Étonnante Doria Tillier, auteure, réalisatrice et actrice de cette comédie sociale drôle et attachante.
“Désolé, mais pourquoi ne veux-tu pas donner la recette de lasagnes de ta grand-mère ?» Iris ne manque jamais de questions. Iris n’est jamais à court de réflexions. Iris n’a pas sa langue dans sa poche. Iris n’est pas très à l’aise dans la société. Iris a du mal à comprendre les autres. Iris est une inadaptée… et elle le sait. Elle est comme ça Irisun peu délicat sur les bords, objectivement très ennuyeux… mais tellement attachant.
Doria Tillier imaginait cette enseignante définitivement décalée, auteure de livres jeunesse inadéquats à ses heures perdues, dans sa première création pour Canal +. Une série originale – à voir désormais en intégralité sur la plateforme MyCanal – qu’elle a co-écrite et co-réalisée et qui rappelle forcément le Sac à puces de Phoebe Waller-Bridge. Fils Iris est un peu comme elle, une trentenaire maladroite en quête de sens, qui n’est gênée ni par les conventions, ni même par l’empathie ni même par aucun besoin d’appartenance. Même son copain la trouve insupportable et Iris avoue volontiers que – plus ou moins inconsciemment – elle fait tout pour qu’il la quitte…
Oui Iris est très ennuyeux, presque misanthrope par moments. Au point d’en devenir adorable. Surtout, elle est très, très drôle. La série est vue comme une farce romantique-lunaire où se succèdent dialogues cinglants et joutes verbales d’une délicieuse absurdité. Doria Tillier s’est entourée de seconds rôles fantastiques (Denis Podalydès, Pascale Arbillot, Jeanne Balibar ou Anaïde Rozam) et un François Morel surprenant en mentor clairvoyant, qui se relaye de scène en scène comme un parfait Combat–partenaires permettre Iris pour exprimer toute sa douce folie.
Nous sentons que Doria Tillier s’est penché sur ses propres frustrations pour dessiner les contours de son héroïne anticonformiste et de son besoin absolu de sincérité dans les relations humaines. Iris le relou, qui fait de la contradiction un art de vivre, serait presque une figure existentialiste qu’on apprend peu à peu à connaître, à apprécier, au fil des six épisodes que dure la série. Presque trop peu. Oui, nous aurions aimé passer plus de temps avec Iris.
Irisen six épisodes, à voir sur Canal+.