Plusieurs anciens collaborateurs d’Antoine Vey, qui fut notamment l’avocat de Julian Assange, Patrick Balkany et Abdelkader Merah, affirment avoir il a vécu l’enfer dans son bureau. Une avocate a accepté de nous raconter son expérience, c’était il y a sept ans et elle en garde encore des séquelles. “Je ne pouvais pas rentrer chez moi sans pleurer dans le bus, d’épuisement puis de mal-être général”décrit-elle. Ce profond mal-être était lié à un environnement de travail étouffant qui nuisait à sa santé. À chaque message qui arrivait, dit l’avocat, “Il y avait une panique croissante, me disant ce que je vais faire d’autre, quel nouvel ordre il va me donner et surtout quel mécontentement il va exprimer à nouveau.” Elle a porté plainte au tribunal comme deux autres anciens collaborateurs.
Une enquête est en cours, mais une vingtaine ont également choisi de saisir l’ordre des avocats. Tous disent avoir vécu la même chose : ce système d’humiliation couplé à un harcèlement continu de la part de l’avocat pénaliste, avec des SMS envoyés avant 6 heures du matin et jusqu’à minuit, de multiples groupes WhatsApp – jusqu’à 147 – où les messages arrivent en flux continu. , y compris pendant les week-ends, les jours fériés ou les arrêts maladie.
De nombreux témoignages
Plusieurs anciens collaborateurs du cabinet affirment même que certaines missions ne concernaient pas le travail mais la vie personnelle d’Antoine Vey. L’un d’eux raconte à franceinfo qu’il devait accompagner son patron chez le dentiste ou lui réserver ses vacances. Une autre a déclaré qu’elle avait été chargée d’organiser son anniversaire. Un employé raconte même qu’il a été contraint de nettoyer les vomissures des enfants du pénaliste ou de sortir ses poubelles et écrit, dans sa plainte, qu’il “traité comme un larbin”.
Autre forme de plainte, une ancienne salariée affirme également avoir été victime de harcèlement sexuel. Dans son rapport à l’ordre, cette avocate raconte les propos misogynes ou les mains parfois posées sur ses cuisses. Un soir, lors d’un déplacement professionnel, l’avocat pénaliste l’oblige à prendre un verre en tête-à-tête. Elle le confronte et la réponse d’Antoine Vey la laisse sans voix : “95% des gars veulent te tabasser, c’est un peu pour ça que je t’ai embauché”lui a dit l’avocat pénaliste selon le récit de cet avocat.
Ces faits sont fermement contestés par Antoine Vey, tout comme les accusations de harcèlement moral. Ce sont seulement “des anecdotes isolées et fausses”, précise son avocat Emmanuel Marsigny. « Le cabinet Dupond-Moretti & Vey était un cabinet d’excellenceil a dit, exigeant une exigence que la plupart de ces jeunes avocats plaignants n’ont manifestement pas comprise et surtout n’ont pas été en mesure de satisfaire. L’avocat d’Antoine Vey a demandé le report de l’audience prévue le mardi 19 novembre 2024 devant le Conseil de l’Ordre. Pour ces faits, les sanctions peuvent aller du simple avertissement à la révocation.
Un reportage de Margaux Stive, édité par Carol Sandevoir.