“Les députés doivent envoyer un message à Bruxelles”, estime Antoine Vermorel Marques

“Les députés doivent envoyer un message à Bruxelles”, estime Antoine Vermorel Marques
“Les députés doivent envoyer un message à Bruxelles”, estime Antoine Vermorel Marques

Bleu Saint-Etienne Loire : C’est vous qui avez initié ce vote. Vous en avez suggéré l’idée à Michel Barnier. Était-il indispensable que les politiques soutiennent formellement la mobilisation des agriculteurs ?

Antoine Vermorel Marques, député LR de la 5e circonscription de la Loire : C’était essentiel à la fois pour les agriculteurs, mais aussi pour les consommateurs. L’enjeu du Mercosur, c’est l’importation de viandes qui ne respectent aucune de nos normes, qui sont nourries dans des conditions exécrables, par exemple avec du maïs traité avec des produits phytosanitaires interdits en France depuis plus de 20 ans pour des raisons sanitaires. C’est donc un sujet pour les agriculteurs, mais c’est aussi un sujet pour nous tous, pour nos enfants, à la cantine notamment.

On sait que l’assemblée a été particulièrement désunie ces dernières semaines. Attendez-vous toujours un soutien massif cet après-midi ?

Je l’espère car c’est un soutien que nous devons apporter à nos agriculteurs. C’est un message qu’il faut aussi envoyer à Bruxelles pour dire que la représentation nationale, l’ensemble des députés en France, sont opposés à cet accord de libre-échange tel qu’il est actuellement composé. J’espère qu’avec ce vote nous pourrons exprimer l’unanimité de la représentation nationale. J’espère que nous réussirons et que nous mettrons de côté les querelles politiques pour envoyer vraiment un message de soutien très fort à nos agriculteurs.

Ce ne serait qu’un message puisque c’est la Commission européenne qui prendra la décision. As-tu encore du pouvoir ?

Nul ne peut siéger lors d’un vote, même indicatif, d’un parlement national. Ce que nous demandons à la Commission européenne, c’est de ne pas dissocier l’accord et de faire en sorte qu’il y ait un vote une fois l’accord signé, avant son entrée en vigueur, au Parlement européen, mais aussi dans les parlements nationaux. Ce que la France va faire est un peu avant-gardiste par rapport à ce que nous souhaitons pour l’avenir puisque cela voudra dire que si nous obtenons de la Commission européenne l’absence de dissociation de l’accord, il y aura à nouveau un vote en France Assemblée, mais aussi à l’Assemblée allemande, à l’Assemblée italienne, à l’Assemblée polonaise. C’est ce qui nous permettra probablement de bloquer l’accord.

Vous serez le porte-parole du groupe Les Républicains lors de ce débat à l’Assemblée nationale. Êtes-vous, petit-fils d’agriculteurs, une fierté ?

C’est une dette que je leur dois. Ce n’est pas seulement une question de fierté. Je préférerais monter sur le podium dans un autre contexte. Ce que je vois chaque jour chez moi, c’est cette race emblématique du nord du territoire, le Charolais. A la maison, on en prend soin, on le nourrit avec l’herbe fraîche des pâturages, on le caresse, on le brosse, on l’appelle par son prénom. De l’autre côté, en Amérique du Sud, cette même vache vit dans des exploitations de 800 à 10 000 têtes, nourries par la déforestation de l’Amazonie. C’est un modèle de production complètement différent, qui ne correspond pas à ce que nous souhaitons chez nous pour nos enfants, pour nos petits-enfants.

Il faudra encore entendre les autres secteurs favorables à ce traité de libre-échange, le marché de la beauté, les viticulteurs, les producteurs de chocolat qui verraient une réduction des droits de douane. Pourquoi leur accorde-t-on si peu d’importance dans le débat ?

Il ne s’agit pas de leur accorder si peu d’importance, il s’agit simplement de reconnaître qu’il existe une différence de nature entre un régime alimentaire qui serait mauvais pour notre santé et une voiture envoyée en Amérique du Sud. Ce n’est pas du tout le même problème. Il s’agit de 65 millions de consommateurs qui ne veulent pas manger cette viande, ce qui mettrait probablement aussi leur santé en danger. C’est donc là qu’il y a vraiment une différence de nature. Ce que j’espère, c’est que nous puissions trouver un équilibre avec des clauses miroir et de réciprocité afin de pouvoir protéger nos éleveurs de cette concurrence déloyale. Ensuite, nous pourrons nous remettre autour d’une table pour voir s’il y a des points d’entente qui seraient bénéfiques pour le secteur industriel. Mais on ne peut pas mélanger voitures et viande.

Le président de la République a parfois défendu cet accord de libre-échange. Aujourd’hui, il affirme qu’il fera tout pour s’y opposer. Sommes-nous convaincus ou est-ce de l’opportunisme ?

Je suis convaincu à 100%. Le Président de la République, j’espère qu’il est à 100%. En effet, j’ai l’impression que dans le passé, il a peut-être hésité. Je pense que les planètes sont alignées. Ce n’est pas le moment de chercher à diviser. Michel Barnier s’est toujours opposé à cet accord. L’Assemblée nationale enverra un message clair de soutien et de soutien au gouvernement dans les négociations pour trouver une minorité de blocage au niveau européen. Je pense que les manifestations agricoles aussi, comme elles se produisent notamment dans la Loire, appellent à la responsabilité des élus dans le blocage de cet accord.

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