce qui se passe ici. Ne vous y habituez pas.

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