De son côté, l’autorité de la concurrence a recommandé au gouvernement de préparer la sortie des tarifs réglementés de l’électricité (TRVE), estimant que cette offre « limite le développement de la concurrence sur les marchés de détail ».
Policier contre policier : l’autorité de la concurrence a recommandé mardi au gouvernement de préparer la sortie des tarifs réglementés de l’électricité (TRVE), souscrits par une majorité de ménages pour se protéger des aléas du marché, une position contraire à celle de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui recommande de maintenir cette offre. Pour l’organisme de surveillance de la concurrence, cette offre, dont le prix est fixé par les pouvoirs publics, sur proposition de la CRE, « limite le développement de la concurrence sur les marchés de détail ».
Les prix réglementés « captent une part significative de la demande » des particuliers et des entreprises « qui sont ainsi soustraits au jeu concurrentiel », estime cette autorité administrative indépendante rattachée à Bercy, chargée de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles des entreprises. En conséquence, il recommande de « préparer de manière concrète la suppression des VTR, sans renoncer aux objectifs de politique publique qui leur sont attribués, mais en leur attribuant des instruments mieux ciblés ».
La CRE défend une offre qui permet le « lissage » des prix
Un avis qui n’est pas partagé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), autre autorité indépendante, chargée de garantir le bon fonctionnement des marchés français de l’énergie au bénéfice des consommateurs. Mardi, elle a recommandé au gouvernement que le dispositif TRVE soit maintenu pendant cinq ans. Alors que la crise énergétique qui a suivi la guerre en Ukraine a fait exploser les prix de l’énergie, les plaçant au cœur du débat politique suite aux derniers scrutins électoraux, elle souligne que le « lissage » des prix « sur une longue période contribue à atténuer les impacts des variations du marché.
En raison de la reprise post-Covid et de la guerre en Ukraine, les prix de l’électricité ont bondi de plus de 43 % sur deux ans, malgré le bouclier tarifaire instauré par l’État. Pour la première fois depuis le début de la crise énergétique, les consommateurs bénéficiant de tarifs réglementés ou indexés devraient connaître au 1er février 2025 une baisse significative, de l’ordre de 9%, en raison d’une baisse des prix. l’électricité, et ce malgré l’augmentation d’une taxe et la fin du bouclier tarifaire. Les Français estiment que le montant payé en plus de leur facture d’énergie cette année est de 213 euros en moyenne, selon une enquête Odoxa publiée cette semaine pour le compte de Voltalis, entreprise spécialisée dans les économies d’énergie.
Aujourd’hui, “seules les TRVE proposent ce lissage” autorisé aux 59% de consommateurs résidentiels français qui relèvent de ces tarifs, et aux 16% ayant souscrit à une offre indexée sur ces tarifs réglementés, estime la CRE. Elle souligne que malgré des offres de marché « beaucoup moins chères (jusqu’à 15 ou 20 %) » depuis plusieurs mois, on constate « une faible mobilité des clients TRVE vers les offres de marché », ce qui démontre que « le prix n’est pas le seul critère ». La CRE souligne donc le « rôle majeur » que jouent ces tarifs « au bénéfice du consommateur » et considère dans le même temps que ces prix, dont le montant est fixé par les pouvoirs publics sur proposition de la CRE, « sont compatible avec le bon fonctionnement du marché et le développement de la concurrence.
Le gouvernement devrait plaider pour le maintien du VRT
“Je constate que les deux autorités (…) ont des conclusions opposées sur certains points”, a réagi la ministre de l’Energie Olga Givernet dans une déclaration à la presse. Le gouvernement doit, sur la base de ces recommandations divergentes, élaborer un rapport à destination de la Commission européenne, en vue de la disparition fin 2025 d’Arenh, un dispositif négocié avec Bruxelles pour permettre l’émergence d’une concurrence pour EDF et qui prévoit la mise à disposition de fournisseurs d’électricité alternatifs.
Si elle ne commente pas les conclusions du futur rapport, Olga Givernet souligne le « fort » attachement « des Français, et de la représentation nationale » aux tarifs réglementés, qui « jouent un rôle crucial dans le bon fonctionnement du marché ». surtout avec la fin de l’Arenh ».
« L’État français dans sa réponse à Bruxelles plaidera pour que le TRV soit maintenu en l’état », estime François Carlier, qui suit ce dossier de près pour l’association de consommateurs CLCV.
Il souligne le « risque politique » que comporterait une suppression de ces droits de douane protecteurs, à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle de 2027, et s’attend à un statu quo de la part de l’Europe dans ce dossier.