Alors que le long procès des assistants parlementaires du FN touche à sa fin, la parole a été donnée, ce lundi 25 novembre 2024, à l’avocat de Julien Odoul. Me Tristan Simon a plaidé pour la libération de la députée de l’Yonne, voulant démontrer au tribunal que son client a bien travaillé pour la députée européenne Mylène Troszczynski.
Deux semaines plus tôt, le 13 novembre 2024, le parquet avait requis dix mois de prison avec sursis, 20 000 € d’amende et un an d’inéligibilité avec exécution provisoire contre Julien Odoul (RN). Le député de l’Yonne est accusé de recel de détournement de fonds européens : d’octobre 2014 à juillet 2015, il a été rémunéré par le Parlement européen comme assistant parlementaire de Mylène Troszczynski mais aurait, en réalité, travaillé pour son parti.
Ce lundi 25 novembre 2024, au tribunal judiciaire de Paris, la parole a été donnée à son avocat pour la défense. Contacté après l’audience, Me Tristan Simon est revenu sur les arguments avancés pour demander la libération du député de l’Yonne. “Le point central de la discussion était le contraste entre ce qu’on pouvait entendre ou croire entendre contre Julien Odoul dans ce procès, et la réalité de l’affaire”, explique l’avocat.
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Il est d’abord revenu sur des éléments de procédure qui, selon lui, font que le tribunal ne peut pas juger cette affaire : « L’ordonnance, telle qu’interprétée par le tribunal, imposerait au tribunal de juger certains faits dont le juge n’était pas saisi, qui étaient ont fait l’objet d’un classement sans suite, ou qui n’ont même pas fait l’objet d’une mise en examen”, explique Me Simon.
« Une vingtaine de pièces objectifs »
Sur le fond du dossier, il a tenté de démontrer aux juges que Julien Odoul travaillait bien pour Mylène Troszczynski. « Dans le dossier, il y a une vingtaine de documents objectifs qui démontrent la réalité du travail de Julien Odoul », assure son conseil. Dans une liste à la Prévert, il évoque un journal parlementaire, la gestion des réseaux sociaux, le site Internet du député, des notes d’actualité, des recherches liées à la commission « Marché intérieur » dont Mylène Troszczynski était membre, des communiqués de presse, etc. Julien Odoul avec Mylène Troszczynski, au tribunal judiciaire de Paris, le 22 octobre 2024.
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“Il y a une première période, jusqu’en décembre, où il ne travaille pas beaucoup, mais ensuite il travaille”, reconnaît M. Simon. Elle reprend ainsi les explications données le 22 octobre 2024, lors des auditions de Julien Odoul et Mylène Troszczynski. Le duo a expliqué que l’élue avait mis plusieurs mois à comprendre son mandat, laissant ses adjointes sans véritables instructions de travail.
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L’avocat du député de l’Yonne a complété sa démonstration en indiquant que, dans le dossier, il n’y avait aucune preuve de son travail réel pour le FN. Il ajoute que Julien Odoul se rendait à Strasbourg une fois par mois, “même si ce n’est pas obligatoire pour un assistant local”.
« Nous exigeons une peine lourde et honteuse »
Une manière pour lui de justifier un mail qui est au cœur du dossier du parquet. Quatre mois après son embauche, le 10 février 2015, Julien Odoul aurait adressé le mail suivant à Marine Le Pen : « Marine, serait-il possible que je vienne demain à Strasbourg pour voir comment se déroule une session au PE, pour rencontrer des députés et assistants et rencontrer Mylène Troszczynski à qui je suis attaché ? » « Oui, bien sûr », aurait répondu le chef du parti.
« Marine Le Pen est la chef de la délégation FN au Parlement, donc c’est comme s’il écrivait à son N+2, alors que Mylène Troszczynski est sa N+1. Il lui écrit pour l’accompagner. Sur le fond du problème, il y a beaucoup de dépositions de Julien Odoul et Mylène Troszczynski où ils disent s’être rencontrés avant février 2015. C’est tout simplement un terme abusé. Cela signifie qu’ils voulaient mieux se connaître parce qu’ils se connaissaient de vue. »
En conclusion, Me Tristan Simon estime que les réquisitions du parquet sont « sans rapport avec la réalité du dossier. Nous réclamons une peine lourde et honteuse pour un justiciable qui a fait preuve de respect envers le tribunal et la justice, et qui a toujours fait le travail qui lui était demandé. » Pour lui, les faits s’interprètent « en se projetant sur le Julien Odoul d’aujourd’hui, quand il a 29 ans lorsqu’il signe son contrat, quand il n’a pas encore de soutiens au FN et donc aucun pouvoir particulier pour négocier ou s’opposer ». son contrat.
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Dans ce long procès, les plaidoiries des avocats de 25 prévenus, dont la leader du RN Marine Le Pen, doivent s’achever ce mercredi 27 novembre 2024. Le délibéré est attendu début 2025.
Antoine Compigne