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Des militants anti-A69, poursuivis pour intimidations et rébellion contre des gendarmes et une série d’entraves au chantier, ont transformé l’audience du tribunal correctionnel de Castres en tribune contre l’autoroute et les violences policières.
« Ce n’est pas le procès de mes actes, mais un procès politique », insiste ce militant anti-A 69 jugé devant le tribunal correctionnel de Castres pour une série d’infractions. Car cet Aveyronnais de 22 ans a été impliqué dans toutes les actions contre le chantier de cette autoroute entre Castres et Toulouse. Elle était poursuivie pour avoir perturbé le passage du Tour de France à Palleville en juillet 2022, pour dégâts sur le site de Lavaur des Laboratoires Pierre Fabre en février 2023, pour s’être accrochée à des engins de chantier à Puylaurens en septembre 2023, et surtout pour intimidation contre un gendarme le 31 août alors qu’elle se trouvait dans un arbre sur une ZAD de Saïx.
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Celle qui se dit « inquiète du réchauffement climatique », lui valant plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, n’a pas hésité à mettre le feu à la cabane dans laquelle elle était juchée après l’avoir aspergée d’un produit inflammable qui a coulé sur les militaires juste en contrebas et qui aurait également pu prendre feu. « C’est dommage que ce gendarme ait porté plainte contre moi pour trois gouttes de white spirit », plaide la militante qui, convaincue d’avoir le droit de défendre sa cause, n’a pas hésité à saisir la justice en haut.
“Des témoins qui n’ont rien vu”
L’audience s’est même transformée en tribune anti-A69 et contre les violences policières alors qu’un de ses camarades de 22 ans était poursuivi pour avoir frappé un gendarme qui tentait de le déloger d’un autre arbre ce même 31 août lors de l’évacuation de la ZAD. . Leur avocat, qui réclamait leur libération au nom de la « liberté d’expression » et de « l’état de nécessité », a même cité trois témoins : un membre de la Ligue des droits de l’Homme, un psychologue et un élu de Teulat, opposé à l’autoroute. .
Trois “témoins” qui n’étaient pas présents lors des faits et qui “n’ont rien vu”, souligne l’avocat des gendarmes dont “la vie a été mise en danger” par les agissements des prévenus. « La police est là pour protéger la population et vous protéger aussi. Vous défendez les arbres mais respectez aussi la vie humaine », a-t-elle plaidé.
“Cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression”
“Quelles que soient leurs motivations, les infractions constatées ont été commises et elles n’ont rien à voir avec la liberté d’expression”, a fait valoir la procureure Elodie Buguel qui a requis 7 mois de prison avec sursis à l’encontre de la jeune femme et 4 mois de prison avec sursis pour le jeune homme après avoir rappelé que ” dans un État de droit, il y a des éléments mis à disposition pour exprimer ses idées ».
Le tribunal a réservé sa décision jusqu’au 28 janvier.